Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Les parcs naturels régionaux

Les parcs naturels régionaux ont célébré leur trentième anniversaire au mois de juin 1997. Forts de leur réussite, qui suscite de nombreux émules, ils sont aujourd'hui à la recherche d'un nouveau souffle et revendiquent à part entière leur rôle dans l'aménagement du territoire.

La France compte 32 parcs naturels régionaux (PNR). Ils s'étendent sur 10 % du territoire national, englobent 2 600 communes en milieu rural, sont présents dans 55 départements et 20 Régions et regroupent 2,3 millions d'habitants. Créés en 1967, ils ont pour objet de protéger le patrimoine naturel de zones fragiles et de contribuer à un développement local durable. Les 12 et 13 juin, dans le Lubéron (Vaucluse), ces 32 PNR ont fait la fête en compagnie des quelque 2 600 maires concernés, venus de toute la France célébrer leur trentième anniversaire.

Aujourd'hui, ces entités territoriales présentes dans la majorité des Régions et en outre-mer peuvent être considérées comme d'excellents outils d'aménagement et un modèle de coopération entre les collectivités territoriales, depuis que le général de Gaulle signa, le 1er mars 1967, le décret constitutif.

L'idée des PNR – à ne pas confondre avec les parcs nationaux, grands sanctuaires naturels inventés cinq ans plus tôt – remonte à 1965. Olivier Guichard, grand commis de l'État, alors patron d'une Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR) alors très volontariste, veut créer aux portes des toutes nouvelles métropoles d'équilibre des poumons verts « destinés à la détente des citadins ». Il entend profiter de l'occasion pour redonner vie à des espaces ruraux menacés, dont le processus de dépopulation et de déclin économique inquiète. L'idée fait son chemin.

Elle débouche sur l'organisation en 1966, à Lurs-en-Provence, de journées de réflexion regroupant sociologues, architectes, préfets, ministres, fonctionnaires, présidents d'associations... Ces précurseurs jettent les bases de ce que seront les futurs parcs, lesquels occupent aujourd'hui plus d'un tiers des réserves naturelles françaises. Il est déjà question d'allier environnement et développement, d'impliquer très fortement l'ensemble des acteurs locaux, politiques et socioprofessionnels, de faire en sorte que « le monde rural cesse de s'inscrire en négatif par rapport à la ville ».

Le début des années 70 voit ainsi naître une première vague de parcs proches des grandes agglomérations – le premier est le parc de Saint-Amand-Raismes, dans le Nord –, suivis de parcs plus éloignés de ces dernières. La création du ministère de l'Environnement en 1971, puis celle, décisive, des Régions en 1972 donnent l'impulsion nécessaire en même temps que s'affine le concept, au départ vague et empirique, de parc naturel.

La vocation des PNR

Le parc naturel régional a pour objet « de protéger [le] patrimoine, notamment par une gestion adaptée des milieux naturels et des paysages ; de contribuer à l'aménagement du territoire ; de favoriser le développement économique, social, culturel et la qualité de la vie ; d'assurer l'accueil, l'éducation et l'information du public ; de réaliser des actions expérimentales ou exemplaires dans les domaines cités ci-dessus et de contribuer à des programmes de recherche. » (Décret No 94-765 du 1er septembre 1994).

Des règles de base

Dix ans après l'engagement de la décentralisation, alors que s'affirment dans le public des préoccupations environnementales de plus en plus fortes, le Parlement adopte l'article 2 de la « loi Paysages ». Le décret d'application du 1er septembre 1994, tout en soulignant l'originalité des parcs, considérés comme des laboratoires du développement, précise un certain nombre de règles. C'est ainsi que tout parc doit être porteur d'un projet de développement spécifique fondé sur la valorisation du patrimoine, tandis que le texte conforte le rôle de l'organisme de gestion, en règle générale un syndicat mixte.

Ce cheminement législatif, mais aussi la volonté des responsables des parcs « d'adapter les politiques aux territoires et non les territoires aux procédures » ont en trente ans conduit les PNR à affirmer leur identité au travers d'un certain nombre de règles de base.