présidente de la Haute Autorité (6 ans) Michèle Cotta, journaliste.

Marcel Huart, ouvrier retraité de la radiotélévision, ancien responsable syndical CGT (3 ans).

Paul Guimard, écrivain, conseiller de François Mitterrand (9 ans).

Nommés par le président du Sénat :

Bernard Gandrey-Rety, ingénieur du son, réalisateur de radiotélévision (3 ans).

Gabriel de Broglie, vice-président du Haut Conseil de la langue française (6 ans).

Jean Autin, inspecteur général des Finances, ancien président de TDF (9 ans).

Nommés par le président de l'Assemblée nationale :

Stéphane Hessel, ambassadeur de France (3 ans).

Daniel Karlin, réalisateur de télévision (6 ans).

Marc Paillet, journaliste (9 ans).

La Haute Autorité a été officiellement installée le 31 août 1982.

Déception

Cette nomination donne aux nouveaux présidents trois ans pour mettre en place un changement véritable sur les petits écrans, changement auquel tout un public semble aspirer, mais chaque manifestation, dans le même temps, suscite des remous, de l'indignation ou simplement de la déception. Ce qui ne modifie guère l'audience des trois chaînes, car, s'il faut en croire un sondage publié par le Service des études et recherches du ministère de la Culture, 69 % des Français de plus de 15 ans regardent pratiquement la télévision tous les jours à concurrence de 16 heures par semaine environ. Une moyenne très stable par rapport aux précédentes études, et compte tenu de la concurrence naissante des magnétoscopes et de leurs programmes enregistrés, des films pour la plupart. Chacun convient que les programmes des trois chaînes nationales ne constituent pas le nec plus ultra de l'imagination et de la gaieté. Pendant la première année du septennat, les responsables avaient beau jeu d'invoquer les contraintes de l'héritage laissé par leurs prédécesseurs. Ils sont aujourd'hui devant leur propre travail, et les programmes de fin d'année n'ont guère suscité d'enthousiasme.

Continuité et stabilité

Malgré ses soucis, Pierre Desgraupes voit la continuité de son exercice, et donc de sa politique, couronnée par les sondages du CESP, qui révèlent pour A2 une audience en accroissement de 4,5 %, alors que TF1 ne progresse que de 1,4 % et que FR3 perd 1,5 %. Les soucis sont bien sûr d'ordre financier : il va falloir faire encore mieux sans crédit supplémentaire. Ce sont également les soubresauts qu'éprouve ça et là sa chaîne. Ainsi, le 15 septembre, Bernard Langlois est-il écarté de la présentation d'Antenne 2 Midi. Le grief porte sur une relation — jugée « choquante » — de la mort accidentelle de la princesse Grace de Monaco. Cette décision trouble la rédaction d'Antenne 2, qui se solidarise avec l'intéressé. Deux jours plus tard, on apprend que le poste de directeur de l'information, occupé par François-Henri de Virieu, est supprimé. Problème donc, du côté de l'information à Antenne 2 ? Oui, le président en convient et songe remettre de l'ordre de ce côté-là dès 1983. Ce qui n'empêche pas les deux présentateurs du journal de 20 heures, Ch. Ockrent et P. Poivre d'Arvor, de connaître une popularité au sommet.

Autre coup dur pour A2 : Régis Debray, conseiller culturel de l'Élysée, fait, devant l'Union des écrivains québécois, une déclaration dans laquelle il dénonce la « dictature » qu'exercerait Bernard Pivot sur « la République des lettres et le marché de la lecture ». L'intéressé, dont l'émission hebdomadaire Apostrophes est regardée par 65 % des téléspectateurs depuis près de huit ans, répond à cette attaque avec une fermeté mesurée : il n'accepte pas le mot « dictature », terme humiliant entre tous qui ne le concerne nullement : si d'autres émissions littéraires ont échoué, est-il pour autant à la tête d'un trust ? Certes non, et l'opinion se range du côté de Bernard Pivot, dont les spectateurs apprécient la simplicité et l'à-propos.

La réussite d'Antenne 2 ne provient-elle pas, d'ailleurs, de cette stabilité que l'équipe de Pierre Desgraupes a su assurer malgré les aménagements nécessaires ? Dossiers de l'écran comme Grand Échiquier demeurent en place mais évoluent lentement chacun de son côté, tout comme l'émission de Michel Drucker, Champs-Élysées, qui sollicite de plus en plus la participation de jeunes artistes peu connus à la place de vedettes dont la publicité n'est plus à faire. De même Philippe Bouvard, qui, dans son Petit Théâtre quotidien, fait appel à de jeunes comédiens pour animer ce quart d'heure de divertissement. Ainsi, autrefois qualifiée de turbulente et d'instable, Antenne 2 voit se modifier son image de marque dans la consistance et la qualité de son contenu. Dans la variété également, puisque dans ses programmes, le divertissement populaire (Dimanche Martin) voisine avec les documents plus exigeants sur le plan de la pédagogie et de la formation (émissions médicales, Planète bleue).