Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Les Algériens possédaient déjà un président de la République élu et une Constitution. Depuis le 5 juin 1997, ils ont une Chambre des députés, étape présentée comme la plus importante de la relégitimation du régime. Le faible taux de participation – 4 Algériens sur 10 ne se sont pas rendus aux urnes – suffit à prendre la mesure du peu d'illusions que nourrit la population à l'endroit des initiatives « démocratiques » de la présidence. En choisissant de ne pas intervenir lors des massacres de la plaine de la Mitidja, les « autorités » ont peut-être estimé en retirer un avantage dans la lutte contre les terroristes. Il ne faut pas oublier trop vite que certains morts pèsent plus lourds que d'autres et que la mémoire est le plus fort obstacle à la réconciliation.

P. F.

Des morts sous surveillance

La presse algérienne est très surveillée, et l'absence de journalistes étrangers permanents en Algérie ne permet pas de vérifier les informations que le pouvoir consent à livrer. Dans ces conditions, il est quelque peu hasardeux de vouloir dresser un bilan de la violence, encore moins un tableau des pertes. Par exemple, celles subies par les forces de sécurité ne sont jamais mentionnées. Selon certaines estimations officieuses, on peut avancer le chiffre de 60 000 à 100 000 morts depuis le début de la guerre civile. Quant au nombre des personnes assassinées entre août et octobre, il avoisinerait sans aucun doute le millier, voire davantage.