L'effondrement de son commerce avec l'ex-URSS comme les dépenses excessives des années passées ont conduit le gouvernement de centre droit d'Esko Aho à imposer au pays une cure d'austérité et à l'ancrer davantage à l'Europe. En Norvège, le gouvernement travailliste de Mme Gro Harlem Brundtland fait également le choix de l'option communautaire, malgré une opinion publique largement partagée depuis le référendum négatif de 1972.

Dans l'optique de sa candidature à la Communauté, annoncée en 1991, et pour éviter une dévaluation de la couronne (que le gouvernement est contraint de laisser flotter en novembre), la Suède a bouleversé ses habitudes. Le gouvernement de centre droit de Carl Bildt a conclu avec l'opposition sociale-démocrate un compromis historique prévoyant une forte diminution des dépenses sociales en échange d'un renforcement du pouvoir syndical.

Austérité suédoise

En accord avec le leader de l'opposition sociale-démocrate Ingvar Carlsson, le Premier ministre Carl Bildt présente le 20 septembre un plan d'austérité pour réduire de moitié le déficit budgétaire : réduction des dépenses militaires, sociales, des aides au tiers-monde et augmentations fiscales. En échange, les cotisations d'assurance-chômage demeurent stables et les syndicats accroissent leur rôle dans la gestion des systèmes sociaux (chômage, assurance-maladie).

Réunis le 17 août à Bornholm, les cinq Premiers ministres scandinaves et finlandais déclarent que leurs pays ont « pour la première fois depuis de nombreuses années un intérêt commun à développer la coopération européenne dans les domaines des affaires extérieures, de la sécurité et de la politique économique. » Le Conseil nordique montre ainsi qu'il est déterminé à défendre les « spécificités » de ses membres au moment où, l'Islande mise à part, ceux-ci sont désireux de rejoindre la Communauté européenne à plus ou moins brève échéance.

Autriche

L'Autriche, candidate depuis juillet 1989, n'a pas faibli dans sa volonté d'adhésion à la Communauté. L'élection en mai du conservateur (Parti populaire autrichien, OVP) Thomas Klestil, plus acceptable par les instances internationales que son prédécesseur Kurt Waldheim, devrait faciliter les choses à cet égard. Toutefois, la persistance d'un fort courant extrémiste de droite, représenté par le leader du FPO (Parti libéral d'Autriche), Jörg Haider, marque le malaise politique d'un pays fort pourtant d'une économie en plein dynamisme (5 % de chômage et 3 % de croissance).

Extrême droite

« Le FPO (Parti libéral d'Autriche) n'est pas le parti successeur du NSDAL (parti nazi). S'il l'était, il aurait la majorité absolue en Autriche », déclare Jörg Haider, leader du Parti libéral dont la candidate aux élections présidentielles d'avril a obtenu 16,4 % des suffrages.

Suisse

La demande d'adhésion de la Suisse à la Communauté, le 26 mai, est plus surprenante. Mais les impératifs économiques ont primé : face à une récession sans précédent, les autorités ont compris que leur pays avait tout intérêt à rejoindre un ensemble seul capable de relancer la prospérité. Les électeurs (surtout alémaniques) ne l'entendent pas ainsi. Le 6 décembre, ils rejettent par 50,3 % l'adhésion du pays à l'EEE, première étape vers la Communauté.

Difficultés suisses

L'année 1992 est marquée par une montée du chômage à 3,3 % de la population active, une croissance économique plafonnant à 0,5 % et un déficit budgétaire de 7,6 milliards de FF. Seul point positif : en un an, l'inflation a été ramenée de 5,7 % à 3,5 %.

Les « poids lourds »

Turquie

La Turquie, postulante depuis 1987, éconduite par les Douze pour une longue période, cherche en parallèle à étendre son influence en Asie et dans les Balkans (appui aux Albanais du Kosovo et aux Musulmans bosniaques). Les événements de 1992 n'ont pu qu'accentuer cette tendance. En mai, le Premier ministre Suleyman Demirel évoquait, à l'occasion d'une tournée dans les républiques du Caucase et de l'Asie centrale, « un monde turc de l'Adriatique à la muraille de Chine ». Le 25 juin, sous l'égide de la Turquie, onze États riverains ou voisins de la mer Noire créaient une zone de coopération économique, la CEN (Coopération économique de la mer Noire). Mais la recrudescence des combats avec les séparatistes kurdes du PKK (marxiste-léniniste) venait quelque peu ternir cette année fastueuse pour une forme renouvelée et pacifique du panturquisme.

Espagne

L'Espagne a vécu une année 1992 absolument exceptionnelle, une fête sans précédent, mais qui n'exclut pas, après coup, une certaine « gueule de bois ». Ce fut bien évidemment l'Exposition universelle de Séville, d'avril à octobre, les jeux Olympiques de Barcelone en juillet-août et le choix de Madrid comme capitale culturelle de la Communauté pour cette année anniversaire.