Économie mondiale

En 1996, l'économie mondiale renoue avec la croissance, tandis que les politiques économiques s'efforcent de réduire les déficits publics et l'inflation. L'activité est très soutenue en Asie, plus modérée outre-Atlantique. L'Europe émerge lentement du ralentissement de 1995, et les économies en développement ne progressent pas suffisamment pour résorber leurs déséquilibres. Le monde semble s'être engagé sur un chemin de croissance plus équilibré.

Croissance régulière en Amérique du Nord

La croissance est soutenue aux États-Unis (2,3 %, contre 2 % en 1995), pour la sixième année consécutive. La banque centrale joue un rôle moteur dans la reprise : alors qu'elle avait augmenté ses taux d'intérêt dès le début de la crise mexicaine, en 1994, elle les abaisse pendant le premier semestre, pour soutenir l'activité. En été, la crainte d'un redémarrage de l'inflation provoque une augmentation de plus de un point des taux d'intérêt à long terme, ce qui alourdit le coût du crédit pour les entreprises et rend l'épargne plus attractive pour les ménages. D'où une certaine décélération au second semestre.

On a cru jusqu'à l'été que la surchauffe menaçait l'économie américaine, d'importantes créations d'emploi au printemps (plus de 250 000 par mois) ayant montré qu'elle était proche du plein emploi (le taux de chômage est descendu à 5,5 %). Malgré tout, les salaires ont peu progressé, car le marché du travail est resté très concurrentiel : les licenciements se sont multipliés, ce qui a freiné les revendications salariales. Les coûts de production des entreprises n'ont progressé que de 2,3 %, leur permettant de maintenir des profits élevés, sans augmentation excessive des prix de vente. Le risque de redémarrage de l'inflation est donc écarté (2,9 %, contre 2,7 % en 1995).

Les ménages et les entreprises jouent un rôle moteur dans la reprise au premier semestre. Mais l'endettement des ménages reste élevé (il représente plus de 85 % de leur revenu), et l'augmentation des taux d'intérêt de la seconde partie de l'année les incite à limiter l'ouverture de nouveaux crédits à la consommation. Les entreprises maintiennent leur effort d'investissement, essentiellement dans les équipements informatiques. Le commerce extérieur prend, en fin d'année, le relais de la demande intérieure qui s'essoufflait, la reprise sensible chez les principaux partenaires des États-Unis se confirmant.

Les discussions entre le Congrès et le gouvernement sur l'adoption du budget fédéral sont particulièrement laborieuses et portent sur la réduction des dépenses sociales, que l'Administration Clinton souhaite maintenir tout en poursuivant la réduction des déficits publics. Au mois de mars, ce blocage provoque la mise au chômage technique de l'ensemble des fonctionnaires fédéraux. En avril, le gouvernement réussit à sauver ses priorités, les transferts sociaux progressant de plus de 6 %, sans freiner la réduction du déficit. En juillet, il acceptera cependant une réforme de l'aide sociale, dont les effets ne se feront pas sentir cette année.

Cependant, si l'accélération de l'économie se confirmait, elle pourrait non seulement entraîner une remontée durable des taux d'intérêt, mais aussi une montée du dollar et obérer ainsi la reprise esquissée au Japon et en Europe. Au Canada, où l'activité est intimement liée à celle des États-Unis, la rigueur budgétaire et le haut niveau des taux d'intérêt pèsent sur le revenu et la consommation des ménages. La charge de la dette publique (l'endettement est supérieur à 100 % du PIB) est devenue insoutenable ; l'ajustement des déficits publics risque de contraindre durablement l'économie canadienne. En revanche, la reprise aux États-Unis permet au commerce extérieur de tirer la croissance (2 % en moyenne en 1996, contre 2,3 % en 1995). Le chômage amorce une lente décrue (9,2 % de la population active), insuffisante cependant pour redonner confiance aux ménages, dont le taux d'épargne (6,5 %, contre 7,5% en 1995) pourrait ne pas diminuer en 1997, et peser sur la croissance.

Sortie de crise au Japon

L'économie japonaise, en crise depuis cinq ans, repart enfin en 1996, grâce aux très importants plans de relance du gouvernement. Les dirigeants japonais ont mené six plans de relance successifs depuis le début des années 90. L'endettement de l'État a fortement augmenté (il représente 85 % du PIB en 1996 et a progressé d'un tiers en cinq ans), mais l'année 1996 marque la fin des politiques budgétaires expansionnistes : le déficit public se creuse pour la quatrième année consécutive (4,5 % du PIB). Les allégements d'impôts et les plans de soutien du bâtiment sont abandonnés. Signe que l'équilibre des finances publiques est devenu la préoccupation majeure du gouvernement, d'importantes hausses d'impôts sont décidées en cours d'année.