Le point sur...

Politique étrangère

Les bouleversements en Europe de l'Est, la crise du Golfe et la situation dramatique de l'Afrique ont permis à la France de jouer un rôle non négligeable dans la définition progressive d'un nouvel ordre européen et mondial ; toutefois, les multiples décisions de l'Élysée, du Quai d'Orsay et des autres ministères n'ont été pleinement efficaces que lorsqu'elles ont été prises en commun avec les autres pays de la CEE, et notamment avec l'Allemagne.

Tout se tient

Les dirigeants français ont d'abord montré leur méfiance vis-à-vis de l'unification allemande, qui a été réalisée avant l'union politique entre les États de la Communauté européenne et qui renforce le poids de la République fédérale dans le Vieux Continent. À ce propos, M. François Mitterrand a pris une initiative malheureuse : il a ostensiblement parié sur une victoire des sociaux-démocrates en Allemagne de l'Est aux élections du 18 mars. Comme, de son côté, le chef du gouvernement allemand a brusqué le calendrier afin de devenir le premier chancelier de l'Allemagne unie, c'est seulement à l'occasion du sommet franco-allemand du 19 avril que les relations entre les deux chefs d'État ont pu se réchauffer et faciliter la relance de l'union politique et monétaire des Douze lors du Conseil européen de Dublin du 28 avril (v. CEE dans le dossier Économie).

Après cette réunion, où les onze partenaires de Bonn « se sont réjouis de l'unification allemande », la France a continué à insister pour que la frontière Oder-Neisse soit garantie par un traité entre la Pologne et la RFA. Celui-ci a pu être signé le 16 novembre. D'autre part, le retrait en deux ans des 46 000 militaires français stationnés en RFA a été annoncé lors du sommet franco-allemand de Munich qui se tenait les 17 et 18 septembre. Enfin, la constitution de la brigade franco-allemande a été achevée le 17 octobre.

La France a aussi soutenu la libéralisation en cours dans les pays de l'Est. Le 19 janvier, elle a octroyé 2 milliards de francs de crédits à la Hongrie et 5 milliards de francs à l'Union soviétique le 29 octobre. Le 18 novembre 1989, le chef de l'État français avait lancé l'idée de créer une Banque européenne pour la reconstruction et le développement. À partir du 1er avril 1991, cet organisme devrait disposer de 12 milliards de dollars pour aider les pays de l'Est, à l'exclusion de l'Albanie. L'initiative a alors abouti les 9 avril et 29 mai de cette année.

À Versailles, les fastes du Grand Siècle ont été un instant reconstitués pour recevoir dans la galerie des Glaces les représentants des 34 États qui, du 19 au 21 novembre, sont venus participer à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe qui se tenait à Paris. D'autre part, la France a montré qu'elle continuait à se soucier de l'Afrique. Lors du 16e sommet franco-africain (19-21 juin), le président de la République a annoncé de nouvelles remises de dettes, tout en prévenant qu'à l'avenir l'attribution des crédits serait liée au respect des principes démocratiques. Enfin, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la France a contribué à la mise au point du plan de paix (28 août) qui pourrait mettre fin aux hostilités au Cambodge.

Afin de soutenir ses alliés occidentaux et de se conformer aux décisions prises par l'ONU dans le cadre de la crise du Koweït, le gouvernement français a décidé d'envoyer des troupes et des avions en Arabie Saoudite, ainsi que des navires dans le Golfe ; mais, en même temps, il a dû dissiper le soupçon, entretenu par Saddam Hussein, de continuer à entretenir des rapports particuliers avec l'Irak.

Laurent Leblond

Défense

Et s'il fallait reconsidérer notre outil militaire ? Cette question, les spécialistes des questions de défense la connaissent bien. Elle traverse les débats budgétaires, épouse généralement le clivage majorité-opposition pour finir épuisée par le fameux consensus sur la défense. Pourtant, cette année, les événements internationaux lui auront donné une pertinence nouvelle. La fin de la menace à l'Est et la crise du Golfe nous obligent à regarder d'un peu plus près de quoi est faite notre politique des armées. Les choix de ces trente dernières années ont été dictés par la logique de la bipolarité Est-Ouest. Les schémas tactiques, les capacités de projection, tout, jusqu'aux matériels, était prévu pour fonctionner dans le cadre d'un affrontement en Europe.