Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Pour Bill Gates, le PDG de Microsoft, l'entrée dans le capital d'Apple comporte un avantage immédiat. Sa stratégie a toujours été de pérenniser, en l'élargissant, le monopole de fait sur lequel son entreprise a bâti sa fortune. Or, Bill Gates a tellement bien réussi que Microsoft encourt aujourd'hui les foudres de la commission antitrust. La prise de participation pour à peine un milliard de francs dans le capital d'Apple le préserve momentanément de l'accusation de position monopolistique : grâce à son geste, Bill Gates permet en effet à son concurrent Apple de rester dans la course.

Un pari risqué

Steve Jobs joue quant à lui une partie extrêmement risquée. Non content d'accueillir Microsoft dans son capital, il a en effet convié Larry Ellison, le patron d'Oracle (no 2 du secteur aux États-Unis), à siéger au sein de son conseil d'administration. Or, Larry Ellison ne s'est pas seulement déclaré intéressé par le rachat d'Apple. C'est aussi un ennemi juré de Bill Gates. Il rêve de se servir d'Apple comme d'un moyen pour imposer le Network Computer, un dispositif capable de se connecter à Internet sans passer par l'achat onéreux d'un de ces PC qui ont fait la fortune de Microsoft... et sur lesquels Apple fonde ses espoirs de reconquête. Pour sortir de l'impasse, Steve Jobs risque de transformer son entreprise en champ de bataille incontrôlable. Les mois à venir seront donc décisifs pour la survie, au-delà du siècle, de la « petite star de Cupertino ».

J.-F. P.

Apple rachète son principal cloneur

En 1995, Apple accepte enfin d'accorder des licences aux fabricants d'ordinateurs. Mais, longtemps repoussée, cette décision qui aurait pu il y a dix ans lui sauver la mise... a été prise trop tard. Censés développer les parts de marché du Macintosh, les « clones » ont eu un effet exactement inverse. Fin août, Apple annonçait donc le rachat de Power Computing, un cloneur qui en deux ans s'était constitué un marché de près de 400 millions de dollars. Cette opération prouve au moins qu'Apple n'a pas encore renoncé à son rôle de constructeur de machines.