Palladion

Dispute d'Ulysse et de Diomède lors du vol du Palladion.
Dispute d'Ulysse et de Diomède lors du vol du Palladion.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Statuette en bois de Pallas Athéna, conservée à Troie et garante de la cité.

Selon, peut-être, l'avis de l'astrologue Asios, tant que le Palladion demeure dans l'enceinte de la cité, celle-ci ne peut succomber sous les assauts de ses ennemis.

Le Palladion est tombé du ciel, envoyé par Zeus. Ilos, qui le trouve, en déduit que le maître de l'Olympe manifeste ainsi ses bonnes intentions à l'égard de la ville nouvelle. La statue est donc pieusement gardée à l'intérieur des murs et, pour limiter davantage les risques de vol, on en produit des copies, plus grandes que l'original.

Si la tradition courante veut que le Palladion représente la déesse Athéna, brandissant une lance dans la main droite, on dit aussi qu'il représente Pallas, une de ses amies d'enfance qu'elle a involontairement tuée, et dont la mort lui a causé une peine profonde : Athéna sculpte son portrait dans le bois, place l'effigie près de Zeus et l'honore ; mais le jour où elle est violée par le roi des dieux, Électre se réfugie près du Palladion : Zeus, irrité, jette la statue dans la région d'Ilion, en même temps que la jeune fille.

Chez les Romains, aucun homme ne peut la voir et il semble même que seule la grande vestale soit autorisée à approcher la statue.

Variante : L'origine du Palladion

Selon une autre version, Chrysè a apporté comme dot à Dardanos des présents d'Athéna, les Palladia et les objets sacrés des Grands Dieux, car elle a été initiée à leurs mystères. Dardanos édifie des sanctuaires à ces dieux dans l'île de Samothrace, où les Arcadiens, fuyant le déluge, se sont réfugiés. Quand Ilion est fondée, quatre générations après, les statues y sont transportées et mises à l'abri dans la chambre secrète du temple. Lors du siège, c'est Hélène (ou peut-être Théano, sœur d'Hécube), ou Hélénos ou Anténor qui apprend aux Achéens l'existence du Palladion et la prédiction qui y est attachée. Ulysse et Diomède se chargent de voler la statuette.

Variantes : Le vol du Palladion

I. Déguisé en mendiant, Ulysse s'introduit dans la citadelle et, avec la complicité d'Hélène, dérobe le Palladion. Après quoi, Ulysse est chassé par Hécube.

II. Théano, la femme d'Anténor, remet le Palladion à Ulysse.

III. Anténor embobeline Thoas, le prêtre d'Athéna, et le persuade de lui remettre le Palladion ; il va ensuite le porter aux Grecs, à Ulysse. Après la chute de la citadelle, de même qu'ils se sont disputé les armes d'Achille, Ulysse et Achille rivalisent d'arguments pour avoir le droit d'emporter la précieuse statue.

IV. Diomède et Ulysse dérobent ensemble le Palladion.

V. Seul Ulysse se rend coupable de ce crime.

VI. Les deux héros dérobent le Palladion original ;

après la chute d'Ilion, Diomède l'emporte à Argos ;

après la prise de Troie, Diomède débarque de nuit en Afrique, sans savoir où il aborde ; le roi Démophon, fils de Thésée, prenant ces nouveaux venus pour des ennemis, passe à l'attaque. Il s'empare ainsi du Palladion, qu'il place sur l'Acropole d'Athènes ;

Diomède est chargé de conserver le Palladion, qu'il emporte en Italie méridionale. Mais estimant, en raison des dangers qu'il court, que la statue ne sera jamais à l'abri (ou bien encore sur l'ordre d'un oracle) il veut la confier à Énée. Énée, qui procède alors à un sacrifice, ne peut se préoccuper d'autre chose. Diomède remet donc le Palladion à un certain Nautès ;

le second été, après la chute de la citadelle, Énée, qui campe près de Laurente, reçoit effectivement le Palladion des mains de Diomède.

VII. Les deux héros dérobent une copie du Palladion :

pendant l'incendie, Énée s'empare du Palladion et le porte en Italie, où il aboutit dans le temple de Vesta, à l'abri des regards ; il sauve Rome de l'attaque des Gaulois en 390 av. J.-C. ;

c'est celle-ci qui est dérobée par Ulysse et Diomède ; l'original est sauvegardé par Énée qui l'emmène en Italie.

VIII. Peut-être une copie du Palladion a-t-elle été volée, peut-être rien du tout : lors de l'irruption des Grecs dans la citadelle, Ajax le Locrien viole Cassandre, alors que la jeune femme tient embrassée l'image de la déesse Athéna. C'est pourquoi, d'ailleurs, depuis ce jour, la statue lève les yeux au ciel.

IX. Ulysse et Diomède ne dérobent rien, le Palladion ayant été soigneusement dissimulé par les Troyens qui se doutaient bien que leur cité n'en avait plus pour longtemps : En 85 av. J.-C., pendant la guerre contre Mithridate, un Romain nommé Flavius Fimbria découvre le Palladion. La statue est alors portée à Rome et de nombreuses copies en sont faites.

Voir aussi : Diomède (Variante 2)

Le Palladion

« À l'époque où le roi Tros construisait le temple de la citadelle, et alors que le toit n'était pas encore posé, du ciel tomba à l'intérieur de l'édifice un signe merveilleux et précieux entre tous, et nous pensions que Zeus, protecteur des guerriers, nous l'avait envoyé pour assurer notre sécurité. Et nous nous disions que tant que ce signe demeurerait à l'intérieur de notre ville, nos enfants ne la perdrait jamais. Cette merveille, dont je vous parle, est en bois. [...] Nous l'appelons le Palladion. Rien en notre cité n'est plus vénéré que ce Palladion. Il représente tout l'espoir des Troyens, toute leur sécurité, et tous le savent bien. [...] Tant que ce Palladion demeurera à l'intérieur de ses murs, Troie ne sera jamais détruite, ni trahie, ni non plus la lignée des Troyens se sera détruite ni interrompue. Sachez-le bien, sans crainte aucune : qui, de sa main, sur lui se rendrait coupable d'un sacrilège mourrait sur-le-champ, ainsi les dieux l'ont établi. Ah, s'il se trouvait de l'autre côté des remparts, les Grecs en éprouveraient une grande joie, car alors ils pourraient faire, sans rencontrer de résistance, tout ce qu'ils voudraient de notre ville. »

Binduccio dello Scelto

Dispute d'Ulysse et de Diomède lors du vol du Palladion.
Dispute d'Ulysse et de Diomède lors du vol du Palladion.