Au moment où, fin 2002, la croissance économique est très faible en Europe aussi bien qu'en Amérique, la première ne s'est-elle pas privée, avec sa monnaie unique, de la possibilité d'influer sur le taux de change afin de doper le commerce international, donc l'activité générale ? Et surtout, comment respecter en période de ralentissement économique les stricts « critères de convergence » énoncés dans le « Pacte de stabilité et de croissance » signé en 1997, qui exigent de chacun l'élimination du déficit budgétaire, la maîtrise de la dette publique, celle des taux d'intérêt et de l'inflation. Plusieurs pays, dont l'Allemagne et la France, ont déjà fait savoir qu'ils ne pourraient respecter le Pacte en 2003. L'influent hebdomadaire britannique The Economist qualifiait ironiquement la promesse mutuelle des membres de la zone euro de « pacte d'instabilité et de dépression ». Et l'élargissement de l'Europe à dix nouveaux membres, même s'ils ne font pas partie initialement de la zone euro, promet un avenir douloureux pour le Pacte. C'est pourtant la convergence de toutes les économies qui, seule, permettra d'assurer à l'euro un rôle international majeur. Parmi les dix pays en cours d'admission dans l'Union européenne (Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Slovénie, Slovaquie), plusieurs ont déjà arrimé leur taux de change sur l'euro. Bruxelles a rappelé que leur appartenance à l'Union, prévue en 2004, ne signifiait pas automatiquement l'adhésion à la zone euro.