Chrono. : 2/07.

Cambodge

Si la paix est revenue dans la majorité des provinces, les Khmers rouges, déclarés hors la loi par l'Assemblée nationale, en juillet 1994, continuent toujours, dans l'Ouest, leurs embuscades, prises d'otage et meurtres. L'armée, en cours de réorganisation et cherchant seulement à réduire le territoire qu'ils contrôlent, n'obtient pas contre eux de succès significatifs. De plus en plus isolés, leurs offres de négociation rejetées, les dirigeants khmers rouges semblent hésiter sur la stratégie à adopter. Quoi qu'il en soit, le banditisme reste endémique, et les régions rurales infestées par dix millions de mines.

Malgré les efforts de la France et du Japon, l'aide étrangère à la reconstruction reste limitée et les investissements privés, plutôt rares, à part dans le secteur hôtelier. Le tourisme, domaine le plus prometteur de l'économie, est une des clés du développement, bien que la corruption compromette de nombreuses initiatives. L'inflation (autour de 20 % en 1994) demeure cette année dans des limites supportables.

Au gouvernement, la « cohabitation » des royalistes de Norodom Ranariddh et des ex-communistes d'Hun Sen se poursuit sans heurts majeurs. En novembre, l'arrestation puis l'exil de Norodom Sirivudh, demi-frère du roi, accusé d'avoir comploté pour assassiner N. Ranariddh et Hun Sen, témoigne autant de l'intolérance du régime face à toute forme de dissidence que du conflit latent qui oppose le gouvernement au roi qui, selon la Constitution, « règne mais ne gouverne pas ».

Chrono. : 21/11.

Viêt Nam

Le Viêt Nam maintient un taux de croissance proche de 10 % et ajuste toujours davantage son économie aux exigences du marché. Cette forte croissance entraîne une reprise de l'inflation (14,4 % en 1994, contre 5,2 % en 1993), une augmentation des importations plus rapide que celle des exportations et, par voie de conséquence, un plus grand déficit commercial.

La rénovation des infrastructures prend de l'ampleur. L'achèvement, fin 1994, de la grande ligne à haute tension Nord-Sud permet enfin au Sud de disposer en abondance de l'électricité dont il a besoin. Grâce à l'aide financière internationale, la remise en état des principales routes et voies ferrées progresse. Pour relier Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, le train ne met plus que 36 heures au lieu de 60 en 1990. En mer de Chine, l'extraction du pétrole et du gaz fait de nouveaux progrès, et de récentes découvertes attestent la richesse des gisements. Stimulée par l'afflux des touristes (dont le nombre dépasse le million), la construction de nombreux hôtels se poursuit.

Les investissements étrangers ne ralentissent pas, la seule question étant désormais pour le Viêt Nam de savoir s'il sera capable de les absorber. Les étrangers dénonçant fréquemment les obstacles mis par la bureaucratie à la réalisation de leurs projets, le gouvernement prend des mesures qui visent à accélérer et à simplifier les procédures administratives. Cet afflux de devises ne compense pas encore la modicité des ressources de l'État vietnamien, qui ne peut maintenir en place ses services sociaux, notamment dans les secteurs de la santé et de l'éducation.

Le régime ne modifie pas sa ligne politique. L'État (avec ses 6 000 entreprises) garde la haute main sur tous les secteurs-clés de l'économie et ne tolère pas la contestation, surtout si elle est idéologique. Cela explique en partie le refus, parfois violent, des Vietnamiens réfugiés à Hongkong et en Malaisie de regagner leur pays, où la répression de certaines activités bouddhistes est encore sévère.

Suite logique de la fin de l'embargo commercial et financier américain en 1994, le président américain Bill Clinton décide en juillet de rétablir les relations diplomatiques avec le Viêt Nam, malgré l'opposition du lobby des familles de militaires disparus. Les États-Unis ont en effet constaté l'active coopération d'Hanoi dans la recherche de ces « disparus ». Une ambassade américaine est ouverte à Hanoi en août par le secrétaire d'État Warren Christopher.