Hélène

L'embarquement d'Hélène.
L'embarquement d'Hélène.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Sœur de Castor et de Pollux, elle est la « belle Hélène ».

Crois-moi, ta gloire est au-dessous du vrai et ta renommée elle-même t'a presque calomniée.

Comme ses frères Castor et Pollux, comme sa sœur (ou sa demi-sœur, selon les auteurs) Clytemnestre, Hélène, fille de Zeus, naît d'un œuf pondu par sa mère Léda, et cet œuf tombe peut-être de la Lune. Mais Hélène passe communément pour l'enfant de Tyndare. Une autre légende fait d'Hélène la fille de Némésis ; Léda s'occupe alors d'Hélène lors de sa venue au monde, lui donne le sein et la trouve si belle qu'elle la fait passer pour sa fille. Enfin, Hélène est également considérée comme la fille de Zeus et d'une Océanide. La patrie de la jeune femme est Aigys, ville de Laconie.

Sa beauté

Hélène est si belle que Zeus la préfère à Héraclès pour cette raison, et d'elle seulement il accepte d'être appelé « papa ». Elle est si belle que Thésée, quinquagénaire, l'enlève alors qu'elle danse dans le sanctuaire d'Artémis Orthia et la conduit en Attique, où il l'épouse ; elle lui donne une enfant, Iphigénie. Difficile de concilier cet accouchement et l'âge, à cette époque, de la jeune fille : sept ans.

Il est possible que Thésée ne l'enlève pas lui-même mais qu'il se la voie confier par Idas et Lyncée, auteurs du rapt, et qu'il refuse ensuite de la leur rendre ; enfin, Tyndare en personne lui aurait amené l'enfant afin de la protéger d'Énarsphoros, le fils d'Hippocoon, qui voulait la prendre de force. Mais Castor et Pollux, profitant de l'absence du héros, descendu aux Enfers à la recherche de Perséphone, se lancent à l'assaut d'Aphidna qu'ils détruisent ; ils délivrent leur sœur et la ramènent à Sparte ; Ethra, la mère de Thésée, est faite prisonnière et remise comme esclave à Hélène.

Voir aussi : Thésée, Pirithoos

Hélène est si belle qu'elle a de très nombreux prétendants venus de la Grèce entière et appartenant aux familles les plus nobles, et ce n'est pas là le moindre des soucis de son père Tyndare, surpris par une telle affluence : comment éviter, une fois que son choix se sera porté sur l'un de ces princes, la colère des autres ? Tyndare suit le conseil qu'Ulysse lui donne, à condition qu'en retour Tyndare l'aide à conquérir Pénélope : il leur fait promettre non seulement de ne pas tenter de reconquérir Hélène mais d'aider son époux au cas où quiconque cherche à lui ravir sa femme. Ce serment est prêté sur des morceaux d'un cheval qu'il a sacrifié, car jurer sur un animal garantit la solennité de l'action ; après quoi, Tyndare donne sa fille en mariage à Ménélas et Hermione naît de cette union.

Hélène est si belle que Pâris, fils de Priam, l'enlève à son tour et l'emmène en Troade. Ils font l'amour sur l'île de Crané, propriété de Cécrops. À en croire la principale intéressée, c'est à son corps défendant.

Mais elle est bien la cause d'une guerre qui dure dix années et au cours de laquelle périssent maints guerriers : « Ô malheureuse Troie, tant de victimes, pour une seule femme et son amour coupable ! » Car, fidèles à leur serment, les princes, anciens prétendants, montent une expédition contre Troie pour récupérer la jeune femme, ignorant encore l'ampleur de la tâche.

Et c'est peut-être là la volonté même d'Hélène : une nuit elle apparaît en songe à Homère et elle lui enjoint de composer un poème sur les héros de la guerre de Troie, car elle désire que leur mort soit plus enviable que la vie de tous les autres.

Quelques poètes ont voulu innocenter Hélène, faisant d'elle le jouet des dieux, véritables protagonistes du conflit. Ne manifeste-t-elle pas sa sympathie envers les Grecs ? Ne les renseigne-t-elle pas sur l'endroit où se trouve le Palladion, garant de la stabilité de la citadelle ? Et si, après la mort de Pâris, elle épouse son frère Déiphobe, ne livre-t-elle pas à Ménélas qui le massacre sans états d'âme ?

Hélène est si belle qu'après l'incendie de Troie, qu'après tant d'années de guerre, les Grecs ravis par tant de beauté et croyant voir une déesse, ne peuvent se résoudre à l'incriminer. Elle est remise à Ménélas, saine et la sauve grâce à l'intervention d'Ulysse qui a plaidé en sa faveur, peut-être parce qu'elle a été sa complice lorsqu'il a dérobé le Palladion, à moins qu'elle-même n'ait convaincu Ménélas d'épargner une innocente.

Voir aussi : Palladion

Après un voyage mouvementé qui les mène à Chypre, en Phénicie, en Égypte (chez le couple royal Thonis et Polydamna) et qui dure huit années, Ménélas et Hélène, réconciliés, s'en reviennent à Sparte où ils vivent heureux.

Voir aussi : Ménélas

La fausse Hélène

Euripide, suivant en cela certaines traditions, imagine une fausse Hélène, façonnée par Héra ou Zeus, qui accompagne Pâris à Troie, tandis que la véritable coule des jours agréables à la cour du roi d'Égypte, Protée, et que Ménélas retrouve à la fin de la guerre. Euripide veut-il démontrer l'absurdité de cette guerre (de toute guerre) orchestrée par les dieux ?

Apollon précise que le carnage de la guerre de Troie a été voulu par les dieux afin d'alléger la Terre du trop grand nombre d'humains. La guerre finie, la mission d'Hélène est également achevée. C'est Héra qui fait en sorte que Pâris étreigne un fantôme, tandis qu'elle-même est enlevée par Hermès et cachée dans un nuage.

La « fausse Hélène » se trouve également chez Hérodote ; ainsi, dix années de guerre ont eu pour cause un malentendu : les ambassadeurs grecs, venus à Ilion pour réclamer Hélène, s'entendent répondre par les Troyens qu'Hélène ne se trouve pas dans la cité, mais en Égypte, à la cour du roi Protée. Croyant à une moquerie, les Grecs assiègent la ville. Et quand ils l'ont prise, ils ne trouvent pas Hélène. Ménélas se rend donc en Égypte, auprès de Protée.

Variantes : L'enlèvement d'Hélène par Pâris

I. Hélène est enlevée alors qu'elle accomplit des sacrifices aux Bacchantes et à la déesse Byna (Ino-Leucothée).

II. Hélène accepte d'être enlevée par Pâris, parce que c'est la volonté d'Aphrodite.

III. Hélène s'enfuit de son plein gré avec Pâris tout simplement parce qu'être la femme de Ménélas commence à l'ennuyer.

IV. En voyant Pâris, Hélène a eu le coup de foudre.

V. Sappho affirme clairement qu'Hélène a, de son plein gré, suivi Pâris, n'hésitant pas à abandonner ce qu'elle avait de plus cher jusque-là, par amour.

VI. La légende attachée au poète Stésichore (640 ?-550) veut qu'il ait été rendu aveugle par Castor et Pollux pour avoir blâmé Hélène ; la vue lui est rendue lorsqu'il se rétracte dans une palinodie où il assure qu'Hélène a été enlevée contre son gré, qu'elle n'a jamais été infidèle à Ménélas : « Quand, aux premiers vers de son chant, il s'exprima de manière infamante à l'égard d'Hélène, il se leva, privé de la vue ; et quand, ayant appris l'origine de son malheur, il composa la dénommée palinodie, il recouvra son état naturel. »

VII. On peut ici évoquer Ovide qui (peut-être par boutade) donne l'absolution à Hélène : Ménélas a fait preuve de stupidité en laissant sa femme seule ; n'importe qui à la place de Pâris eût agi ainsi ; quant à Hélène, elle n'a fait que profiter d'une occasion en or voulue par son mari.

Variantes : Les enfants d'Hélène

La tradition accorde généralement un enfant à Hélène, Hermione, qu'elle a de Ménélas. Mais on lui en attribue d'autres : Maraphios (ou Maraphion), de Ménélas, auquel les Lacédémoniens rendent de grands honneurs ; Corythos (ou Hélénos), que lui fait Pâris ; on cite aussi, ayant pour père Pâris : Bunomos, Corythos et Idaios. Thésée lui donne Iphigénie, qui est ensuite élevée par Clytemnestre. Quand Hélène s'en va avec Pâris, elle laisse à Sparte deux enfants.

Quoi qu'il en soit, elle s'est mariée cinq fois : avec Thésée, Ménélas, Pâris, Déiphobe et Achille. Avec ce dernier, elle vit dans l'île des Bienheureux ; de leur union naît un fils ailé, Euphorion, qui doit plus tard encourir la colère de Zeus et périr de sa foudre.

Variantes : La fin d'Hélène

Les récits sur la fin d'Hélène divergent sensiblement, suivant la responsabilité qu'on lui attribue dans le conflit qui oppose les Troyens et les Grecs.

I. Dans Oreste, Électre et Oreste sont condamnés à mort pour avoir tué leur mère, Clytemnestre ; voulant se venger de Ménélas, qui ne leur a pas apporté le secours attendu, et avec l'aide de leur ami Pylade, ils décident de tuer Hélène. Alors qu'Oreste s'apprête à plonger son arme dans la gorge d'Hélène, celle-ci disparaît, sauvée par Apollon : le dieu fera d'elle une Immortelle et, avec les Dioscures, elle veille sur les marins.

II. Dans l'Odyssée, Protée prédit l'immortalité à Ménélas et à Hélène ; tous deux vivront aux Champs Élysées.

III. Ménélas et Hélène sont enterrés en Laconie, à Thérapné, où Hélène a un sanctuaire. On leur offre à tous deux des sacrifices non comme à des héros mais bien comme à des dieux.

IV. Après la mort de Ménélas, Mégapenthe et Nicostrate, ses enfants naturels, conduisent Hélène jusqu'à Rhodes où Polyxo la pend (ou la pousse au suicide) pour se venger de la mort de son époux, Tlépolème, tombé à Troie. On raconte qu'au pied de l'arbre où elle meurt, une plante, l'hélénion, naît de ses larmes. Un temple lui est consacré.

Voir aussi : Polyxo, Hiéra

L'embarquement d'Hélène.
L'embarquement d'Hélène.