La dissolution de la Chambre est prononcée le 27 septembre. Cinq jours avant, un nouveau parti est créé par deux jeunes leaders du PP : Yukio Hatoyama est un ancien du PLD, héritier d'une grande dynastie politique et d'une immense fortune ; Naoto Kan vient de la gauche associative. Tous les deux sont extrêmement populaires. Le Parti démocrate (PD) attire à lui une partie des élus du PP et des élus socialistes. Son programme, de centre gauche, met l'accent sur les initiatives des citoyens, la décentralisation et le pacifisme. Le nouveau parti manque de temps pour s'organiser, et, le jour des élections, il ne peut présenter des candidats dans l'ensemble des 300 circonscriptions locales.

Aux élections du 20 octobre, le PLD passe de 211 à 239 sièges, manquant la majorité absolue de 12 députés. Le Nouveau Parti progressiste passe de 160 à 156 sièges. Le PD se maintient à 52 élus. Le Parti communiste japonais (PCJ) progresse spectaculairement de 7,7 % à 13 % des suffrages, mais il reste marginalisés avec 26 sièges. Paradoxalement, la majorité dépend des survivants de deux partis que le scrutin a laminés, les socialistes (15 sièges : – 15) et le PP (2 sièges : – 7), tous deux optant pour un soutien sans participation. Bien que le parti de Ryutaro Hashimoto soit minoritaire à la Chambre et au Sénat, le Japon retrouve donc un gouvernement PLD homogène, comme avant 1993. Le vrai vainqueur du scrutin est l'abstention, en hausse continue depuis dix ans, qui atteint son maximum de l'après-guerre (40,3 %). Au cours de la campagne, les partis ont rivalisé de promesses démagogiques (gel de la fiscalité, division par deux du nombre des ministères) : la défiance à l'égard de la classe politique est extrême. Le PLD n'obtient finalement les voix que de 20 % des électeurs inscrits, et seulement 35,7 % des suffrages exprimés. La légitimité du gouvernement est donc très faible, alors qu'il doit préparer le pays aux changements majeurs imposés par l'internationalisation économique et le vieillissement de sa population.

Chrono. : 5/01, 24/04, 27/09, 20/10.

Corée du Sud

Après sa mauvaise prestation aux municipales de 1995, le parti du président Kim Young-sam, rebaptisé parti de la Nouvelle Corée (PNC), semblait promis à un sévère recul aux législatives d'avril. Il n'y perd que 18 sièges (139 élus). À gauche, le Congrès national (CN) du vieux Kim Dae-jung gagne 27 sièges ; mais, avec seulement 79 élus, il est loin de son objectif de 100 sièges. À droite, le Parti libéral démocrate unifié (PLDU) de Kim Jong-pil enlève 50 sièges (+ 19). Le scrutin atteste la permanence des fiefs électoraux régionaux traditionnels. Mais il révèle aussi un nouvel électorat urbain moderne, attiré par les « politiciens technocrates », en quête de stabilité et de prospérité. C'est lui qui donne 27 des 47 sièges de Séoul au PNC, dont celui-ci avait pourtant perdu la mairie en 1995. Le parti présidentiel s'assure une courte majorité parlementaire en débauchant des élus « indépendants ». Kim Young-sam paraît désormais en mesure de gouverner sans trop de difficulté jusqu'à l'élection de son successeur, en décembre 1997.

L'autre événement majeur de l'année est le procès des anciens présidents coréens Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo, arrêtés en 1995 pour corruption, trahison et homicides. Seize généraux et le gotha du monde des affaires figurent avec eux dans le box des accusés. Le 21 août, Chun Doo-hwan est condamné à mort et Roh Tae-woo à vingt-deux ans de prison. Le verdict est plus clément pour les hommes d'affaires : trente-deux mois de prison au président de Daewoo, deux ans avec sursis à celui de Samsung. Après les appels, il semble probable que Kim Young-sam amnistiera les accusés à la fin de son mandat. L'année est aussi marquée par la violente agitation orchestrée par le Hanchongnyon (Fédération des conseils étudiants), qui milite pour la réunification immédiate avec la Corée du Nord. En août, la police bloquant une « marche de l'unité » vers la frontière, les étudiants se retranchent dans l'université Yonsei. Ils ne se rendent qu'après neuf jours de violences : 5 175 arrestations sont opérées et des centaines de condamnations à la prison ferme sont prononcées dès le mois d'octobre.