Finalement, on a appris que des fonds privés avaient été trouvés et que Mir allait reprendre du service, sous l'égide du consortium international privé MirCorp, associant notamment des investisseurs américains au savoir-faire technique de RKK Energia. Le 4 avril 2000, un vingt-huitième équipage, composé des cosmonautes russes Alexandre Kaleri et Sergueï Zaliotine, s'envolait vers la station, à bord de laquelle il s'installa deux jours plus tard. Au cours de leur mission, les deux hommes ont réussi à colmater une fuite d'air qui faisait lentement baisser la pression à l'intérieur de l'habitacle. Lors d'une sortie extravéhiculaire, ils ont également découvert les traces d'un court-circuit. Durant leur séjour, un premier vaisseau cargo Progress a regonflé en oxygène la station et fourni le carburant nécessaire pour rehausser son altitude. Puis la station a été ravitaillée en vivres, carburant et oxygène par un second vaisseau Progress, qui s'y est amarré le 27 juin. La mission, la première financée totalement par des fonds privés, s'est achevée le 16 juin, avec le retour des deux cosmonautes sur la Terre au terme de 73 jours de séjour à bord de Mir.

Les vols de spationautes français sur Mir

Six vols de spationautes français, consacrés principalement à des expériences de médecine et de biologie spatiales, ont eu lieu à bord de la station russe Mir. Le premier s'est déroulé dans le cadre de la mission Aragatz, du 26 novembre au 21 décembre 1988, avec Jean-Loup Chrétien, qui accomplit notamment une sortie dans l'espace d'une durée de 5 heures et 56 minutes. Les vols ultérieurs ont fait suite à un accord à long terme dans le domaine des vols habités conclu entre la France et l'URSS en juillet 1989. Le premier fut le vol Antarès, effectué du 27 juillet au 10 août 1992 par Michel Tognini, qui avait été le suppléant de J.-L. Chrétien lors de la mission précédente. Juillet 1992 vit aussi la signature d'un nouveau mémorandum d'accord entre la Russie et la France prévoyant la réalisation en coopération de quatre autres vols habités d'ici l'an 2000. Jean-Pierre Haigneré (qui avait été le suppléant de M. Tognini) accomplit ainsi la mission Altaïr, du 1er au 22 juillet 1993, avec la même charge utile que la mission Antarès, enrichie de nouvelles expériences. Puis Claudie André-Deshays (ex-suppléante de J.-P. Haigneré) effectue la mission Cassiopée du 17 août au 2 septembre 1996, devenant ainsi la première Française à voler dans l'espace. Ensuite, Léopold Eyharts (ex-suppléant de C. André-Deshays) réalise la mission Pégase, du 29 janvier au 19 février 1998. Enfin, J.-P. Haigneré (ex-suppléant de L. Eyharts) accomplit la mission Perseus, du 20 février au 28 août 1999, qui fait de lui le spationaute non russe ayant séjourné le plus longtemps dans l'espace (188 jours et 20 heures).

Quel avenir pour Mir ?

Désignés pour constituer le vingt-neuvième équipage de Mir, les cosmonautes russes S. Sharipov et P. Vinogradov poursuivaient à l'automne 2000 leur entraînement en vue d'un vol prévu au début de 2001. Mais l'avenir de la station passe désormais par le financement des projets d'exploitation commerciale et touristique imaginés par les responsables de la société MirCorp.

MirCorp espère, par exemple, trouver des passagers prêts à payer leur séjour à bord de la station pour être les premiers touristes spatiaux. Les séjours sont proposés au prix de 20 millions de dollars par semaine. Le seul passager privé ayant jusqu'ici volé sur Mir est le journaliste japonais Toyohiro Akiyama, en décembre 1990. La chaîne de télévision TBS avait payé 10 millions de dollars pour envoyer le chef du service étranger de sa rédaction effectuer un reportage à bord de la station. En fait, il connut surtout les désagréments du mal de l'espace. Un milliardaire californien, Dennis Tito, espère bien devenir le premier touriste spatial et passer 10 jours à bord de la station en juin 2001, lors de la trentième mission. Un autre Américain, Mark Burnett, producteur d'une série documentaire appelée « Survivor », a signé un contrat de 20 millions de dollars avec MirCorp pour envoyer séjourner 10 jours à bord de Mir le gagnant d'un jeu télévisé intitulé « Destination Mir », où des candidats astronautes seront filmés lors de leur entraînement, et qui devrait être diffusé à la fin de 2001 ou au début de 2002.