Quant au destin du Japon, il est du ressort exclusif des États-Unis et de l'URSS, et, bien que la France et le Royaume-Uni soient très largement présents en Extrême-Orient, l'affaire se jouera sans eux. Alors que la victoire des Américains contre le Japon est loin d'être établie, Staline s'emploie à placer Roosevelt dans la position du demandeur. On le perçoit aisément, le maître de l'URSS est davantage préoccupé de s'assurer les conquêtes du Japon sur le continent asiatique que d'en fixer le sort en tant que tel. De son côté, Roosevelt décide d'imposer aux territoires occupés par le Japon un régime de trusteeship. Une fois éteint l'éclair d'Hiroshima et de Nagasaki, le Japon perd ses conquêtes et bascule dans l'orbite des États-Unis. L'article 8 de l'acte de capitulation stipule que « l'autorité du gouvernement japonais pour régir l'État sera soumise au commandement suprême des forces alliées ». Il appartient au général MacArthur de faire évoluer le Japon vers une démocratie de modèle occidental. Pourtant, jusqu'au changement de cap de la politique américaine en 1947-1948, les États-Unis auront une vision assez floue de l'avenir du Japon. Mais, là aussi, le vent de la guerre froide allait souffler, modifiant profondément la place et le rôle de Tokyo dans le grand jeu de dominos asiatique.

Philippe Faverjon