Mais, en février, le chef de l'État (il a échappé à un attentat au début du mois) se rend secrètement à Mexico afin de rencontrer les dirigeants de l'URNG, et, pour la première fois depuis la naissance de la guérilla, en 1960, trente-six ans après le début d'une guerre qui a fait près de 100 000 morts, un accord de paix est en vue. Le 20 mars, l'URNG annonce la suspension des opérations militaires offensives, et des négociations s'organisent à Mexico sous l'égide des Nations unies, essentiellement sur le lotissement de 500 000 paysans sans terre et l'épuration de la police et de l'armée, au pouvoir depuis trente ans. Un premier accord, signé le 6 mai, porte sur la terre, l'éducation et la santé. Un nouveau cadastre devra être établi, ainsi qu'un impôt, visant l'oligarchie foncière, sur les terres en friche. Reste à régler l'épuration de l'armée et les réformes constitutionnelles. Le 19 septembre, le second volet de ce traité est ratifié par les deux parties. Il implique la réorganisation de la police, la réduction d'un tiers des effectifs militaires, la réduction du budget de la défense, la limitation de la possession d'armes, le contrôle des activités des entreprises de sécurité privées et la limitation de la juridiction des cours de justice militaires. L'URNG annonce son intention de former un parti politique. Peu de temps après la signature de l'accord, le président Arzú procède à une purge au sein des hauts commandements de l'armée, des douanes et de la police, accusés de complicité dans des actes de contrebande et de corruption.

Chrono. : 7/01, 6/05, 11/11.

Salvador

Quatre années après la fin d'une guerre civile qui fit 75 000 morts, le Salvador tente d'attirer les investisseurs étrangers. Le Salvador est le pays le plus industrialisé et le plus dynamique d'Amérique centrale, il a connu l'an dernier un taux de croissance de 6 %, maîtrisé son inflation, il ignore presque le déficit budgétaire et a réduit son appareil d'État (15 000 fonctionnaires sur 95 000 licenciés depuis août 1995) comme le lui recommandait le FMI. C'est donc en toute logique que les capitaux étrangers, notamment taïwanais, nord-américains et sud-coréens, s'y installent, essentiellement dans les zones franches (maquiladoras). Mais ce développement connaît des limites, dues à une insécurité supérieure à celle de la Colombie et au désarroi d'une population marquée par les années de guerre. Si le taux de chômage officiel est de 12 %, il serait de 40 % pour les syndicats. Héritage de la guerre civile, la culture de la violence est solidement ancrée. Comme au Mexique, et pour les mêmes raisons, les lois pénales sont modifiées afin de combattre la délinquance.

Le 8 septembre, le président du parti ARENA (Alliance républicaine nationaliste), Juan José Domenech, accusé de corruption, de trafic de voitures et de blanchiment de narcodollars, est contraint de démissionner. La principale force d'opposition au Parlement, le FMLN (front Farabundo Marti de libération nationale), scindée en deux courants, social-démocrate et « orthodoxe », réclame une réforme électorale pour limiter la fraude. Les 27 et 28 juillet 1996, à l'initiative du FMLN, se tient, dans la capitale salvadorienne, le Foro de São Paulo, qui rassemble la plupart des composantes de la gauche latino-américaine.

Nicaragua

Alors que la situation économique reste satisfaisante, la vie politique est dominée par la préparation des élections présidentielles du 20 octobre. Malgré la présence de vingt-trois candidats, on assiste à une polarisation de l'électorat sur Arnoldo Alemán Lacayo, candidat du parti libéral, et sur le représentant du Front sandiniste, l'ancien président Daniel Ortega Saavedra (au pouvoir entre 1979 et 1990), qui tente de faire oublier son passé de marxiste-léniniste en se ralliant aux consignes du FMI et en cherchant à plaire à la hiérarchie catholique. Frôlant les 50 % des voix, A. Alemán est élu dès le premier tour, la Constitution voulant que le président puisse être élu avec au moins 45 % des voix à ce stade du processus électoral. D. Ortega et le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) contestent la régularité du scrutin et lancent une campagne pour son annulation, mais les engagements du nouveau président (il prendra ses fonctions en janvier 1997) laissent peu de chances aux sandinistes de trouver un soutien suffisant dans la population : A. Alemán a en effet promis, aux coopératives et aux paysans bénéficiaires de la réforme agraire sandiniste, des actes de propriété définitifs, tout en faisant appel à la communauté internationale pour aider le Nicaragua à indemniser les propriétaires expropriés.