Mais fin septembre, après une cinquantaine d'inculpations, la boucle semble un temps bouclée. Partis de l'affaire Lucet, les enquêteurs y reviennent. Jean Delezon, son successeur à la direction de la Caisse primaire d'assurance maladie des Bouches-du-Rhône, est écroué. Jean Delezon avait été l'adjoint de René Lucet. Et le procureur de la République sort de sa réserve par un communiqué qui n'épargne pas la mémoire de René Lucet : « La Caisse primaire d'assurance maladie des Bouches-du-Rhône a payé à des entreprises bénéficiant d'un quasi-monopole des factures supérieures à la valeur réelle des prestations fournies. Cette pratique était connue de la Direction. » Dans le même temps, des sommes importantes ne correspondant pas à un revenu déclaré sont apparues au compte de René Lucet.

Filière

On reparle alors à Marseille de la superbe villa évaluée 2 400 000 F, mais achetée seulement 1 500 000 F par René Lucet, à un certain Dominique Venturi !

Les partisans de René Lucet sentent le vent tourner. André Bergeron précise que, dès le début de l'affaire Lucet, « Force Ouvrière n'a défendu que des principes ».

Les découvertes du juge Chantal Coux ne s'arrêtent pas là. La filière Julien Zemmour, celle qui part de Nice et suit tout un réseau d'entreprises fictives spécialisées dans les contacts avec les hôpitaux, cette filière conduit sans doute à Paris, à Bordeaux peut-être, dans d'autres villes encore laisse-t-on entendre.

Et, le 6 novembre, c'est un proche du parti communiste qui tombe à son tour. Roger Santenac dirigeait la SIAVIT, une société de service qui servait d'intermédiaire entre des bureaux d'études et des municipalités communistes.

Fin 1982, 69 personnes sont déjà inculpées, dont 27 employés de la ville de Marseille. Le juge Chantal Coux et une vingtaine de policiers poursuivent leur patient travail.

La tragédie de Beaune

La collision de deux autocars transportant 121 enfants dans une colonie de vacances, sur l'autoroute A6 près de Beaune, le 31 juillet 1982, provoque la mort de 53 personnes dont 46 gamins âgés de 6 à 14 ans. Trente-trois sont originaires de la petite ville de Crépy-en-Valois. Les corps sont découverts atrocement carbonisés, méconnaissables. Un bilan terriblement lourd. C'est l'accident de la route le plus meurtrier que la France ait connu. Les obsèques de 44 petites victimes ont lieu à Crépy-en-Valois en présence de François Mitterrand et de plusieurs ministres.

Devant l'ampleur exceptionnelle de ce tragique accident, le gouvernement met en place une commission d'enquête pour étudier les conditions générales de l'accident et proposer des mesures susceptibles d'améliorer la sécurité routière des transports en commun.

Rapport

Le 1er octobre 1982, le rapport de la commission d'enquête souligne l'insuffisante résistance au feu des véhicules. Elle affirme que rien ne prouve que tel ou tel des facteurs retenus par les enquêteurs (chaussée mouillée, vitesse, fatigue des conducteurs) ait eu un effet plus déterminant que d'autres dans l'enchaînement des événements. Elle estime qu'il appartiendra aux tribunaux de déterminer les responsabilités individuelles. Elle présente 66 propositions propres à renforcer la sécurité sur les autoroutes.

Épilogues

Bernard Galle

Le clerc de notaire disparu le 22 septembre 1980 (Journal de l'année 1980-81, 1981-82) déclaré mort par le tribunal de grande instance de Lyon le 16 avril 1982. Le tribunal estime que B. Galle a disparu dans des conditions et des circonstances à mettre sa vie en danger. La dernière date à laquelle il a donné signe de vie remonte au 15 octobre 1980. On se souvient qu'une rançon de 5 millions de F a été versée deux jours plus tard le 17 octobre par son beau-père, Me Chaine. En 1981-82, on retrouve des billets de banque de la rançon. B. Galle, lui, demeure introuvable. Selon le tribunal de Lyon, les conditions prévues aux articles 88 à 92 du Code civil se trouvent réunies pour déclarer la mort légale de ce dernier.

Michel Maury-Laribière

Vingt ans de réclusion criminelle pour Jacques Hyver, sept ans pour sa compagne, Dominique Wernert. Le 4 octobre 1982, après deux heures et dix minutes de délibération, la cour d'assises d'Angoulême condamne les ravisseurs de Michel Maury-Laribière, séquestré durant douze jours entre le 28 juin et le 9 juillet 1980 (Journal de l'année 1980-81). L'affaire est donc menée par deux isolés dont le maître d'œuvre est J. Hyver. Son silence au procès et les balbutiements de sa comparse ont certainement contribué à la rigueur du verdict.

Baron Empain

Le 2 décembre 1982, le procès des ravisseurs du baron Édouard-Jean Empain s'ouvre à la cour d'assises de Paris. L'instruction a duré plus de quatre ans et demi sans pouvoir désigner le véritable cerveau de l'affaire et délimiter les responsabilités des accusés. Le rapt a lieu le 23 janvier 1978, Édouard-Jean Empain est libéré le 6 mars 1978 (Journal de l'année 1977-78).