En juillet, lors du sommet qui se tient à Brunei, l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) admet le Viêt Nam comme membre à part entière. Cette décision renforce la position des pays de la région face à une Chine qui, en s'emparant de l'une des îles Spratly, cherche visiblement à évaluer le dispositif de défense des États riverains (Philippines, Viêt Nam...).

Chrono. : 28/01, 11/08.

Malaisie, Singapour

En Malaisie, les élections législatives anticipées donnent au Premier ministre Mahathir bin Mohamed et au Front national (la coalition de 14 partis qu'il dirige) un succès indiscutable en même temps qu'un nouveau mandat. Marqué par une participation de 70 %, le scrutin d'avril permet au Front national (qui disposait déjà de 141 des 180 sièges de la Chambre des représentants) de consolider ses positions, avec 162 sièges sur 192. Il progresse également dans les assemblées d'États fédérés : il en contrôle 12 sur 13.

La croissance ralentit légèrement à Singapour (elle sera d'environ 8 % en 1995 au lieu de 11 % en 1994), mais l'inflation tombe de 3 à 2 %. Si les technologies avancées et les industries à forte valeur ajoutée caractérisent toujours l'économie de l'île, le niveau élevé des salaires et celui du prix des terrains incitent cependant de nombreux investisseurs à se tourner plutôt vers la Chine, le Viêt Nam ou l'Indonésie.

Chrono. : 25/04.

Indonésie

Avec une croissance de 8 % soutenue par un afflux record d'investissements étrangers (8 milliards de dollars en 1993, 23,7 milliards en 1994 et près de 30 milliards en 1995), l'Indonésie affiche une bonne santé économique, ce qui n'empêche cependant pas le malaise social d'y être profond. Dans tout le pays, les contrastes sociaux s'aggravent, les milieux militaires eux-mêmes dénonçant l'exploitation dont les travailleurs sont l'objet. Dans l'ensemble, les salaires restent bloqués.

Conscient du mécontentement, le gouvernement surveille les courants extrémistes qui traversent l'islam indonésien, mais se préoccupe davantage encore de contrôler la presse, qu'il continue de purger en faisant condamner des journalistes. Le seul signe de détente est la libération, en août, à l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance et de la République, d'illustres prisonniers politiques proches collaborateurs de Sukarno, impliqués dans le coup de force communiste de septembre 1965, parmi lesquels Subandrio et le général Omar Dhani, détenus depuis 1966. Après le Viêt Nam et les Philippines, l'Indonésie est, à son tour, confrontée aux revendications chinoises. Les cartes qui sont publiées à Pékin englobent en effet dans l'espace maritime chinois les îles Natuna, qui, entre Bornéo et la Malaisie, constituent l'avant-poste septentrional de l'Indonésie. Mais, pour l'instant, aucune polémique ne s'est encore engagée à leur sujet.

En politique étrangère, le Timor-Oriental reste pour Jakarta un problème irritant. L'annexion du territoire (en 1976) n'est reconnue ni par le Portugal ni par l'ONU. La façon dont l'armée réprime cette année encore les manifestations de l'opposition timoraise suscite une vive réprobation en Australie, aux États-Unis et en Europe. Le 1er janvier, le président du Portugal, Mario Soares, propose qu'un référendum permette à la population de se prononcer sur un statut d'autonomie au sein d'une Indonésie fédérale. Des négociations entamées à Lisbonne en janvier, poursuivies en Autriche et en Suisse n'aboutissent pas, l'intransigeance de Jakarta restant entière.

Chrono. : 12/10.

Philippines

Les élections de mai, destinées notamment à renouveler la Chambre et la moitié du Sénat, donnent la victoire à la coalition Lakas-Laban qui soutient le président Fidel Ramos et qui ne rencontre d'opposition que sur sa droite, du côté des fidèles de l'ancien président Marcos dont la veuve, Imelda, réussit à se faire élire à Leyte, sa province d'origine.

Le président Fidel Ramos tente à nouveau de mettre fin, par la négociation, aux deux insurrections qui agitent le pays. Un accord préliminaire conclu en février avec les communistes de la New People's Army et du National Democratic Front prévoyait l'ouverture de pourparlers à Bruxelles à partir de juin. Ceux-ci sont cependant ajournés en raison des conditions posées par les communistes sur la composition de leurs délégations, conditions jugées inacceptables par le gouvernement.