Inculpés à grand bruit, Me Lombard et Pierre Rosenberg, conservateur au Louvre, bénéficient rapidement d'un non-lieu. Entendus à la barre, ils justifient leur rôle dans l'acquisition par l'État du chef d'œuvre de l'école espagnole. Me Garaud s'appuie sur l'artificielle importance donnée à l'affaire pour réclamer qu'on voie en sa cliente « plutôt une Bécassine mythomane et rêveuse qu'une Thénardier ». À l'issue d'un délibéré de 12 heures, la Cour condamne Joëlle Pesnel à 13 ans de réclusion et Robert Boissonnet, son conseil, à 4 ans d'emprisonnement pour non-assistance à personne en danger et faux en écriture privée. Dominique Lafarge, un comparse, est acquitté.

Le procès de Pascale Turin, ancienne amie de Max Frérot, devant la cour d'assises spéciales du Rhône, met un terme judiciaire au démantèlement de la branche lyonnaise d'Action directe. Une trop récente maternité lui avait interdit de comparaître avec ses 19 coïnculpés en mai-juin 1989. Le verdict du 18 février (24 mois d'emprisonnement dont 18 avec sursis) sanctionne modérément une comparse qui, depuis, fuit son passé.

Après cassation d'un premier arrêt de condamnation, Pascal Le Gac est rejugé par la cour d'assises de l'Isère. Le dossier est exemplaire des limites judiciaires de l'analyse de la personnalité. Rien – ni les interrogatoires ni les expertises psychiatriques – n'a pu percer l'enchaînement criminel qui conduit un homme sans histoire à une délinquance d'habitude de plus en plus violente, jusqu'à l'assassinat.

À Toulouse, le procès des quatre jeunes parachutistes engagés, violeurs et meurtriers de leurs trois victimes, est le théâtre d'une passionnante analyse de la dynamique criminelle du groupuscule qui déchaîne les passions destructrices d'individualités frustes, lisses, passives. La seule explication donnée par les coaccusés mérite réflexion : « On a disjoncté. »

Hervé Robert

Enseignement

Le gouvernement et sa majorité ont de l'enseignement une conception quantitative. Porter 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat en l'an 2000 reste leur objectif principal, objectif qu'ils pensent atteindre en instituant le corps unique d'enseignants de la maternelle à l'université dont avaient rêvé, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les auteurs du plan Lange-vin-Wallon de 1947. En bondissant de plus de 51 % en 1990 à plus de 60 % en 1991, le nombre des candidats (571 039) au premier grade de l'enseignement supérieur semble conforter leurs espérances. En 1991, les heureux élus ne représentent pourtant que 48,1 % d'une classe d'âge et, de l'aveu des examinateurs, ne doivent leurs succès qu'à l'indulgence des jurys dont les exigences qualitatives sont tempérées par les instructions ministérielles et administratives.

Les organisations de parents d'élèves n'échappent pas à la crise, à commencer par la plus importante d'entre elles, la Fédération des conseils de parents d'élèves, dont la perte d'audience (un million d'adhérents en 1981 ; 400 000 environ en 1991) a contribué à l'échec de son plan d'assurance scolaire.

Une extrême politisation

Proche du parti socialiste et, comme lui, victime de la désaffection de ses militants, dont le nombre (351 637) est en baisse constante depuis 1978 (550 000), la FEN est, à cette date, en plein marasme. Cette situation a été engendrée par la décision de son bureau exécutif de démissionner le 10 juin son secrétaire général, Yannick Simbron, contre lequel celui du SNI-PEGC, Jean-Claude Barbarant, formulait de nombreux griefs.

Ces querelles ne font que traduire la politisation extrême des organisations censées défendre les intérêts des enseignants face au pouvoir d'État et face à ces consommateurs de savoir que sont les élèves et... leurs parents, dans l'enseignement primaire et dans l'enseignement secondaire tout au moins. Bridés dans leur liberté d'expression et d'action par des instructions ministérielles particulièrement contraignantes sur le plan pédagogique, privés de leur pouvoir d'orientation au profit du chef d'établissement, des parents d'élèves et des lycéens présents au conseil de classe, obligés d'accepter le passage dans la classe supérieure d'analphabètes, trop souvent insultés, parfois même agressés physiquement par de jeunes marginaux inscrits dans leur classe ou venus de l'extérieur de l'établissement, contraints pendant de nombreuses années à l'errance généralement solitaire des titulaires académiques, méprisés par une société qui juge leur valeur à la minceur de leur chéquier, les enseignants s'épuisent à mettre en application chaque année un nouveau programme ou une nouvelle réforme. Travail de Sisyphe qui explique les démissions, les dépressions nerveuses, l'absentéisme...