Chrono. : 21/01, 17/02, 15/05, 13/06, 24/06, 11/07, 14/09, 9/11.

Croatie

Après sa victoire contre les forces serbes de Krajina et de Bosnie, en 1995, la Croatie retrouve quasiment ses frontières d'avant guerre, la Serbie n'occupant plus que la Slavonie orientale. Les villes de Vukovar et d'Osijek, détruites en 1991 et occupées depuis par des réfugiés serbes, venus de Bosnie et de Croatie, passeront sous contrôle croate au printemps de 1997, conformément aux accords de Dayton, le Conseil de sécurité de l'ONU envoyant 5 000 hommes dans la région au début de l'année.

Fort de ses résultats diplomatiques et militaires, le pouvoir en place à Zagreb continue sa dérive autoritaire. En février, le gouvernement du président Franjo Tudjman refuse de livrer les criminels de guerre croates au Tribunal pénal international de La Haye (TPI). En mars, il rétablit le délit de presse. En avril, le président en personne demande le rapatriement en Croatie des dépouilles d'Ante Pavelic, le seul dirigeant pro-nazi d'Europe à s'être fait reprocher ses excès de zèle par Hitler. Peu après, il dissout le conseil municipal de Zagreb parce que celui-ci est passé à l'opposition démocratique. Le 2 juin, le pouvoir propose un référendum pour renforcer son contrôle sur la municipalité de Zagreb ; cependant, moins de 20 % de la population y participe. La nouvelle nomenklatura du pays n'est guère critiquée par les Occidentaux, qui, le 2 juillet, admettent la Croatie au Conseil de l'Europe. Il faut dire que, pour faire bonne figure, M. Tudjman demande aux extrémistes croates d'Herzégovine de ne pas entraver la pacification de la Bosnie et qu'il rencontre Slobodan Milosevic, le 7 août, à Athènes. Un mois plus tard, la Croatie et la République fédérale de Yougoslavie rétablissent des relations diplomatiques complètes. Reconnue par ses pairs occidentaux, victorieuse sur les champs de bataille, la Croatie peut désormais renouer avec la Serbie et la Bosnie. Mais la revendication démocratique devient une priorité pour la population : à la mi-décembre, à Zagreb, des manifestations dénoncent l'affairisme de la nouvelle classe politique.

Chrono. : 7/08.

République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro)

Le mythe de la « grande Serbie », englobant 70 % de la Bosnie et 40 % de la Croatie, s'étant effondré, le pragmatisme des autorités serbes, étranglées par l'embargo international, s'est replié sur une Serbie « petite » mais reconnue internationalement. La Serbie cherche à donner à l'extérieur une image d'ouverture. En 1996, elle noue des relations diplomatiques avec la Macédoine, la Croatie et la Bosnie. Elle obtient la levée de l'embargo qu'elle subissait, devient une pièce maîtresse dans la diplomatie régionale et commence d'être reconnue par les pays européens. Ne pouvant plus combattre sur tous les fronts, Slobodan Milosevic a abandonné son soutien aux Serbes de Krajina et de Bosnie, sans avoir pour autant résolu tous ses problèmes. Ceux que lui pose la région albanophone du Kosovo, dont l'autonomie a été supprimée en 1989, sont en voie de résolution. Au Kosovo, les autorités serbes sont en butte à la sourde hostilité de près de 2 millions d'Albanais qui ont construit clandestinement une contre-société avec président, députés, diplomates, enseignants, médecins, etc. Les Américains soutenant Tirana, qui surveille de près les événement du Kosovo, S. Milosevic comprend que le nouveau contexte régional lui interdit d'enflammer la question albanaise. Après avoir renoué avec les Macédoniens, qui ont également de graves problèmes avec les Albanais, il rencontre, en septembre, le président autoproclamé du Kosovo, Ibrahim Rugova. Les deux hommes tombent d'accord sur le rétablissement de la liberté de l'enseignement de l'albanais, ce qui est un premier élément de retour au statut d'autonomie, octroyée en 1974 par Tito. La démocratisation de la Serbie tarde cependant à venir, les journaux et les radios privés subissant pressions et interdictions. Le 3 novembre, le Parti démocratique serbe de M. Milosevic remporte les législatives (84 sièges sur 138), alors que le président s'apprête à changer la Constitution pour devenir inamovible. Devant cette dérive dictatoriale, la société civile serbe se rebelle. Aux municipales du 17 novembre, l'opposition l'emporte largement dans 15 grandes villes, mais M. Milosevic décide d'annuler les élections. Fin novembre des dizaines de milliers, d'abord, puis des centaines de milliers de manifestants descendent dans la rue. Menés par une opposition hétéroclite (Mouvement serbe du renouveau, Parti démocrate et Alliance civique), ils exigent la démission de l'équipe au pouvoir. Mais, au premier abord, il ne semble pas que les autorités aient l'intention d'infléchir leur politique ou de revenir sur leur décision.