Junon

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Déesse romaine.
Si Jupiter (Iu-piter) est le roi du ciel, Junon (Iu-no), son épouse, est considérée comme la reine. Le culte de cette déesse latine est très ancien, même si elle est plus tard identifiée à l'Héra des Grecs. Sa prêtresse est la regina sacrorum, épouse du rex sacrorum. Junon fait partie de la triade capitoline avec Jupiter et Minerve, tous trois honorés dans le temple le plus sacré de la cité.
Les attributs
C'est une déesse importante, aux multiples épithètes, dont chacune peut être considérée comme divinité à part entière.
Junon Lucina (de lux, « jour »), apporte la lumière, et favorise les naissances ; plus largement, elle est vénérée par les femmes qui la considèrent comme leur protectrice, du début à la fin de leur vie ; elle se confond alors avec l'Ilithyie grecque. Elle est honorée le 1er mars, conjointement à Mars ; elle a un temple sur l'Esquilin, construit en 375 av. J.-C.
Junon Iuga ou Pronuba veille sur les mariages ; juin, qui lui doit son nom, est considéré comme le mois le plus favorable pour se marier.
Junon Natalis est invoquée par les femmes le jour de leur anniversaire.
C'est sous le nom de Junon Matrona qu'elle est célébrée par une fête, les Matronalia, où les femmes sont à l'honneur (1er mars).
À Junon Moneta est consacré un temple sur le Capitole, où est frappée la monnaie romaine. Monere signifiant « conseiller », « avertir », faut-il comprendre que Junon est considérée comme une déesse de bons conseils ? Par ailleurs, on a fait dériver Iuno de iuvare (« aider »). Son culte, d'origine sabine, est introduit à l'époque royale.
Voir aussi : Moneta
À Lanuvium, un consul offre un sacrifice une fois par an à Junon Sospita Mater Regina, « Protectrice, Mère, Reine ». Protectrice de la cité, donc guerrière, comme en témoigne sa représentation à Tibur où elle est montée sur un char, armée d'une lance et d'un bouclier. En 405 av. J.-C., commence le siège de Véies, qui oppose Romains et Étrusques ; il dure dix années. Tite-Live rapporte que le dictateur Furius Camillus (Camille), en 396 av. J.-C., après avoir demandé le soutien d'Apollon Pythien auquel il promet une part du butin, demande (evocatio) à la Junon de la ville ennemie de se rallier à Rome. Lorsque la ville étrusque est conquise, Junon s'installe sur l'Aventin où on la vénère en tant que regina. C'est pour Junon Regina qu'en 208 av. J.-C. a lieu, à travers la ville, une procession extraordinaire de vingt-sept jeunes filles, qui chantent un hymne de Livius Andronicus, alors qu'Hasdrubal menace la cité.
Chez Ovide, Juno Averna et, chez Virgile, Juno Inferna désignent la Junon des Enfers, c'est-à-dire Proserpine.
Junon et Héra
Junon est sans doute moins l'épouse de Jupiter qu'Héra ne l'est de Zeus. Le fait d'être honorée aux calendes, de veiller sur les naissances, l'obligation faite à sa prêtresse d'être l'épouse du prêtre qui préside au culte de Janus, montre que Junon a des affinités plus étroites avec ce dernier qu'avec Jupiter.
À s'acharner ainsi sur le « pieux » Énée, à chercher par tous les moyens à le détruire, la Junon de l'Énéide n'apparaît pas sympathique. Mais comment croire que la déesse latine (avec un nom si doux à prononcer) ait été capable d'un tel déploiement de monstruosité ? Virgile a écrit une œuvre grecque et les noms ont été « traduits » pour ses compatriotes. Sa Junon n'est autre qu'Héra ; fière, jalouse, vindicative, entêtée... Appliquées à l'épouse de Zeus, ces épithètes n'étonnent plus.
Voir aussi : Héra
