Journal de l'année Édition 2002 2002Éd. 2002

Après la manifestation du 14 juin à Alger, les émeutes se sont poursuivies quelques semaines dans toutes les villes de Kabylie. À la fin du mois de juillet, le rapport de la commission d'enquête dépêchée par le président Bouteflika est tombé, sans complaisance. La cinquantaine de morts, les dizaines de disparus, les centaines de blessés s'expliquent simplement. « La réaction violente des populations a été provoquée par l'action non moins violente des gendarmes, laquelle, pendant plus de deux mois, a nourri et entretenu l'événement : tirs à balles réelles, saccages, pillages, provocations de toutes sortes, propos obscènes et passages à tabac. » Des conclusions qui viennent recouper les déclarations du ministre de l'Intérieur, Noureddine Zehrouni, qui, dès le début des événements, reconnaissait qu'il pouvait « difficilement répondre des forces de l'ordre ». Ce qui pose, à nouveau, une question aussi ancienne qu'inquiétante dans ce pays : qui donne ses ordres à la force publique ? Qui détient réellement le pouvoir en Algérie ?

Benjamin Bibas

Un TPI pour les massacres en Algérie

Après dix ans de guerre civile et plus de 100 000 morts, les massacres de civils par les islamistes armés n'ont pas été stoppés par le « printemps kabyle ». Malgré l'appel à la « concorde civile » lancé par le président Abdelaziz Bouteflika lors de son arrivée au pouvoir en 1999, les deux principaux chefs des groupes islamistes armés, Antar Zouabri et Hassan Hattab, continuent de recruter et de sévir. Les massacres ont causé 5 000 morts civils depuis 1999 dont plus de 200 au cours du seul mois d'avril 2001. Le mois suivant, une pétition lancée par plusieurs intellectuels européens dont Pierre Vidal-Naquet, Pierre Bourdieu, Juan Goytisolo ou le juge italien Imposimato a préconisé la création d'un tribunal pénal international pour l'Algérie.