Les quinze ministres de la Pêche de l'Union européenne, réunis en conseil à Luxembourg le 26 octobre 1995 ont, quant à eux, décidé de renforcer le contrôle des activités de pêche dans l'espace maritime européen à compter du 1er janvier 1996. Les capitaines des navires de plus de 15 mètres devront dorénavant prévenir les autorités de leur état de pavillon ainsi que celles des États dans les eaux desquels ils envisagent de pêcher. Les équipages devront noter sur leurs carnets de bord les heures de séjour dans les zones de pêche, celles de pose et de reprise des filets dormants, et répertorier les prises. Il s'agit de contrôler les flottes de pêche, leurs déplacements, les engins utilisés et d'éviter les risques de conflit entre pêcheurs.

La fosse des Casquets : poubelle nucléaire

Entre 1950 et 1963, l'autorité britannique de l'Énergie nucléaire a immergé par 60 à 160 mètres de profondeur dans les eaux anglaises de l'île d'Aurigny, à 20 km à l'ouest du cap de la Hague, 17 000 tonnes de déchets conditionnés dans des fûts métalliques. La radioactivité globale serait de l'ordre de 58 000 gigabecquerels, soit dix mille fois moins que l'activité des déchets produits en un an par un réacteur français de 1 000 mégawatts. D'après l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN), qui a un laboratoire à Cherbourg, la radioactivité des eaux marines du nord Cotentin est négligeable ; elle est imputable aux rejets de l'usine de retraitement de la Hague et de son homologue anglaise de Sellafield, et sans doute aussi aux essais nucléaires atmosphériques effectués jusqu'à la fin des années 70. En somme, ces déchets de nature inconnue ne présenteraient aucun danger... Le ministre français de l'Environnement a néanmoins demandé, le 28 octobre 1995, aux autorités anglaises un inventaire précis des produits immergés dans la fosse des Casquets. À suivre.

Les loups du Mercantour

Le loup, que l'on avait perdu de vue depuis 1920, est réapparu dans le parc national du Mercantour (68 000 hectares), au nord de Nice, en novembre 1992. Les loups du Mercantour, une douzaine environ, originaires des Abruzzes, sont protégés. Par arrêté du 22 juillet 1993, la France applique sur l'ensemble de son territoire les dispositions de la convention de Berne : le loup a le même statut que les mammifères dont la destruction, la capture ou l'enlèvement sont interdits. Mais le ministère de l'Environnement, qui a classé le loup « espèce protégée de 2e catégorie », se réserve la possibilité d'en autoriser la capture ou la destruction dans le cas où il occasionnerait des dégâts importants au bétail. Les loups du Mercantour, négligeant les chamois et les mouflons, tuent une centaine de moutons par an. Les derniers éleveurs, dont l'activité n'est maintenue que grâce aux subventions de Bruxelles, et les chasseurs des vallées de la Vésubie, de la Tinée ou de la haute Ubaye pensent que le loup n'a pas sa place dans le parc ; moins nombreux sont ceux qui croient au maintien du loup et à la gestion rationnelle des effectifs dans le moyen terme.

Les gorilles de montagne toujours menacés

En août 1995, 6 gorilles à dos argenté – Gorilla gorilla beringei –, rendus célèbres par Diane Fossey, ont été tués par des braconniers dans les forêts des monts Virunga, sur la triple frontière entre le Zaïre, l'Ouganda et le Rwanda. Il est vrai que la protection de ces grands singes, dont il ne reste plus que 600 individus (300 dans le parc des Virunga), n'est pratiquement plus assurée. Cela s'explique par la situation politique et économique préoccupante qui prévaut dans cette région d'Afrique centrale depuis 1993.

Le saumon du Rhin

En 1987, les gouvernements des cinq pays traversés par le Rhin s'étaient engagés à lancer des actions afin de réduire la pollution plurielle et gravissime des eaux du fleuve le plus important d'Europe occidentale. Le programme comportait, entre autres priorités, les deux suivantes : rendre le fleuve suffisamment propre pour que les 20 millions d'Européens continuent d'y tirer leur eau potable et permettre au saumon de s'y reproduire d'ici à l'an 2000. Il est à noter qu'un rapport d'experts publié en 1982 avait révélé que, sur les 11 espèces de poissons migrateurs qui fréquentaient les eaux rhénanes, 9, dont le saumon, avaient disparu. Or, le 12 juillet 1995, un saumon de 67 cm de longueur et pesant 2,5 kg qui avait été élevé et relâché à Obenheim, à 20 km au sud de Strasbourg, en 1992, a été pêché au pied du barrage d'Iffezheim, à 30 km au nord de la capitale régionale. D'après les spécialistes qui ont examiné ce saumon, ce dernier aurait séjourné deux ans en mer du Nord avant de remonter le fleuve. Cette prise a le mérite de montrer l'amélioration remarquable des eaux du Rhin.

Le bassin du Mékong et son aménagement

Quatre des six nations riveraines du Mékong, le Viêt Nam, le Laos, la Thaïlande et le Cambodge, ont ratifié en janvier 1995 un accord sur l'exploitation du huitième fleuve du monde par son débit et le douzième par sa longueur (4 180 km). Cet accord concerne les secteurs de la pêche, de la navigation, du contrôle des crues et de l'irrigation, la protection de l'environnement ainsi que la production hydroélectrique. Les différends politico-économiques entre les quatre pays signataires sont nombreux et donneront sans doute lieu à d'âpres négociations.

I. Thornton, D. Clearly, S. Worthington, Mercury Contamination in the Brazilian Amazon, CEE Report B 946/90, Bruxelles.
A. Bergeret, l'Arbre nourricier en pays sahélien, Éd. Maison des Sciences de l'homme, Paris, 1990.
Freeman Dyson, D'Éros à Gaïa, Le Seuil, Paris, 1995.
R. Lion, « Climats : nous sommes chaque jour responsables », le Monde, 25 mars 1995, Paris.

Philippe C. Chamard