Mais Michael Johnson n'est pas l'homme le plus rapide de la planète. Ce titre revient de plein droit au Canadien Donovan Bailey. Il a survolé la finale du 100 m, en signant lui aussi un nouveau record mondial : 9″ 84. Le règne des Américains sur le « sprint court » a donc pris fin. Les derniers Championnats du monde, à Göteborg, en 1995, l'avaient laissé présager. Les jeux Olympiques l'ont confirmé. À Atlanta, Dennis Mitchell a échoué au pied du podium du 100 m et le relais US n'a pris que la 2e place du 4 × 100 m, loin derrière le relais canadien, emmené par D. Bailey.

Symbole de la puissance du sprint américain dans les années 80, Carl Lewis a échappé au déclin de sa génération. Avant l'Américain, personne n'avait jamais remporté deux titres olympiques consécutifs dans l'épreuve de saut en longueur. Lui s'est imposé, à Atlanta, pour la 4e fois d'affilée. Mieux, sur le sautoir du stade du Centenaire, il a remporté sa 9e médaille d'or olympique, rejoignant le Finlandais Paavo Nurmi dans la légende des JO. À trente-cinq ans, King Carl peut logiquement aspirer au statut d'athlète du siècle.

Marie-José Pérec : « Je suis exceptionnelle ! »

La Guadeloupéenne est aussi immodeste que lucide. Quatre ans après son succès à Barcelone, elle a signé une grande première dans l'histoire des Jeux en conservant son titre olympique du 400 m. Pérec a, aussi et surtout, réussi un doublé en s'imposant également sur 200 m. Avant elle, seule l'Américaine Valérie Brisco-Hooks avait accompli cet exploit, en 1984. Mais, à Los Angeles, les meilleures athlètes du bloc de l'Est étaient absentes.

À la surprise générale, M.-J. Pérec n'a pas été le seul membre de l'équipe de France d'athlétisme à monter sur la plus haute marche du podium. Jean Galfione, lui aussi, a décroché l'or. Le médaillé de bronze des derniers Championnats du monde s'est imposé dans le concours du saut à la perche, battant au passage le record olympique du maître Sergueï Bubka : 5 m 92. Longtemps considéré, à tort, comme un athlète irrégulier, J. Galfione a définitivement prouvé qu'il était un perchiste de très haut vol. Un autre cocorico a été poussé, avec un brin d'étonnement dans la voix, à l'issue du 100 m haies. Patricia Girard-Léno a décroché une médaille de bronze prometteuse.

Dans les compétitions féminines, la double performance de Svetlana Masterkova n'est pas non plus passée inaperçue. La Russe a remporté le 800 m, devant les éminentes spécialistes que sont la Cubaine Ana Fidelia Quirot, championne du monde en titre, et la Mozambicaine Maria Mutola. Dans le 1 500 m, Masterkova a profité de l'absence de l'Algérienne Hassiba Boulmerka et de l'Irlandaise Sonia O'Sullivan pour enlever son deuxième titre olympique.

Dans les épreuves masculines du fond et du demi-fond, l'Afrique s'est une fois de plus taillé la part du lion. La victoire la plus symbolique est celle du Burundais Venuste Nyongabo, appelant à la paix entre les siens, qu'ils soient Tutsis ou Hutus, après avoir franchi la ligne d'arrivée du 5 000 m en vainqueur. Autre victoire emblématique pour un athlète venant d'un pays qui se déchire, celle de l'Algérien Noureddine Morceli. Le multirecordman et multichampion du monde a enfin gagné la finale olympique du 1 500 m, unique trophée qui manquait à son incroyable palmarès. Ultime symbole : en s'imposant dans le marathon, Josia Thugwane, employé dans une mine d'or, est devenu le premier champion olympique noir de l'Afrique du Sud.

Ces jeux Olympiques ont également marqué la fin d'une époque, pour d'illustres trentenaires. Sergueï Bubka, blessé, a dû renoncer à participer au concours du saut à la perche. Absent à Los Angeles, battu à Barcelone, le perchiste ukrainien — quintuple champion du monde — devra probablement se contenter d'un seul titre olympique, celui obtenu en 1988 à Séoul. C'est également une blessure qui est à l'origine de la contre-performance du Cubain Javier Sotomayor. Le recordman du monde ne s'est classé que 11e dans le concours du saut en hauteur. L'Américain Mike Powell, lui aussi détenteur du record mondial dans sa spécialité, a également échoué dans sa quête du Graal olympique au saut en longueur, pour les mêmes raisons. La Jamaïcaine Merlene Ottey et le Britannique Linford Christie n'ont pas été trahis par leur corps, mais ils n'ont pas pour autant assouvi leur soif d'or. Comme à chaque fois lors du rendez-vous quadriennal, Ottey a dû s'accommoder de la 2e place, sur 100 et 200 m. Linford Christie, lui, n'a même pas eu ce lot de consolation. Responsable de deux faux départs en finale du 100 m, le champion de Barcelone a été disqualifié. Une sortie sans gloire, presque pathétique.

Messieurs

100 m : Or : D. Bailey (Can.) 9″ 84 (record du monde) ; Argent : F. Fredericks (Nam.) 9″ 89 ; Bronze : A. Boldon (Tr.-et-T.) 9″ 90.