Les émeutes de septembre, auxquelles la police palestinienne participe parfois, coûtent à celle-ci 65 tués (contre 16 Israéliens). Après la vaine reprise des négociations israélo-palestiniennes de Taba, en octobre, le statu quo à Hébron est maintenu, le déplacement des personnes, toujours réglementé et les confiscations de terres sont étendues. Dans ces conditions, l'extraordinaire succès de la visite faite, le 22 octobre, par le président Jacques Chirac à l'exécutif et aux élus du Conseil de l'autonomie palestinienne reste d'ordre sentimental.

Chrono. : 9/01, 20/01, 25/02, 13/03, 12/04, 26/04, 7/05, 29/05, 18/06, 22/06, 30/07, 4/09, 25/09, 22/10, 13/12.

Le Liban et la Syrie

Le régime de la double occupation, israélienne au Sud, syrienne au Nord, plonge le Liban dans l'épreuve. En poursuivant son harcèlement de la « zone de sécurité » israélienne (11 % du territoire libanais, 250 000 habitants), avec l'accord tacite de Damas, la résistance chiite du Hezbollah expose le pays à de sévères représailles. Suivant de peu une première visite du président français Jacques Chirac, l'offensive israélienne du 10 avril, dite des « raisins de la colère », prend la forme de bombardements systématiques, qui entraînent l'exode de 300 000 civils. Le 18, le camp des Nations unies de Cana est touché : 102 personnes y trouvent la mort. Lorsque intervient, le 27, un cessez-le-feu péniblement négocié, le nombre des tués s'élève à 179. L'affrontement fait en outre une victime inattendue en la personne du secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali, Washington s'opposant au renouvellement de son mandat, parce qu'il a diffusé un rapport concluant aux responsabilités d'Israël dans le bombardement de Cana. Un comité de surveillance, censé contrôler le cessez-le-feu et comprenant les États-Unis, Israël, la Syrie, le Liban et la France, se met péniblement en place. La coprésidence française de ce comité, obtenue malgré les réticences américaines et israéliennes, marque un modeste retour diplomatique de Paris dans la région. Cependant, les accrochages entre le Hezbollah, l'armée israélienne et ses supplétifs sud-libanais ne cessent pas complètement.

À Beyrouth, dont le régime reste totalement contrôlé par les Syriens, un scrutin législatif (élection de 128 députés) largement truqué reconduit sans surprise, dans le courant de l'été, une majorité prosyrienne inconditionnelle, aux côtés de quelques intrépides indépendants. Le gouvernement de Rafic Hariri, quant à lui, se succède à lui-même.

Sûr de son fait au Liban, le président syrien Hafez el-Assad tire aussi de l'étranglement de l'Irak et des difficultés jordaniennes un surcroît de tranquillité sur le front intérieur. Peu pressé, en outre, de subir le contrôle des institutions financières internationales, malgré un endettement important, il fait figure dans la diplomatie moyen-orientale d'acteur relativement indépendant. Il résiste notamment aux pressions américaines pour une reprise des négociations de paix, Benyamin Netanyahou ayant déclaré que, à l'inverse de son prédécesseur, il se refusait à une restitution du Golan, officiellement annexé en 1981. Plus ou moins réconcilié avec le roi Hussein de Jordanie et avec le président Arafat, en bons termes avec le Caire, Hafez el-Assad jouit dans la région d'une considération renouvelée.

Chrono. : 12/04, 7/05, 15/09.

Égypte et Jordanie

Troublé par la victoire électorale de la droite israélienne, le président égyptien Hosni Moubarak tente de resserrer les rangs arabes autour de l'Égypte. Déjà, au « sommet » mondial de Charm al-Cheikh du 13 mars, organisé à la demande de Washington pour réaffirmer l'engagement de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme au lendemain des attentats qui viennent d'endeuiller Israël, il rassemble les « États-frères », à l'exclusion de l'Irak et du Soudan, non invités, ainsi que de la Syrie, qui s'est désistée. En juin, le président Moubarak obtient en revanche la participation de Damas au sommet inter-arabe du Caire, au cours duquel, face à la récente victoire électorale du Likoud en Israël, il fait prévaloir une prudente expectative. Quoique continuant d'offrir ses bons offices, il évite de participer au sommet israélo-palestino-américain d'octobre mais héberge cependant à Taba l'interminable marchandage qui reprend ensuite sur l'évacuation partielle d'Hébron. Sur le front intérieur, la violence sévit encore, avec le massacre de 18 touristes, le 18 avril, dans un hôtel du Caire. Cependant, il semble que la violence des islamistes, dont les financements extérieurs seraient en baisse, diminue quelque peu. À l'inverse, l'islam modéré, dont se réclame le nouveau recteur de la mosquée-université d'al-Azhar, marque des points. L'aide américaine (2 milliards de dollars) permet d'épargner au peuple les excès de la misère, tout en offrant de nouvelles possibilités d'enrichissement aux plus fortunés...