Depuis 1995, la navette spatiale américaine peut également s'amarrer à la station, grâce à un dispositif qui a été spécialement installé à cette fin (voir ci-dessus). Neuf amarrages entre la navette et Mir ont ainsi eu lieu de 1995 à 1998, en vue de préparer les opérations d'assemblage et d'exploitation de la Station spatiale internationale.

Activités scientifiques et techniques

La station Mir constitue un laboratoire expérimental exceptionnel, débarrassé des effets habituels de la pesanteur terrestre. En effet, dans un repère lié à un vaisseau en orbite autour de la Terre, les forces gravitationnelles et d'inertie se compensent, de sorte qu'à l'intérieur du vaisseau règne une pesanteur extrêmement réduite, dite micropesanteur. Une station orbitale est donc un moyen d'essai unique pour des recherches fondamentales ou appliquées concernant l'étude de phénomènes physiques, chimiques, biologiques, physiologiques très divers dont les manifestations sont normalement affectées par la pesanteur. Elle représente aussi une plate-forme de choix pour l'observation de la Terre et celle de l'Univers.

Depuis la mise en orbite de l'élément central de Mir, plus de 20 000 expériences de toute nature ont été menées à bord de la station, intéressant notamment l'astronomie, l'astrophysique, l'observation de la Terre, la géophysique, la médecine, la biologie, la botanique et la science des matériaux. La maintenance de la station, divers travaux d'aménagement ou de réparation à l'extérieur, la mise en place ou le retrait de dispositifs expérimentaux exposés à l'environnement spatial ont nécessité quelque 80 sorties extravéhiculaires, de deux cosmonautes à chaque fois, totalisant ainsi plus de 350 heures de travaux dans le vide spatial.

La vie des cosmonautes à bord de Mir est planifiée à la minute près. Leur plan quotidien d'activité leur dit exactement quand ils doivent se réveiller, procéder à telle expérience, manger ou prendre de l'exercice. Sur les douze heures du programme quotidien d'un cosmonaute à bord de la station, environ 90 minutes sont consacrées à l'exercice physique et six heures en moyenne aux travaux scientifiques.

Une station en sursis

Depuis 1997, Mir est considérée comme une station en sursis. Il y a eu d'abord, cette année-là, des pannes à répétition, puis, dans la nuit du 23 au 24 février, un début d'incendie dans le module central, et surtout, le 25 juin, une collision entre le module Spektr et un vaisseau cargo Progress qui effectuait une manœuvre d'amarrage. Sous le choc, le module a été dépressurisé et a dû être isolé du reste de la station. En dépit de plusieurs tentatives de réparation, il n'a pas pu être remis en état.

Le coût d'entretien et de fonctionnement de la station est devenu trop élevé pour l'État russe, qui est confronté à une grave crise financière et qui, par ailleurs, est engagé dans la construction de la Station spatiale internationale. Il a été envisagé de désorbiter la station au cours de l'année 2000 pour la faire rentrer à grande vitesse dans les couches denses de l'atmosphère et qu'elle s'y consume. Cependant, les responsables ont reculé devant cette décision et, pendant plus d'un an, ils ont tenté de trouver une solution pour maintenir en vie ce qui fut le fleuron de leur industrie spatiale, sauver ses équipements et son matériel scientifique et préserver le savoir-faire de ses équipages.

Financement privé

Finalement, en janvier 1999, le gouvernement russe a cessé officiellement de financer la station et a autorisé ses exploitants, l'Agence spatiale russe (RKA) et la société RKK Energia, à rechercher des fonds privés pour permettre son exploitation pendant trois années supplémentaires. Les responsables de RKA et de RKK Energia ont alors frénétiquement cherché des partenaires et des investisseurs privés. Pendant neuf mois, communiqués de presse, fausses confidences, rumeurs et démentis se sont succédé. Une coopération avec la Chine a été évoquée. Les noms de grands groupes industriels, d'hommes d'affaires russes, américains, australiens ou canadiens ont circulé. Mais aucun de ces projets n'aboutit et l'abandon de la station paraissait inéluctable. Un ultime équipage, comprenant notamment le Français Jean-Pierre Haigneré, débrancha l'ordinateur de bord, referma l'écoutille et revint sur Terre le 28 août 1999, laissant la station tourner à vide, dans l'attente d'une prochaine rentrée dans l'atmosphère.