MirCorp envisage aussi l'embarquement d'expériences scientifiques ou technologiques à des fins commerciales, comme cela devrait avoir lieu dans la Station spatiale internationale. Il est notamment question d'une expérience de satellite captif, de production industrielle de matériaux ou de médicaments, etc. Un troisième projet est l'ouverture d'un portail Internet après l'envoi sur Mir du matériel informatique nécessaire. Ce portail permettrait de visiter virtuellement la station en 3D, mais aussi de suivre des reportages réalisés à bord par les cosmonautes et d'accéder à certains services, par exemple des informations météorologiques. Cette activité serait assurée par l'un des investisseurs de MirCorp, la société indienne New World Telecom LLC, et l'agence William Moorris.

Tous ces projets laissent néanmoins sceptique. En particulier, on peut se demander si, mis à part quelques milliardaires excentriques, il y aura beaucoup de volontaires prêts à dépenser 20 millions de dollars pour voler une semaine à bord d'une station vieillissante, dans des conditions de vie difficiles. Par ailleurs, la station évolue désormais entre 350 et 330 km d'altitude, ce qui constitue le strict minimum en matière de sécurité, d'autant plus que la période 2000-2001 coïncide avec un pic d'activité solaire, pendant lequel l'usure des orbites sous l'effet du frottement atmosphérique est plus rapide. Il serait donc nécessaire de remonter l'altitude de Mir d'environ 50 km, ce qui ne semble pas avoir été décidé.

Après quinze ans d'une épopée qui a marqué l'ère spatiale, les jours de la station Mir sont aujourd'hui comptés. Certains militent pour la sauvegarde de cet élément important du patrimoine historique de l'astronautique : ils demandent que l'on rehausse suffisamment son orbite pour lui éviter de retomber dans l'atmosphère dans un avenir prévisible. L'appel est sympathique, mais fait sourire à une époque où l'on s'inquiète beaucoup de la prolifération des épaves dans l'espace. De toute manière, ce vœu a peu de chances d'être exaucé alors que la Station spatiale internationale accumule les retards et les dépassements de coût.

Philippe de La Cotardière
écrivain et journaliste scientifique