Le nouveau gouvernement, formé en janvier, est constitué d'anciens apparatchiks, encadrés par un groupe de quadragénaires formés à Moscou à la fin de l'ère brejnévienne. Le PSB entreprend de reconquérir le pays. Sachant que la Bulgarie vit sous un système parlementaire fort, le PSB, qui contrôle 15 des 17 commissions parlementaires, fait élire à la tête de la Chambre un compagnon de route, Blagovest Sendov. La loi interdisant aux anciens communistes d'accéder à la haute hiérarchie de l'université est abolie, le procès de l'ancien Parti communiste suspendu. Sofia, bastion de l'UFD, se voit imposer un préfet et tout est fait pour freiner la réforme agraire. Le président de la République Jeliou Jelev (en poste depuis 1990) devient alors le dernier pôle de résistance à la percée communiste : il oppose son veto aux amendements sur la réforme agraire, en avril, et, en août, refuse la nomination de militaires communistes de haut rang. Grâce à leurs relations et à l'argent détourné pendant la dictature de T. Jivkov, les anciens notables communistes sont les premiers à bénéficier des privatisations. L'embargo contre la Serbie favorise, par ailleurs, grâce aux trafics qu'il suscite, la naissance d'une économie parallèle. Signe de l'émergence d'une classe mafieuse économico-politique, des fortunes immenses se bâtissent, l'évasion fiscale étant évalué à 5 milliards de dollars.

Le nouveau pouvoir, qui confirme son implantation en novembre par sa victoire aux élections municipales, se rapproche de la Russie, au grand dam du président Jelev. Contre l'avis des Occidentaux, il remet en route la tranche 1 de la dangereuse centrale nucléaire de Kozloduy.

Chrono. : 25/01.

Roumanie

La Roumanie est le pays des Balkans qui a connu le moins de bouleversement depuis l'effondrement du communisme. Toujours dirigée par les néocommunistes du président Ion Iliescu, elle continue de souffrir des mêmes problèmes : manque de démocratie, lente transition vers l'économie de marché, troubles sociaux et conflit avec la minorité hongroise.

Pour garder le pouvoir jusqu'aux élections législatives et présidentielles de 1996, le gouvernement du Premier ministre Nicolae Vacaroiu se rapproche de trois partis nationalistes qui partagent la même démagogie sociale, le même nationalisme virulent, ainsi qu'une nostalgie à peine voilée pour la dictature de Ceausescu. En janvier, un pacte solennel officialise cette alliance. En juin, Toma Nastase devient secrétaire d'État au Tourisme ; la nomination de ce membre de România Mare (« Grande Roumanie »), un parti ouvertement ultranationaliste, xénophobe et antisémite, inquiète les voisins balkaniques et danubiens de la Roumanie, tout autant que les fortes minorités hongroise et tsigane du pays. Les exigences de România Mare ne s'arrêtent pas là : après cette nomination, le parti réclame trois autres postes ministériels. Dans cette ambiance nationalo-communiste, le président Iliescu fait adopter en juillet une loi sur l'enseignement qui limite l'apprentissage du hongrois dans les lycées professionnels et les universités. L'Union démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR), représentant 1,7 million de Hongrois, manifeste contre cette loi et appelle à la désobéissance civile. Le président Iliescu accuse alors l'UDMR de séparatisme.

La stabilité gouvernementale est de courte durée : après avoir orchestré une violente campagne contre le président Iliescu, România Mare se fait exclure de la coalition gouvernementale en octobre, mettant ainsi fin à la majorité parlementaire sur laquelle s'appuyait Nicolae Vacaroiu. Une grève générale illimitée, lancée par l'ensemble des étudiants roumains, fer de lance de la démocratisation depuis la révolution de 1989, affaiblit encore le Premier ministre.

Bosnie-Herzégovine

Le rapide bouleversement de la situation bosniaque trouve son origine dans l'alliance croato-bosniaque de mars 1994. Sous la pression de Washington, elle avait permis la création d'une fédération bosno-croato-musulmane, susceptible de se confédérer avec la Croatie.