Ménélas

Hélène et Ménélas.
Hélène et Ménélas.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Roi de Sparte.

Heureux Ménélas, tu es digne de la demeure des dieux et de l'Élysée promis à ton ombre pieuse. Gendre bien-aimé de Tyndare, bien-aimé de Jupiter, tu venges l'hyménée, tu punis l'adultère ; doué d'une éternelle vie et d'une jeunesse éternelle, tu ne subis l'outrage ni de la mort ni de la vieillesse.

Après l'assassinat de leur père Atrée par Égisthe, Ménélas et son frère aîné Agamemnon, chassés de Mycènes, se réfugient à Sparte auprès de Tyndare. Ménélas épouse Hélène, la fille du souverain et règne sur Sparte à la mort de son beau-père. Hélène est si belle que le Troyen Pâris, méprisant la générosité de son hôte, la séduit et l'enlève. Voilà, traditionnellement, l'origine du siège de Troie, qui doit durer dix longues années. Ménélas commande aux troupes de Laconie, fortes de soixante vaisseaux.

Ménélas se montre un guerrier vaillant, enthousiaste à tuer le plus grand nombre possible de Troyens. Protégé par Héra et Athéna, il est à deux doigts d'obtenir sa vengeance en combattant son rival ; mais Paris a aussi sa protectrice, en la déesse Aphrodite qui, au moment crucial, le transporte loin de son adversaire, camouflé dans un nuage.

Quand la citadelle tombe, Ménélas tue et mutile Déiphobe qui, après la mort de Paris, a épousé Hélène. Il accorde le pardon à Hélène ; il n'a pas le cœur de châtier tant de beauté, ainsi qu'il se l'est juré, peut-être inspiré par Aphrodite.

En compagnie de Nestor, les époux réunis prennent le chemin de Sparte, mais n'atteignent leur patrie qu'après huit années d'errances le long des côtes méditerranéennes, imposées par les dieux que Ménélas a négligé de remercier. C'est ce que lui révèle Protée ; il lui apprend en outre que s'il désire se mettre sur le chemin du retour, il lui faudra offrir aux immortels une sainte hécatombe.

Voici quelques-unes des étapes. Ils sont contraints de faire halte sur les « rochers » de Typhon, localisés en Cilicie ou à Cumes ; la deuxième étape est l'île de Chypre ; en troisième lieu, Ménélas et Hélène s'arrêtent au pays des Érembes, qui habitent sur les rives du Nil, également identifiés aux Troglodytes de la mer Rouge ; la quatrième étape est l'Éthiopie. Ils atteignent ensuite les régions irriguées du Nil, où vivent les Asbystes, localisés, par Hérodote, au-dessus de Cyrène, dans l'intérieur du pays ; partis d'Égypte, ils rejoignent, comme Énée, le promontoire Iapyge, dans le sud de l'Italie, habité par un peuple belliqueux ; Athéna est vénérée dans un temple situé à l'extrémité de la péninsule Salentine (Castrum Minervae) ; Ménélas offre à la déesse des objets précieux recueillis au cours de son voyage : un cratère de Tamassos, un bouclier en peau de bœuf et une paire de babouches orientales ; le voyage les mène ensuite à Siris, à quelques kilomètres d'Héraclée fondée, d'après Strabon, par les Tarentins ; puis ils débarquent en Sicile, dans la ville d'Éryx (dont le héros éponyme est Éryx, le fils d'Aphrodite et de Butés) ; Ménélas gagne le temple d'Héraclès, érigé en l'honneur du héros par les Argonautes : cet édifice est localisé en Libye, ou dans l'île d'Elbe où Jason a jeté l'ancre.

Ménélas vit heureux à Sparte, entouré de sa femme et ses enfants : Hermione, fille d'Hélène, qu'il marie à Néoptolème, et Nicostrate (probablement un enfant naturel) ; l'esclave étolienne Piéris, ou Téréis, l'a rendu père de Mégapenthe, qu'il marie à l'une des filles d'Alector ; la nymphe Cnossia lui donne un fils, Sénodamos.

Suivant la prédiction de Protée, ou bien des Dioscures, Ménélas entre vivant aux Champs Élysées, sans doute à la demande d'Hélène, qui par amour le fait échapper à la malédiction frappant les descendants de Pélops.

Variante

Après la chute de Troie, Ménélas, en compagnie du fantôme d'Hélène, erre sept années, se heurtant continuellement à des vents défavorables qui l'éloignent de sa patrie. Il échoue, avec le reste de sa flotte, en Égypte. Là, il rencontre la véritable Hélène, la première ayant disparu dans les airs. La devineresse Théonoé, fille du souverain Protée, lui apprend que si Héra longtemps s'est opposée à ses projets, elle n'a à présent qu'un désir, celui de le ramener dans sa patrie aux côtés d'Hélène, afin que la Grèce tout entière apprenne que l'Hélène d'Ilion n'a été qu'un leurre.

Avec son aide, Ménélas parvient à soustraire sa femme à Théoclymène, le frère de Théonoé, qui désire l'épouser. D'ailleurs, telle est la volonté des dieux. Les Dioscures encouragent Hélène à mettre à la voile avec Ménélas, sans crainte, car les deux époux seront sous leur protection. Quand viendra le moment, la jeune femme comptera parmi les dieux. Ainsi en a décidé Zeus.

Dans l'Oreste d'Euripide, Ménélas refuse de porter secours à Oreste alors en instance de jugement pour matricide, obéissant en cela aux propos de Tyndare : celui-ci l'a mis en garde d'agir contre la volonté des dieux ; que les Argiens lapident donc Oreste ! Pour se venger, Oreste entreprend d'égorger Hélène. Mais la jeune femme est enlevée par les dieux et Apollon ordonne à Ménélas de donner sa fille Hermione en mariage à Oreste à présent rassuré sur son avenir.

Toujours chez Euripide (Andromaque), Ménélas et sa fille Hermione tentent d'assassiner Andromaque et son fils Molossos, n'hésitant pas en cela à utiliser les mensonges les plus odieux.

Voir aussi : Hélène

Récit de la tempête

Un héraut, probablement Talthybios, spécialement attaché à la personne d'Agamemnon (son nom n'est pas cité dans la pièce) s'avance, les mains chargées de rameaux d'olivier, et salue le sol natal, les dieux de la patrie, le palais des rois. Il annonce l'arrivée d'Agamemnon vainqueur.

Survient Clytemnestre, qui laisse éclater une joie feinte à la pensée de revoir son époux et prie le héraut de retourner vers Agamemnon pour lui dire de se hâter, car elle l'attend, telle, au retour, qu'au jour du départ. Puis elle quitte la scène, tandis que le héraut, qui ne peut se résoudre à si tôt disparaître, et que, d'ailleurs, le coryphée presse de questions fait connaître au chœur le sort de Ménélas, séparé par une tempête du reste de la flotte grecque.

le héraut. Un jour de joie ne doit pas être souillé par une mauvaise nouvelle ; il n'y faut songer qu'à honorer les dieux. Lorsqu'un messager, le visage sombre, annonce à une cité d'odieux malheurs, tels que la destruction d'une armée, quand il révèle une blessure publique, qu'il montre une foule de combattants à jamais chassés de leurs foyers par le double fouet qu'affectionne Ares, double fléau, couple meurtrier alors il lui sied, plein de ces calamités, d'entonner le péan des Érinyes. Mais moi, l'heureux messager du salut, moi venu vers une ville joyeuse de son bonheur, comment mêlerais-je le bien et le mal en vous disant la tempête qui a fondu sur les Achéens, non sans quelque ressentiment des dieux ?

Ennemis l'un de l'autre jusque-là, le feu et l'eau se sont conjurés contre nous ; ils ont montré la solidité de leur alliance en détruisant la malheureuse armée des Argiens. Il faisait nuit quand le mal nous assaillit, montant des flots en courroux. Les vents de Thrace entrechoquaient les vaisseaux ; ceux-ci, frappés comme à coups de cornes, cédant à la violence de la tempête, à l'ouragan, aux torrents de pluie, se dispersent et disparaissent aux regards, dans le tournoiement où les laissent aller leurs pilotes éperdus. Au retour de la brillante lumière du soleil, nous voyons l'immense plaine de la mer Égée toute fleurie de cadavres de guerriers achéens et d'épaves. Pour nous, notre navire eut sa carène épargnée ; un dieu, – ce ne peut être un homme, maniant la barre, nous déroba et fut notre guide. La Fortune salutaire prit place à notre bord et nous accompagna, nous évitant les mouillages dangereux et la rencontre des écueils. Échappés à l'enfer marin, éclairés des blancs rayons du jour, c'est à peine si nous osions croire à notre bonheur, si le sentiment de notre délivrance atténuait en nous le nouveau deuil causé par les épreuves et l'anéantissement de l'armée. Et maintenant, si quelques-uns d'entre eux respirent encore, ils parlent de nous comme de trépassés ; en peut-il être autrement ? Et nous, de notre côté, nous croyons que tel a été leur sort. Puisse l'événement nous rassurer ! Ménélas reparaîtra le premier, tu dois t'y attendre. Si les rayons du soleil le visitent encore vivant et voyant, grâce à quelque stratagème de Zeus, qui n'aura pas voulu détruire sa race, on peut espérer qu'il reverra sa demeure. Tu m'as entendu ; sache que ce que je t'ai dit est la vérité même.

Eschyle

Hélène et Ménélas.
Hélène et Ménélas.
Ménélas.
Ménélas.