Chrono. : 26/02, 1/06, 7/06.

Irak

En août, le gendre du président Saddam Hussein, Hussein Kamal Hassan, renonce à ses fonctions ministérielles et se réfugie en Jordanie. Les secrets d'État dont il est le détenteur, quoique portant sur des activités antérieures à la défaite de 1991, permettent au commissaire de l'ONU pour le désarmement, Carl Rolf Ekeus, de convaincre Bagdad de « mensonge ». Ils donnent aussi l'occasion au Conseil de sécurité de l'ONU de reconduire à l'unanimité, pour la vingt-huitième fois, un embargo qui satisfait les pétroliers de la région et les États-Unis, peu sensibles aux considérations humanitaires (novembre). Il est vrai qu'une autre résolution du Conseil de sécurité (avril), rejetée par l'Irak comme attentatoire à sa souveraineté, lui avait autorisé une exportation limitée de pétrole sous strict contrôle international. Ce revers diplomatique intervient dans un contexte d'agitation intérieure. Naguère, les Dulaym étaient les proches soutiens du régime. L'exécution de l'un des leurs (en mai), un général accusé de tentative de coup d'État, conduit le clan des Dulaym au bord de la rébellion. La répression qui s'ensuit pousse à la mutinerie un autre Dulaymi, commandant un bataillon blindé stationné près de Bagdad (juin). Dans ces conditions, on attribue à la « terreur » exercée par le régime la confiance que 99,96 % des votants, consultés par référendum, accordent au président pour un nouveau mandat de sept ans (octobre).

Tenue hors d'atteinte de Bagdad, la population kurde a d'autres soucis. La rivalité du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani et de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) de Djalal Talabani a en effet favorisé l'implantation des militants du parti des Travailleurs du Kurdistan de Turquie (PKK). De ce fait, le nord de l'Irak s'est trouvé exposé à une occupation de plus de 30 000 soldats turcs (mars-avril) et aux inconvénients d'un rapprochement contre nature entre le PDK et les Turcs eux-mêmes.

Chrono. : 27/02, 14/04, 14/06, 8/08, 8/09.

Turquie

En Turquie, l'année 1995 est largement dominée par les négociations sur le traité d'union douanière avec l'Union européenne, signé en mars, et par une crise politique (doublée d'une crise sociale aiguë) qui entraîne la démission en septembre du chef du gouvernement, Tansu Ciller. Considéré comme une étape déterminante pour une adhésion à terme de la Turquie à l'Union européenne, ce traité d'union douanière aurait dû être ratifié par le Parlement de Strasbourg afin de pouvoir entrer en vigueur le 1er janvier 1996. Mais cette ratification est conditionnée par les parlementaires européens à la mise en œuvre d'un certain nombre de réformes, en particulier dans le domaine des droits de l'homme. Sur ce point crucial, le bilan de l'action de T. Ciller ne plaide pas en faveur de la Turquie. Les libertés individuelles sont encore trop souvent bafouées, et la politique de répression du séparatisme kurde ne connaît pas de frein, aussi bien dans le Sud-Est anatolien que dans le nord de l'Irak où, en mars-avril, la Turquie envoie plus de 30 000 soldats pour réduire les bases du parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). En juillet, l'amendement de la Constitution de 1982 héritée des militaires est cependant une avancée significative. Cette réforme doit permettre une plus large participation de la société à la vie politique, mais la révision de l'article 8 de la loi antiterroriste limitant la liberté d'expression (souvent utilisé contre des intellectuels) reste pendante. La crise politique provoquée par le retrait en septembre des sociaux-démocrates (CHP, Parti républicain du Peuple) de la coalition gouvernementale entraîne la démission du Premier ministre. Très contestée par l'aile droite conservatrice de son parti (DYP, parti de la Juste Voie), T. Ciller n'obtient pas la confiance du Parlement pour le nouveau gouvernement qu'elle présente en octobre. La crise politique ne trouvant pas de solution, des élections législatives anticipées sont organisées le 24 décembre 1995. Ainsi, les avancées décisives attendues par l'Europe ne peuvent avoir lieu cette année, ce qui reporte d'autant le rapprochement entre l'Union européenne et la Turquie.