Journal de l'année Édition 2003 2003Éd. 2003

Les racines du mal, semble-t-il, sont profondes. L'engouement pour les partis populistes répond à une logique irrationnelle où quelques tribuns sans réel programme, mais adeptes du « parler vrai », parviennent à redonner un sens à la politique. Leur émergence électorale est paradoxale dans la mesure où, en France comme aux Pays-Bas, elle fait chuter des gouvernements qui n'ont pas démérité sur le strict critère des résultats socio-économiques. Mais les « populistes » savent faire vibrer la corde nationale à un moment où la perte d'influence des nations européennes dans le monde est patente, et où la législation européenne prend une importance croissante dans les droits nationaux.

La construction européenne est d'ailleurs bien le sujet qui effraie les peuples et fâche les partis. Preuve en est l'absence quasi totale de débat sur ce sujet, pourtant crucial, lors des différents scrutins nationaux de l'année. Preuve en est aussi, en septembre, le départ fracassant du FPÖ de la coalition gouvernementale autrichienne, après avoir refusé toute caution autrichienne d'un élargissement à l'est de l'Union européenne. Dans ce contexte, il apparaît urgent de songer à déplacer, progressivement, la souveraineté des peuples européens : de nations en perte de vitesse et aux visées parfois antagonistes, celle-ci serait transférée vers le Parlement européen. Ce que résume l'éditorialiste Alexandre Adler : « Cette autorité que les populistes cherchent partout dans notre continent ne pourra être qu'européenne. Quand un vrai gouvernement parlera à Bruxelles, les populismes et les antimondialismes rentreront dans leurs nids. »

Benjamin Bibas

2004 : une coalition populiste ?

Jörg Haider, leader autrichien du KPÖ, a des idées. Pour les élections européennes de 2004, a-t-il confié au quotidien allemand Handelsblatt (Düsseldorf), il se verrait bien à la tête d'un parti baptisé « Nouvelle Europe » et regroupant tous les mouvements sécuritaires et europhobes du continent. En Belgique, Haider est en pourparlers avec le Vlams Blok, parti néofasciste flamand dont le leader, Philip Dewinter, a obtenu 33 % des voix lors du dernier scrutin municipal à Anvers. En Italie, il négocie avec la Ligue du Nord d'Umberto Bossi. Au Danemark, il discute avec le parti du Peuple danois de Pia Kjaersgaard, troisième formation du pays et soutien de la coalition gouvernementale de droite. Limitation de l'immigration, lutte contre la criminalité, promotion de la famille et défense de l'identité des peuples européens contre la technocratie de Bruxelles devraient former les grandes lignes de leur projet.