5 avril 1945 : les Américains découvrent le camp d'Ohrdruf, Kommando de Buchenwald.

11 avril 1945 : les Américains sont à Nordhausen et à Buchenwald.

15 avril 1945 : les Britanniques entrent à Bergen-Belsen.

29 avril 1945 : les Américains sont à Dachau.

5 mai 1945 : les Américains découvrent Mauthausen.

De Yalta à Potsdam

Depuis l'été 1944, et plus encore en 1945, la victoire des Alliés ne fait plus de doute. C'est une question de temps. En ce qui concerne le sort de l'Allemagne, les Alliés, et surtout les Américains, redoutent un traité de Versailles bis. Du côté soviétique, on serait plus expéditif. Staline privilégie une politique punitive, coercitive, visant à démembrer le pays, à exiger des réparations. Néanmoins, les premiers projets de paix, guidés par quatre principes, sont d'une rigueur absolue : capitulation inconditionnelle, démembrement, abaissement économique et sanction des coupables. Il reste que l'Europe de l'antagonisme Est-Ouest est née de la conférence de Potsdam, bien plus que de la rencontre de Yalta où Roosevelt avait cru jeter les bases définitives d'une paix mondiale.

Comprendre Yalta, c'est avant tout prendre en compte la carte de la guerre au début de 1945. Force est de constater qu'elle est à l'avantage des Soviétiques. Deux jours avant que ne débute la conférence, l'Armée rouge a passé l'Oder alors que les Occidentaux peinent encore devant le Rhin. Sans doute le charisme de Staline – un mélange de cynisme et de séduction – et l'effet rétrospectif de la soviétisation de l'Europe de l'Est ont-ils contribué à forger le mythe d'un partage du monde entre futurs vainqueurs. Au contraire, Yalta serait plutôt une tentative de revenir à une conception universelle des relations internationales. Il faut aussi rappeler que les zones d'influence des trois grandes puissances – définies dans deux entretiens bilatéraux, soviéto-britannique sur l'Europe (9 oct. 1944) et soviéto-américain sur l'Extrême-Orient (14 déc. 1944) – dépendaient essentiellement de la position respective des armées à la fin de 1944 et, en ce qui concerne plus précisément l'Extrême-Orient, du concours de l'URSS. Enfin, l'obsession de Roosevelt de voir aboutir le projet de l'Organisation des Nations unies, sur le principe de la démocratie universelle définie par la charte de l'Atlantique (14 août 1941), suffirait à faire pièce au cynisme supposé de la conférence.

Examinons de plus près la nature des accords. Tout d'abord au sujet de l'ONU. Staline accepte de se contenter de trois sièges à l'Assemblée (URSS en tant que telle, Biélorussie, Ukraine) ; Churchill obtient, par compensation, un siège pour l'Inde ; Roosevelt se réserve le droit, pour les États-Unis, de disposer de plusieurs sièges. Sur l'Europe, ensuite. Là aussi, un compromis est adopté par les trois Grands, qui s'engagent à respecter les droits de la démocratie : la déclaration sur l'Europe libérée précise que des élections ouvertes à tous les partis démocratiques seront organisées dès la fin des hostilités. Compromis également au sujet des zones d'occupation de l'Allemagne, qui, comme prévu, sont définies en fonction de l'avance escomptée des troupes alliées. Enfin, le principe de la création d'une commission des réparations est adopté. Il n'y a guère que le règlement polonais qui se révèle nettement moins consensuel. En effet, la question des frontières demeure en suspens, tandis que Staline, qui ne reconnaît de légitimité qu'au seul Comité de Lublin (de tendance communiste), parvient à imposer son point de vue à Churchill et à Roosevelt. De toute façon, l'Armée rouge occupant alors la Pologne, ni le Britannique ni l'Américain n'ont les moyens de s'opposer sur ce point à Staline, dont ils attendent l'intervention en Asie. Aussi est-ce purement et simplement que l'accord américano-soviétique sur l'Extrême-Orient sera entériné.

Si, à Yalta, les principes définis par la charte des Nations unies ont prévalu, il en va tout autrement lors de la conférence de Potsdam (17 juill.-2 août 1945). On se réunit dans des circonstances bien différentes puisque les événements ont changé – la guerre est terminée en Europe – ainsi que les hommes. Si Staline est plus présent que jamais, Truman a remplacé Roosevelt, décédé le 12 avril, et Attlee a pris la tête de la délégation britannique après la défaite de Churchill aux élections. Truman est un pragmatique. Cela signifie avant tout que l'économique a le primat sur le politique – de là découle sa politique à l'égard de l'Allemagne –, mais aussi qu'il n'entend pas se laisser lier par des accords ou des alliances par trop difficiles à dissoudre. Quant à Attlee, il est clair qu'il est moins passionné par les affaires mondiales que par la perspective de mettre sur pied l'État providence travailliste. Aussi la déclaration de Yalta sur l'Europe libérée restera-t-elle lettre morte, les solutions provisoires adoptées à Potsdam dans l'attente de la négociation d'un – hypothétique – traité de paix étant en passe de fixer la carte de l'Europe et celle de l'Extrême-Orient.

L'éclair atomique

Au mois d'août 1995, à l'approche de la date anniversaire de la capitulation, le Japon s'est engagé dans une bataille de la mémoire qui dure en réalité depuis le 15 août 1945. On a pu entendre deux versions discordantes qui témoignent de la confusion qui règne dans l'archipel. Le maire de Nagasaki, Iccho Ito, a appelé les Japonais à « réfléchir sérieusement à l'histoire des invasions et agressions du Japon en Asie et dans le Pacifique » et à présenter des excuses. Le ministre de l'Éducation, Yoshinobu Shimamura, a estimé que la désignation du Japon comme agresseur « est une question de point de vue » et qu'il est inutile que le gouvernement présente des excuses. Il est clair que les bombes atomiques ont parachevé l'occultation de toute réflexion, voire de toute information sur la guerre. Pour nombre de Japonais, la mémoire de Pearl Harbor s'est perdue dans le souvenir douloureux d'Hiroshima. Le 6 août 1945, à 8 h 15, après une descente de 43 secondes, un engin explose à 600 mètres d'altitude, à 200 mètres de son objectif. Une onde de lumière aveuglante parcourt Hiroshima, suivie instantanément d'une onde thermique (6 000 °C à l'épicentre). L'effet est absolu : 90 % des constructions sont anéanties ; il y a 78 000 morts, 14 000 disparus, 40 000 blessés. Une seule bombe atomique a obtenu le même résultat qu'un raid de plusieurs centaines de superforteresses. Deux jours plus tard, c'est au tour de Nagasaki de subir le feu nucléaire (20 000 morts, 50 000 blessés). Le 10 août, à la demande de l'empereur, le cabinet japonais est contraint d'envisager la reddition. La veille, conformément aux engagements pris à Yalta, l'URSS a déclaré la guerre au Japon.