Pour la quatrième année consécutive, cette croissance a dépassé d'environ 50 % celle de la production. Alors que les États-Unis sont restés le premier exportateur mondial de marchandises, le Japon les a remplacés comme premier importateur mondial de services. Sur l'ensemble de la décennie, l'Asie se classe en tête comme zone la plus dynamique aussi bien pour la production que pour le commerce. En revanche, c'est en Amérique du Nord que le rapport commerce-produit a le plus augmenté.

L'effritement de la part des produits de base dans les échanges mondiaux − et par là même de celle de l'Amérique latine prise dans son ensemble, de l'Afrique et du Moyen-Orient − contraste avec l'augmentation de la part des produits manufacturés et, surtout, des services.

Les problèmes du GATT

Ce tableau d'ensemble satisfaisant n'a pas compensé le report à l'année suivante des négociations engagées à la demande des Américains depuis 1986. Celles-ci devaient aboutir, en décembre 1989, à un accord général sur la libéralisation du commerce mondial. La centaine de pays parties prenantes du GATT n'ont pu s'entendre sur l'objectif qu'ils s'étaient fixé en 1986 à Punta del Este en Uruguay : dégager pour la totalité des échanges commerciaux des règles claires, admises partout, et réduisant au minimum toutes les formes de protectionnisme.

La conférence du GATT a été suspendue jusqu'en janvier 1991, car les positions des États-Unis dans le domaine de l'agriculture et celles de la Communauté économique européenne (qui s'était présentée unie) étaient trop éloignées pour pouvoir être rapprochées. Les États-Unis (appuyés par les autres grands exportateurs agricoles), en préconisant la réalisation d'un meilleur équilibre entre l'offre et la demande solvable, réclamaient un quasi-démantèlement de la politique agricole commune. Aussi ont-ils considéré comme insuffisante la concession de la Communauté, qui acceptait de réduire de 30 % ses aides et subventions à l'agriculture sur la période 1986-1996.

En attendant, l'absence d'accord agricole a gêné les pourparlers sur les autres grands chapitres : les textiles (intéressant beaucoup les pays en voie de développement), les services (où les Américains craignent de perdre des parts de marché dans des secteurs de pointe comme l'informatique, l'ingénierie, les assurances, le tourisme, etc.) et la défense de la propriété intellectuelle (lutte contre les contrefaçons en matière alimentaire, protection des brevets pharmaceutiques, des logiciels...).

Gilbert Rullière

CEE

Dans un contexte international profondément bouleversé, la situation économique de la Communauté européenne est restée globalement bonne. La diminution de sa croissance, dont le taux a atteint 3 %, au lieu de 3,25 % en 1989, a été due beaucoup plus au ralentissement de l'activité aux États-Unis qu'à la crise du Golfe et a surtout touché la Grande-Bretagne qui, avec un chiffre de 0,9 %, contre 2,3 % l'an dernier, a subi une récession. De son côté, avec un taux de 2,8 %, au lieu de 3,7 % en 1989, la France a maintenu un rythme d'activité assez élevé.

Le résultat obtenu par l'Allemagne de l'Ouest a encore surpris, puisque sa croissance a augmenté durant les neuf premiers mois de l'année, où elle a atteint le chiffre de 4,4 %, après celui de 4 % en 1989.

La locomotive de la Communauté

Ce succès s'explique par la forte progression des investissements productifs des entreprises et de la consommation des ménages au troisième trimestre. Ce dernier phénomène n'aurait pas pris une telle ampleur sans l'arrivée en RFA de nombreux émigrants de RDA, entre l'entrée en vigueur de l'union monétaire interallemande (1er juillet) et la réalisation de l'unification politique (3 octobre). Le dynamisme économique de l'Allemagne de l'Ouest, qui reste la locomotive de la CEE, a été en partie à l'origine d'une nouvelle diminution du chômage. En août, il touchait 8,4 % des actifs, contre 9,2 % un an plus tôt. Mais, pendant le même mois, le rythme annuel de l'inflation (5,9 %) a continué à croître par rapport à 1989, où il avait atteint 5 % : en raison de la flambée du prix du pétrole, c'était là son niveau le plus élevé depuis cinq ans.