Amazones

Amazone à cheval.
Amazone à cheval.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Filles d'Arès et d'Aphrodite, ou d'Harmonie ; peuple de femmes guerrières, ennemies des hommes, gouvernées par une reine.

Elles n'étaient pas accueillantes les Amazones qui habitaient la plaine de Doias, ni respectueuses des lois de la justice ; elles se complaisaient dans la violence et dans les travaux d'Arès, car elles étaient ses filles. La nymphe Harmonie s'unit au dieu dans les profondeurs du bois d'Acmon et enfanta ces jeunes femmes qui aiment la guerre par-dessus tout. [...] Elles ne vivaient pas toutes ensemble dans la même cité, mais dispersées à travers tout le pays, et divisées en trois tribus.

Elles vivent sur les bords de la rivière Thermodon (aujourd'hui Terme Tshai) en Asie Mineure, où elles ont créé la ville de Thémiscyre, qui est considérée comme leur capitale. Par la suite, elles se sont déplacées vers la Scythie. Elles sont divisées en trois tribus : les Amazones de Thémiscyre, les Amazones de Lycaste et les Amazones de Chadésie. Elles ont créé plusieurs villes, dont Mytilène, sur l'île de Lesbos, Cyrène, et Éphèse où elles ont élevé un temple à Artémis, et dont elles sont devenues les desservantes ; et peut-être aussi la ville de Smyrne.

Voir aussi : Éphèse

Fières, elles n'ont pour lois que le combat et le carnage. Dès l'enfance, les filles sont entraînées à l'art de la guerre et à celui de la chasse. Afin de pouvoir, sans gêne, tirer à l'arc ou lancer le javelot, elles se coupent ou se brûlent ou, simplement, se compriment un sein – d'où l'origine de leur nom qui signifie « qui n'a pas de sein », mais auquel les Scythes préfèrent celui de « tueuses d'hommes ». Elles sont insensibles à la peur, elles ne reconnaissent pas qu'elles sont des femmes, et elles adorent Athéna (Minerve). Une fois par an, elles se rendent chez les Gargaréens (Gargarènes), un peuple voisin dont les hommes ne servent qu'à perpétuer leur race. Alors que les filles sont élevées dans la plus grande des sollicitudes, les garçons connaissent différents destins : soit ils sont mis à mort, soit ils sont mutilés, soit encore ils sont rendus à leurs géniteurs.

On a dit aussi que les Amazones vivent avec les hommes, mais que ces derniers sont dévolus aux tâches domestiques ; et quand un bébé mâle naît, sa mère estropie ses bras et ses jambes, de manière à le rendre à jamais incapable du moindre exercice militaire.

Les Amazones et Héraclès

L'un des travaux d'Héraclès, commandité par Admète, consiste à s'emparer de la ceinture sacrée qu'Hippolyté s'est vu offrir par Arès. Mais Héra, sous l'apparence d'une Amazone, prétend qu'Héraclès veut enlever la reine. S'ensuit alors une lutte entre le demi-dieu et les guerrières, au cours de laquelle Héraclès tue Hippolyté.

Variante

Arrivé aux embouchures du Thermodon, Héraclès réclame d'abord le baudrier d'Hippolyté, ce qui est l'objet de son voyage. Et comme on le lui refuse, le héros livre bataille aux Amazones. Les moins célèbres sont opposées aux soldats d'Héraclès, et les plus fameuses combattent contre lui-même. Les premières à l'affronter sont Aella, Philippis, Prothoé et Euribée ; toutes y laissent la vie. Viennent ensuite Céléno, Eurybie et Phœbé, compagnes d'Artémis et habiles à manier l'arc, ce qui ne leur sert qu'à périr. Héraclès vainc ensuite Déjanire, Astérie, Marpé, Tecmesse et Alcippé. Mélanippé, la reine des Amazones, perd son royaume et sa liberté : toutes celles qui n'ont pas été tuées, Héraclès les contraint à la fuite. D'Antiope il fait sa captive, qu'il offre ensuite à Thésée ; Mélanippé se rachète en remettant à Héraclès le baudrier qu'il est venu chercher.

Les Amazones et Thésée

Sous le règne de Thésée, les Amazones envahissent l'Attique, pénétrant au cœur même d'Athènes, établissant leur campement sur l'Aréopage, face à l'Acropole. Elles veulent reconquérir leur reine, Antiope, que Thésée a enlevée : lorsqu'il a abordé leur territoire, les Amazones, accueillantes, lui ont fait porter des présents ; Thésée a invité Antiope à monter à bord, puis, sans crier gare, il a levé l'ancre. Elles sont finalement repoussées par les Athéniens.

Les Amazones en Scythie

Après leur victoire du Thermodon, les Grecs emmènent avec eux, sur trois navires, les Amazones qu'ils ont faites prisonnières. Mais au large, les guerrières massacrent les hommes et jettent à la mer leurs cadavres. Et comme leur manquent toutes notions de navigation, elles se laissent guider par les courants. Elles atteignent Cremnes, sur le lac Méotide où elles abandonnent leurs navires et se mettent en quête d'une terre habitée. Elles capturent des chevaux sauvages, grâce auxquels elles recherchent des territoires à piller. Les Scythes, qu'elles approchent, restent parfaitement déconcertés : ces envahisseurs (car ils prennent les Amazones pour des hommes jeunes) ne leur rappellent rien de connu, ni par la langue, ni par le vêtement. C'est seulement après le combat, voyant les cadavres, qu'ils s'aperçoivent que ce sont des femmes. Ils tiennent alors un conseil et décident de n'en plus tuer aucune, mais au contraire de s'en rapprocher. Une groupe de jeunes gens est donc envoyé auprès des Amazones et, après quelques jours d'observation mutuelle, les uns les autres comprennent qu'ils peuvent vivre ensemble, dans la paix. Mais les Amazones sont des guerrières ; aussi refusent-elles de se plier aux coutumes des femmes scythes. Ce sont les hommes qui s'en vont vivre avec elles, au-delà du Tanaïs.

Les Amazones à Troie

Le roi Priam l'ayant purifiée d'un crime, la reine Penthésilée lui prouve sa gratitude en participant à la guerre de Troie, contre les Grecs. Les Amazones se retirent de la lutte quand leur reine, Penthésilée, est tuée par Achille en combat singulier.

Voir aussi : Penthésilée

Les Amazones de Libye

Il existe aussi les Amazones de Libye, antérieures à celles qui ont vécu dans le Pont ; si ces dernières sont les mieux connues, c'est précisément parce qu'elles doivent leur gloire aux premières. Force est de constater que grandes sont les similitudes entre les deux peuplades.

Vierges belliqueuses, elles exercent les magistratures, administrent les affaires publiques ; les hommes restent à la maison et élèvent les enfants. Elles vivent dans une île, Hespéra, sur le lac Tritonis, dont elles ont assujetti les villes. Cette île volcanique, à l'abondante végétation et peuplée de chèvres et de moutons, leur fournit la nourriture. Assurées de leur puissance, ces Amazones ont soumis un grand nombre de Libyens ; elles ont fondé une ville sur le lac Tritonis, Chersonésos, qui devient en quelque sorte une base fortifiée. Les Atlantes ayant été vaincus et réduits en esclavage, elles s'emparent de leurs richesses, avant de sceller avec eux un pacte d'amitié. Puis elles disparaissent presque complètement sous les attaques cumulées de Persée et d'Héraclès. Quant au lac Tritonis, il ne résiste pas aux violents séismes qui secouent l'île.

Ces trente-trois mille guerrières utilisent le cuir des animaux pour fabriquer leurs boucliers (le pelte, en forme de croissant) ; elles sont habiles à manier l'épée, la lance et l'arc. À leur tête se trouve la reine Myrina.

Les Amazones et Dionysos

On connaît également un combat entre l'armée de Dionysos, à son retour d'Inde, et les Amazones. Cherchant à échapper au dieu, elles font voile vers Samos. Mais Dionysos construit des embarcations pour ses soldats et ses éléphants, rattrape les guerrières et les met en déroute. Le dieu épargne celles qui se sont réfugiées dans le temple d'Artémis.

Variante : L'histoire des Amazones

Les Amazones n'autorisent pas les hommes à pénétrer sur leur territoire. Lorsqu'elles ont besoin d'enfants, elles se rendent auprès des rives du fleuve Halys et s'unissent aux hommes qu'elles rencontrent. Ensuite elles rentrent chez elles. Si elles enfantent des garçons, elles les déposent aux confins de leurs terres ; là, des hommes les recueillent et font d'eux leurs esclaves. Mais si elles mettent au monde des filles, les Amazones se prennent immédiatement d'affection pour elles et les considèrent déjà comme appartenant à leur race. Elles s'occupent d'elles en bonnes mères, à une exception près : elles ne les allaitent pas, car les Amazones ne veulent pas avoir des seins pendants et ramollis. Elles nourrissent leurs enfants avec du lait de jument. Un jour, des marins et des constructeurs de navires, qui transportent des marchandises du Pont à l'Hellespont, débarquent sur leur territoire. Ils sont aussitôt faits prisonniers, en attendant d'être livrés aux Scythes anthropophages. Mais une Amazone, frappée par la beauté d'un jeune marin et touchée par la pitié, supplie la reine, sa sœur, de ne pas vendre les captifs. Libérés ensuite, les hommes s'unissent aux guerrières. Ces dernières profitent des connaissances des hommes pour construire des navires : ces embarcations permettront de transporter leurs chevaux et, comme ce sont des cavalières émérites, elles ne doutent pas de pouvoir ainsi vaincre Achille, leur ennemi juré, qui alors habite sur l'île de Leuké. Lorsque les Amazones abordent dans l'île, un seul regard – mais un regard terrible – d'Achille suffit : les juments des envahisseuses deviennent folles. Elles désarçonnent leurs cavalières, puis les piétinent et les dévorent. Ainsi disparaît la race des Amazones.

Amazones célèbres

Voir aussi : Antiope (Variante 2), Hippolyté (Variante 1), Penthésilée, Myrina, Thalestris

Naissance, vie et mort des Amazones

Deux princes de sang royal, Ylinos et Scolopitus, chassés de leur pays par la faction des grands, entraînèrent à leur suite une nombreuse jeunesse, et vinrent s'établir en Cappadoce, près du fleuve Thermodon, dans les plaines de Thémiscyre : après s'y être enrichis, pendant une longue suite d'années, des dépouilles des peuples voisins, ils furent surpris et mis en pièces par ces nations liguées. Leurs femmes, à la fois veuves et bannies, courent aux armes, repoussent l'ennemi, l'attaquent bientôt à leur tour. Elles renoncent au mariage, qui ne leur semble plus qu'une servitude ; et, donnant un exemple que nul siècle n'a imité, elles étendent et conservent leur nouvel empire sans le secours des hommes qu'elles méprisent : pour prévenir toute jalousie, elles égorgent ceux qui restaient parmi elles, et vont enfin venger, par la ruine de leurs voisins, le massacre de leurs époux. Dans la paix qui suivit cette victoire, elles s'unirent aux nations voisines, pour ne pas laisser éteindre leur race : elles égorgeaient tous leurs enfants mâles, et élevaient les filles, non dans l'oisiveté ou dans les travaux des femmes, mais dans les fatigues où elles-mêmes passaient leur vie ; elles les exerçaient au maniement des armes, à l'équitation, à la chasse : pour leur rendre plus facile l'usage de l'arc, elles leur brûlaient, dès l'enfance, la mamelle droite, d'où leur vint le nom d'Amazones. Deux de leurs reines, Marpésia et Lampédo, divisant en deux troupes la nation déjà puissante, se chargeaient tour à tour de porter la guerre au-dehors : une seule restait pour la défense du pays : afin d'ajouter à l'éclat de leurs succès, elles se disaient filles de Mars.

Ayant ainsi conquis une grande partie de l'Europe, elles soumettent encore quelques États de l'Asie, y fondent Éphèse et plusieurs autres villes, et renvoient en Europe la moitié de l'armée, chargée de butin. Celles qui étaient restées pour la défense de l'empire d'Asie, succombèrent sous les efforts réunis des Barbares ; leur reine Marpésia périt avec elles. Sa fille Orithye lui succéda, et joignit à ses talents militaires l'honneur d'une vertu toujours conservée sans tache. Ses exploits couvrirent de tant de gloire le nom des Amazones, qu'Eurysthée ordonna à Hercule, en lui imposant ses douze travaux, de lui apporter les armes de leur reine, qu'il croyait invincible. Hercule conduit avec lui, sur neuf vaisseaux, l'élite des guerriers de la Grèce, et débarque à l'improviste. Orithye et sa sœur Antiope étaient alors reines des Amazones ; mais la première faisait la guerre au-dehors. Aussi, à l'arrivée d'Hercule, la reine Antiope, qui d'ailleurs ne craignait aucune attaque, n'avait près d'elle qu'une escorte peu nombreuse. Dans la surprise de cette irruption soudaine, à peine quelques-unes de ces guerrières purent-elles prendre leurs armes : la victoire fut facile. La plupart des Amazones furent tuées ou prises. Deux sœurs d'Antiope, Hippolyte et Ménalippe, tombèrent, l'une aux mains de Thésée, l'autre au pouvoir d'Hercule : le premier épousa sa captive, dont il eut un fils qui porta le même nom ; le second rendit Ménalippe à sa sœur, reçut pour rançon l'armure de la reine, et retourna vers son frère, dont il avait accompli les ordres. À la nouvelle de ce désastre, Orithye excite ses compagnes contre le roi d'Athènes, ravisseur d'Hippolyte : en vain auront-elles conquis le Pont et subjugué l'Asie, s'il leur faut subir l'outrage de ces pirates de la Grèce. Elle demande des secours à Sagillus, roi de Scythie ; elle lui rappelle que les Amazones sont filles des Scythes ; privées de leurs époux, elles ont été forcées de soutenir par les armes la justice de leur cause, et elles ont montré que chez les Scythes les femmes ne le cèdent point aux hommes en valeur. Touché de la gloire de sa nation, Sagillus envoie à leur secours son fils Panasagore, avec une nombreuse cavalerie ; mais, avant le combat, la discorde éclate entre les deux peuples, et, abandonnée de ses alliés, Orithye est battue par les Athéniens : cependant ses troupes trouvèrent un asile dans le camp des Scythes, et sous cette sauvegarde, traversant l'Asie sans obstacle, elles rentrèrent dans leur empire. Après Orithye, régna Penthésilée, qui, au siège de Troie, se signala si glorieusement contre les Grecs, parmi tant d'illustres guerriers. Elle y périt enfin avec son armée, et les faibles restes de la nation, qu'elle avait laissés dans son empire, se maintinrent avec peine contre les attaques de leurs voisins, jusqu'au temps d'Alexandre le Grand. Minithye ou Thalestris, leur reine, partagea treize jours le lit de ce prince, pour en avoir un enfant, et rendra dans son royaume, où elle mourut peu de temps après. Le nom des Amazones s'éteignit avec elle.

Justin