L'Église d'Angleterre a obtenu le « feu vert » du Parlement pour que sa décision devienne définitive. La « bataille » a donc eu une dimension politique. Certains trouvent là de nouvelles raisons de prôner la fin de « l'establishment » de l'Église d'Angleterre afin que celle-ci soit seule apte à décider de ses affaires internes.

En janvier 1993, Bill Clinton et Al Gore sont devenus respectivement président et vice-président des États-Unis d'Amérique. Ce sont deux protestants baptistes pratiquants qui sont ainsi entrés à la Maison-Blanche.

Orthodoxie

En Russie, après 70 ans d'athéisme forcé, la liberté de conscience a été proclamée en 1990, mais, cette année, le Parlement et le gouvernement, composés pourtant d'anciens communistes formés à l'école de l'athéisme, ont manifesté un soutien de plus en plus important à l'Église orthodoxe-patriarcat de Moscou. Les dispositions législatives adoptées par le Soviet suprême stipulent notamment que, dorénavant, les non-Russes ne peuvent exercer des activités religieuses dans le domaine de la mission, des publications ou de la propagande. D'autres activités nécessitent une « accréditation de l'État », dans un pays où la corruption prend un développement inquiétant. Le patriarche Alexis II estime que cela correspond aux « attentes » de son Église, favorable à la liberté religieuse des citoyens, à condition que le choix de ces derniers « ne soit pas imposé de l'extérieur ». D'autres craignent qu'une discrimination déguisée à l'égard des Églises non orthodoxes se mette en place et ils demandent au président Eltsine de s'opposer à cette évolution. Cependant, les deux pouvoirs concurrents (présidence et Parlement) ont cherché à s'attirer les bonnes grâces du patriarcat de Moscou. Dans la crise du mois de septembre, Alexis II a joué un rôle de « médiateur » entre les deux instances.

Œcuménisme

Du 3 au 14 août 1993 s'est tenue à Compostelle, en Espagne, la cinquième Conférence mondiale de Foi et Constitution (la précédente avait eu lieu à Montréal en 1963), Commission théologique du Conseil œcuménique des Églises (COE) qui réunit orthodoxes, protestants et catholiques (même si ces derniers n'adhèrent pas au COE lui-même). L'objectif est d'aller vers une « koinonia » – mot grec du Nouveau Testament signifiant à la fois communion et communauté – c'est-à-dire vers la reconnaissance mutuelle des Églises chrétiennes en dépit des divergences qui les séparent. Mais la conception même de l'Église n'est pas identique entre les confessions, et une déléguée protestante Ch. Dieterlée est intervenue pour demander que le « partage et l'annonce » de l'Évangile ne soient pas supplantés par une insistance unilatérale sur les sacrements.

Catholicisme

Infatigable pèlerin des valeurs auxquelles il croit, Jean-Paul II a effectué, cette année encore, plusieurs voyages très significatifs des grandes orientations qu'il veut donner à l'Église catholique. En Afrique, il a visité, en février, le Bénin et l'Ouganda, avant de se rendre à Khartoum, capitale du Soudan. Au Bénin, il a affirmé que « seules les valeurs démocratiques permettent de préparer un avenir meilleur » et insisté sur l'importance de l'éducation dans le cadre familial. En Ouganda, il a invité la communauté scientifique à redoubler d'efforts contre l'épidémie de sida et réaffirmé que, pour lui, « l'abstinence sexuelle en dehors du mariage est le seul moyen de mettre un terme » à ce fléau. À Khartoum, dans un pays où la guerre civile divise le Nord musulman et le Sud chrétien, il a appelé au respect des droits de l'homme.

En avril, Jean-Paul II s'est rendu en Albanie, ancien pays officiellement athée et voisin de l'ex-Yougoslavie. Il a prôné tolérance religieuse et ethnique dans les Balkans. Le mois suivant, il a dénoncé, dans une visite pastorale en Sicile, l'œuvre de la Mafia et la fausse solidarité qu'elle recouvre dans une île de chômage et de pauvreté. En juin, consacrant la cathédrale de Madrid, il a déploré l'affaiblissement de la « dimension transcendante de l'existence » et prôné une nouvelle « reconquête » chrétienne. L'accentuation de ses discours n'a pas été différente en août, à Denver (Colorado), à la Jamaïque et au Mexique où il a rappelé sa condamnation de l'avortement, considéré comme générateur d'une « culture de mort ». Mais son voyage le plus important a peut-être été sa première visite dans des pays de l'ex-Union soviétique. En septembre, il s'est rendu, en effet, en Lituanie, en Lettonie et en Estonie. « Vous avez souffert la Passion, je vous annonce la Résurrection », s'est-il exclamé au cours de l'homélie prononcée à Riga.