La population, à laquelle il avait demandé de se serrer la ceinture afin que l'Italie fasse partie du premier train des pays qualifiés pour la monnaie unique, lui a envoyé un message d'assentiment par défaut en accusant les communistes refondateurs d'avoir joué avec le feu. Au cours du mois de novembre, des élections locales auxquelles personne n'aurait prêté grande attention en temps normal suscitent subitement l'intérêt des Italiens, des commentateurs politiques et bien sûr des diverses formations. Tous les scrutins sans exception montrent une percée plus ou moins significative des candidats de la coalition gouvernementale de centre gauche. Au bout du compte, la population a validé par les urnes ce qu'elle avait exprimé dans la rue aux premiers jours de la crise : pour la première fois dans l'histoire politique récente de l'Italie, l'opinion publique, d'habitude indifférente à l'instabilité gouvernementale ; fait pression pour dire « assez ! ». Ce n'est pas là le moindre enseignement de la crise d'octobre.

Philippe Faverjon

Romano Prodi : « Il Professore »

Grand commis de l'État, amateur de bonne chère et de bicyclette, ami de Jacques Delors avec lequel il partage une profonde foi chrétienne, Romano Prodi restera, quel que soit son bilan, le rescapé de la politique italienne. Ancien ministre de l'Industrie, cet économiste s'est surtout fait remarquer en tant que président de l'IRI (Institut pour la reconstruction industrielle), dont il parviendra à redresser les comptes entre 1982 et 1989. Son nom avait déjà été avancé par le chef de l'État après la chute du gouvernement de Silvio Berlusconi. Mais il ne sera appelé qu'après l'intermède du cabinet Lamberto Dini, au lendemain des élections de 1996.