Diomède

Le combat de Diomède contre Arès.
Le combat de Diomède contre Arès.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Fille de Phorbas.

Lors de son passage à Lesbos, Achille fait de Diomède, sa captive. Il se console avec elle après que Briséis lui a été enlevée par Agamemnon.

2. Fils d'Arès et de la nymphe Cyréné, roi des Bistones en Thrace.

Diomède s'empare des étrangers qui traversent son territoire, et les livre en pâture à ses quatre juments cracheuses de flammes et anthropophages. Ces bêtes sont si furieuses qu'on leur a donné des mangeoires d'airain, et si fortes qu'on est obligé de les lier avec des chaînes de fer. Elles ont pour nom Podargé, Lampon, Xanthe, Déinos. Héraclès est chargé par Eurysthée de ramener ces cavales à Argos. C'est là son neuvième travail. Le héros et quelques volontaires se débarrassent des gardiens, puis conduisent les juments vers la plage. Mais les hommes de Diomède arrivent bientôt. Héraclès confie alors les animaux à son ami Abdéros, puis s'en retourne combattre les Bistones. Après les avoir mis en déroute, il tue Diomède. Mais entre-temps les juments ont dévoré son ami. En son souvenir, il fonde la ville d'Abdéra, et institue un culte. Quant aux juments, Eurysthée les libère dans les forêts de l'Olympe où elles sont à leur tour dévorées par les bêtes sauvages.

Voir aussi : Abdéra

Variantes

I. Les juments sont tuées par Héraclès, ou bien consacrées à Héra par Eurysthée, et leur descendance se poursuit jusqu'à Alexandre.

II. On raconte que les juments de Diomède mangent des hommes. C'est ridicule ! Le cheval se régale de foin et d'avoine, mais pas de chair humaine. Autrefois, les hommes travaillaient de leurs propres mains, et se procuraient et la nourriture et les autres biens, en cultivant la terre. L'un d'eux se met alors à élever des chevaux ; il se prend d'une telle passion pour ses animaux, qu'il leur sacrifie tout, et dissipe l'intégralité de son patrimoine à leur entretien. Ses amis en viennent ainsi à qualifier les juments d'« anthropophages ».

3. Roi d'Argos et fils de Tydée, lequel meurt durant l'expédition contre Thèbes.

Désireux, bien plus tard, de venger ce père qu'il n'a guère connu, Diomède s'engage aux côtés des Épigones. Roi d'Argos, celui qu'on dénomme le « Tydéide » ou encore « le fils de Tydée » participe à la guerre de Troie, à la tête de quatre-vingts navires, dans les rangs des Grecs ; par son héroïsme, sa vaillance et son audace, il se montre l'égal d'Achille. Il combat nombre de héros, parmi les plus grands – Énée, Hector –, tue maints guerriers et n'est jamais vaincu. Ceux des dieux qui ont épousé la cause troyenne ne l'intimident pas, non plus. Athéna, qui le protège, lui rend visibles les divinités qui prennent part au combat ; si elle lui déconseille de les affronter physiquement, elle l'encourage à blesser Aphrodite, ce dont Diomède ne se prive pas : il sait que c'est une déesse pleine de faiblesses, qui ne se mêle pas de combats, comme Athéna ou comme Ényo. Diomède poursuit Aphrodite et, de sa pique aiguë, il la blesse à la main. Il frappe également Arès, qui court se plaindre auprès de Zeus.

Et il s'en faut de peu que ce bouillant Diomède ne se batte avec Achille, qui vient de tuer Thersite, un homme du même sang que lui. Mais leurs amis communs font obstacle.

Après la mort d'Achille, le fils de ce dernier, Néoptolème, est convaincu par Ulysse et Diomède de se joindre aux guerriers devant Troie.

Les légendes post-homériques racontent qu'il y a à Troie une statue représentant la déesse Pallas Athéna, le Palladion (ou Palladium), et que la citadelle ne tombera pas tant qu'elle conservera cette statue entre ses murs. Diomède et Ulysse dérobent le Palladion.

Voir aussi : Palladion

Troie étant tombée, Diomède, après une navigation sans histoires de quatre jours, arrive à Argos qui l'a vu naître. Mais Aphrodite, pour se venger de la blessure que le héros lui a infligée, inspire à sa femme Égialée un amour passionné pour Hippolyte, ou Cométès, fils de Sthénélos ; Diomède, la voyant prête à le tuer pour donner carrière à sa passion, trouve refuge dans le temple d'Héra. Abandonnant ensuite l'épouse infidèle, Diomède se rend en Étolie où il demeure quelque temps ; il vainc Agrios et remet son propre grand-père, Œnée, sur le trône. II reprend ensuite le chemin d'Argos. Mais son navire essuie une tempête qui le pousse sur les côtes du sud-est de l'Italie, en Daunie. Suivant une tradition, Diomède fait une halte à Corcyre, l'île des Phéaciens ; il y tue le dragon, gardien de la Toison d'or, qui était venu s'y réfugier, et qui en massacrait les habitants ; pour parvenir à ses fins, Diomède se sert du bouclier d'or qu'il a reçu de Glaucos ; à la suite de quoi, Diomède est honoré comme un dieu.

En Italie, le roi Daunus (Daunios) l'accueille ; il lui demande de l'aider dans sa guerre contre les Messapiens, lui promettant, en échange, des terres et la main de sa fille Évippé. Diomède accepte la proposition : après la victoire, il distribue ses terres aux Doriens. Sa femme lui donne deux enfants, Diomède et Amphinomos.

Afin de repousser l'envahisseur Énée, les Latins, alliés aux Rutules, tentent eux aussi de gagner Diomède à leur cause. Diomède leur rappelle la vaillance d'Énée, le caractère exceptionnel de cet être qui, s'il s'en était trouvé deux comme lui, Ilion n'eût pas succombé et, à présent, la Grèce pleurerait. Non seulement Diomède refuse de prendre les armes, mais il déconseille aux Latins de combattre le Troyen.

La tradition veut que Diomède demeure en Apulie jusqu'à sa mort. Il est enterré dans l'une de ces îles, au large du mont Gargano, qui prennent son nom : « Ici repose Diomède, plus vaillant que son vaillant père. Le crime de sa femme le chassa d'Argos, sa ville natale. Fondateur d'Argyripa, et d'Arpos célèbre par ses grands hommes, sa ville nouvelle lui fit plus de gloire que son antique patrie. »

Diomède est vénéré à l'égal d'un dieu, et des cultes lui sont rendus en différents endroits. On lui attribue par ailleurs la fondation de nombreuses villes de l'Italie méridionale, Blindes (Brindisi) et Benevento, Argos Hippium (Arpi) et Spina, entre autres. Il est le premier à offrir des sacrifices à Hippolyte, le fils de Thésée, et les habitants de Trézène affirment qu'en l'honneur d'Apollon, il institue les jeux Pythiques.

Variantes

I. Après avoir été blessée par Diomède, Aphrodite cherche à se venger, non par l'adultère, mais bien en le faisant mourir dans la bataille, mort qui serait ensuite suivie des pleurs de sa femme Égialée.

II. Daunus propose des terres à Diomède, en échange d'une aide militaire contre les Messapiens. Après la victoire, Daunus trahit sa parole : plutôt qu'un territoire, il propose à Diomède le butin de guerre. Furieux, Diomède lance de terribles imprécations, selon lesquelles nul ne pourra jamais semer sur ces terres qui lui ont été promises, ou en recueillir aucun fruit, à moins qu'il n'appartienne à sa race. Puis il marque une frontière avec des pierres venues de Troie, que personne n'est en mesure de déplacer. Daunus tue Diomède, puis ordonne à ses hommes que les pierres soient dispersées. Mais, d'eux-mêmes, les blocs reprennent leur place. Les compagnons de Diomède sont changés en cygnes. Quand les Étoliens viennent réclamer les terres, les Apuliens, se souvenant de la malédiction de Diomède, et l'interprétant à leur manière, les enterrent vivants.

Voir aussi : Alénos

L'île de Diomède

Une île, en regard de l'Apulie, remarquable par le tombeau et le temple de Diomède, nourrit seule les oiseaux de Diomède : ce n'est qu'en ce pays que l'on rencontre des oiseaux de cette espèce ; et cela seul serait à remarquer, s'ils n'offraient d'ailleurs d'autres particularités qu'il ne faut pas négliger. Ils ont à peu près la forme des foulques, le plumage blanc, les yeux couleur de feu ; ils ont des dents ; ils volent en troupe, et avec ordre. Ils sont dirigés par deux chefs, dont l'un précède et l'autre ferme la marche, le premier pour conduire au but, l'autre pour hâter la lenteur du vol. Voilà l'ordre suivi dans leurs excursions. Quand vient le temps de faire leurs nids, ils creusent avec le bec des trous ; puis, en superposant de petites branches, ils font une espèce de claie dont ils recouvrent la cavité qu'ils ont pratiquée, et, pour que rien ne manque à cette construction, si le vent venait à enlever quelques morceaux de bois, ils étendent sur cette claie la terre tirée des trous qu'ils ont faits. Ils ont à leurs nids deux ouvertures, et ce n'est pas un pur effet du hasard, c'est pour que leur sortie ou leur entrée ait lieu par des points donnés du ciel. L'ouverture par laquelle ils sortent pour chercher leur nourriture est vers l'orient ; celle par laquelle ils rentrent est à l'occident. Si donc la lumière hâte le départ, elle éclaire aussi le retour. Pour se débarrasser le ventre, ils volent contre le vent, et leurs déjections sont ainsi emportées au loin. Ils savent reconnaître les étrangers qui abordent dans l'île. Ils s'approchent davantage des Grecs, et, autant qu'on peut en juger, pour donner un plus grand témoignage d'affection à un compatriote ; si ce sont des hommes d'une autre nation, ils fondent sur eux et les attaquent. Chaque jour ils consacrent de cette manière le temple de Diomède. Ils chargent d'eau leurs plumes, et quand elles sont fort trempées, ils se rassemblent, secouent cette sorte de rosée, purifient ainsi le lieu saint, font ensuite entendre un battement d'ailes, et se retirent comme après l'accomplissement d'une cérémonie. Aussi croit-on que ce sont les compagnons de Diomède changés en oiseaux. Ce qui est certain, c'est qu'avant l'arrivée du héros étolien, ils ne portaient pas le nom d'oiseaux de Diomède, et que depuis on les appelle ainsi.

Solin

Le combat de Diomède contre Arès.
Le combat de Diomède contre Arès.