Ces données scientifiques susceptibles de doucher l'enthousiasme n'ont pas connu la même médiatisation que les espoirs mis dans la DHEA. Cependant, les mesures prises par les autorités françaises ont, semble-t-il, contribué à limiter la consommation « sauvage » de DHEA, en tout cas celle de DHEA produite en France. Philippe Duneton, directeur général de l'Afssaps, indiquait que les importations officielles de la matière première nécessaire à la fabrication de DHEA étaient en diminution en avril 2002. « Nous ne pouvons certes pas, à partir de ces seuls chiffres, situer avec une très grande précision le nombre de personnes qui, en France, consomment aujourd'hui cette substance, déclarait-il au journal le Monde. On peut aujourd'hui estimer que quelques dizaines de milliers de personnes – peut-être entre 30 000 et 40 000 – sont actuellement en France sous DHEA. En toute hypothèse, le nombre des consommateurs n'est pas de plusieurs centaines de milliers. »

En attendant d'autres études, qui permettront d'en avoir le cœur net sur les éventuels effets de la DHEA sur les manifestations associées au vieillissement, d'autres médicaments ont été proposés avec plus ou moins de bonheur dans cette indication ; en sachant que le vieillissement de notre organisme est provoqué par deux facteurs, l'un génétique, inclus dans notre patrimoine et notre horloge biologique, l'autre lié à notre environnement et à ses agressions. Deux voies ont fait l'objet de recherches, les plus nombreuses portant sur le facteur environnemental.

D'autres voies de recherche

Tout d'abord, sans qu'il soit possible de parler d'action antivieillissement, la prise d'un traitement hormonal substitutif par les œstrogènes pour remédier aux effets négatifs de la ménopause est souvent accompagnée d'effets positifs sur la peau, le tissu osseux et même sur le plan psychique.

Certains travaux ont évoqué le rôle de l'hormone de croissance (ou somatotrophine) dans le vieillissement. La sécrétion de somatotrophine par l'hypophyse diminue avec l'âge. Cette hormone agit par deux biais : d'une part, directement sur certaines cellules, d'autre part, en faisant fabriquer par le foie certains facteurs de croissance, comme le facteur de croissance ressemblant à l'insuline (IGF-1). Compte tenu des risques potentiels d'un excès d'hormone de croissance (diabète, douleurs articulaires...), des essais ont eu lieu aux États-Unis avec l'IGF-1, médiateur de nombreuses actions de la somatotrophine sur les tissus osseux et musculaires, sur le système nerveux central et le système immunitaire. Ils n'ont pas été probants, et l'administration d'IGF-1 s'est parfois accompagnée d'un gonflement des glandes parotides, d'une hypertrophie des tissus sous-cutanés associée à des œdèmes. Il n'est pas exclu que la prise d'IGF-1 puisse favoriser des processus cancéreux. L'hypothèse du bénéfice de la prise de mélatonine, une hormone participant à notre horloge biologique, pour lutter contre les effets du vieillissement ne repose sur aucun argument scientifique solide.

Des scientifiques se sont intéressés à l'autre mécanisme de vieillissement, celui lié à des facteurs génétiques. Ils se sont en particulier penchés sur une enzyme, la télomérase, elle aussi naturellement présente dans l'espèce humaine, mais aussi chez l'animal. Le rôle de cette enzyme est de réparer les extrémités de nos chromosomes (les « télomères »), qui raccourcissent à chaque division de nos cellules, phénomène responsable du vieillissement cellulaire. Des expériences de greffe du gène de la télomérase sur des cultures cellulaires ont permis d'obtenir des cellules ayant une vie apparemment indéfinie : au lieu d'entrer dans le processus de sénescence après quelques dizaines de cycles de division, elles paraissent « immortalisées ». L'expérience a été menée sur différentes lignées cellulaires : fibroblases (tissu conjonctif), cellules de la peau, de la rétine, de la paroi vasculaire...

Les espoirs se portent vers une utilisation ciblée pour empêcher certaines dégénérescences comme celle des cellules de la rétine, responsable de cécité chez les personnes âgées. Cependant, l'utilisation de la télomérase pourrait être une arme à double tranchant. Le processus normal de sénescence à pour intérêt de limiter les risques d'accumulations de mutations de l'ADN des cellules, responsables de cancers. En rendant « immortelles » des cellules, on pourrait ainsi favoriser le processus cancéreux.