Europe du Nord

Les pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède) et les États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) intensifient cette année leur coopération en l'intégrant dans un ensemble plus large, celui de la région baltique. Pourtant, les disparités y sont importantes, seuls le Danemark, la Finlande et la Suède sont membres de l'Union européenne, et les États baltes n'achèvent pas leur « transition » au même rythme.

En mai 1996, à Visby, en Suède, le Conseil des États de la mer Baltique s'attache à harmoniser les grands points de la politique régionale en matière d'économie, d'environnement et de lutte contre la criminalité, cette dernière question étant, avec celle des réfugiés, un problème croissant dans la région. Cependant, les alliances de chacun des États, et les dynamiques qu'elles initient, compliquent les enjeux en Europe du Nord. Le Danemark, la Suède et la Finlande, seuls à appartenir à l'Union européenne, sont favorables à l'adhésion rapide des États baltes, dont le processus d'association a débuté le 1er janvier 1996. En mai, les cinq pays du Nord obtiennent le statut d'observateur de l'espace de Schengen mais se dissocient sur les questions de la monnaie unique : l'Islande et la Norvège, refusant l'isolement, se rapprochent des critères d'adhésion à l'Union économique et monétaire (UEM) ; le Danemark et la Suède hésitent à s'engager dans le SME, tandis que la Finlande y entre en octobre 1996. La Finlande et la Suède sont partenaires-associés à l'Union de l'Europe occidentale (UEO, organisation essentiellement militaire), au même titre que les États baltes, mais ces derniers donnent la priorité à leur adhésion à l'OTAN. La Norvège, l'Islande et le Danemark, qui sont membres de l'Alliance atlantique, ne peuvent lutter contre la tendance générale, fin 1996, visant à les exclure de la première vague d'élargissement de l'organisation.

Danemark

Le gouvernement de centre gauche, dirigé par Poul Nyrup Rasmussen, social-démocrate, a pour priorité de réduire le déficit public (la dette publique représente en 1996 73 % du PIB). Ainsi, un accord « historique » sur le budget, conclu entre les partis de la coalition gouvernementale (les sociaux-démocrates, le Centre démocrate, les radicaux libéraux et chrétiens populaires) et le Parti conservateur prévoit une réduction des déficits publics de 4 milliards de couronnes et des mesures d'allégement fiscal, la réforme de l'impôt étant devenue une priorité. Cet accord, considéré comme une dérive droitière par les parlementaires sociaux-démocrates, provoque une rupture entre le Parti conservateur et le Parti libéral, qui coopéraient depuis seize ans. Le Parti libéral serait devenu, selon un sondage de février, le premier parti national : pour la première fois de l'histoire danoise, la majorité des ouvriers envisagent de voter pour l'un des partis « bourgeois ». La seconde moitié de l'année est marquée par une croissance économique qui devrait se stabiliser à 1,8 %. Tous les secteurs de l'économie – surtout l'industrie et les exportations – connaissent un regain de dynamisme. L'inflation reste modérée (1,8 %), et le chômage (9 %) semble diminuer.

Suède

Ancien ministre des Finances, Göran Persson succède à Ingvar Carlsson à la tête du Parti social-démocrate d'abord, puis, en mars, à celle du gouvernement. Si son parti connaît à nouveau un gain de popularité, il reste divisé entre une gauche « eurosceptique », hostile à l'austérité et qualifiée de « traditionaliste », et une droite « rénovatrice » et proeuropéenne, dont est issu le Premier ministre. Le parti compte sur lui pour reconquérir la base militante, plus attachée à l'État-providence qu'à l'Union européenne. Minoritaire au Parlement, son gouvernement s'est allié au Parti centriste (ex-agrarien) pour tenter de redynamiser l'économie. Le déficit budgétaire est passé de 13 % du PIB en 1993 à moins de 6 % en 1996, et l'inflation semble maîtrisée (à peine 2 %). Pragmatique, M. Persson jouit de la confiance des milieux d'affaires et des syndicats. Cependant, la situation de l'emploi (12 % de chômeurs) ne s'améliore pas, et la dette extérieure représente plus de 80 % du PIB. Göran Persson annonce donc, en avril, de nouvelles mesures de compression des dépenses sociales, afin de réaliser une économie de 22 milliards de couronnes avant 1998, date des futures élections générales.