E.C.

Avec ses 48 s 83, Marie-José Pérec est encore loin du record du monde de l'Allemande de l'Est Marita Koch (47 s 60), symbole de la décennie précédente.

La guerre de religion n'aura pas lieu

Hassiba

« Honte à celle qui a montré sa nudité au monde entier ! » avaient hurlé les intégristes d'Alger après le titre mondial du 1 500 m que la championne algérienne Hassiba Boulmerka avait remporté en 1991 à Tokyo. Un an plus tard, à Barcelone, la première championne olympique de l'histoire de son pays ne dédie plus sa médaille d'or aux « femmes arabes », mais à un président assassiné, Mohammed Boudiaf. Le poing levé en l'air, elle martèle sa profession de foi... véritable discours politique. D'agressée elle devient agressive : « J'ai couru pour les martyrs de mon pays, pour une Algérie en paix, libre et sans extrémistes. » Premier visé par cette déclaration fracassante : Noureddine Morceli (22 ans), qui n'a jamais caché ses sympathies pour les dirigeants du FIS, au point que certains de ses compatriotes l'ont suspecté, lors des jeux Olympiques, d'avoir volontairement sacrifié ses chances pour que le prestige d'un éventuel triomphe ne rejaillisse pas sur le gouvernement algérien. Une accusation que le nouveau recordman du monde du 1 500 m a aussitôt réfutée, expliquant à qui voulait l'entendre que sa défaite était uniquement due à un retard de préparation provoqué par un problème de bassin décalé survenu trois mois avant Barcelone.

Morceli

Officiellement, Morceli ne soutient personne, si ce n'est le peuple algérien. Devenu par les aléas de sa carrière un citoyen du monde (études et entraînement aux États-Unis), son message est clair et sans ambiguïté : le meilleur coureur de demi-fond du monde, c'est moi, Morceli l'Algérien. Rien de plus. « Des morts chaque jour. Mais que puis-je y faire ? Moi, je ne veux pas créer de problèmes, continue-t-il. Je ne suis pour personne, puisque je suis pour tout le monde. » C'est l'Évangile selon « saint Noureddine ». On est bien loin du combat que livre Hassiba Boulmerka, qui, dans un État où l'intégrisme fait rage, prône à ses risques et périls son indépendance et son droit à la différence. Des propos si dérangeants que la championne du CM Belcourt a songé un instant à s'exiler en Italie dans l'espoir d'échapper aux foudres des autorités religieuses de son pays, où la femme reste encore considérée par certains comme un élément à cacher sous un voile.

E.C.