Le nouveau secrétaire général du PCC, Jiang Zemin, représente, comme le maire de Tianjin, Li Ruihuan, la nouvelle génération de technocrates plus modérés sur lesquels s'appuie Deng Xiaoping pour poursuivre ses réformes économiques et contrebalancer la puissance des conservateurs. Wan Li, président de l'Assemblée nationale populaire, est une autre figure « modérée » et réformiste.

Face à ces personnalités se dressent les derniers camarades de combat de Deng, qui lui reprochent son audace réformiste. On a beaucoup parlé du Premier ministre Li Peng, fils adoptif de Zhou Enlai ; mais celui-ci, très impopulaire, est un personnage sans envergure manipulé par les anciens, dont il semble être l'héritier présomptif, et en particulier par l'économiste octogénaire Chen Yun ou par le vice-Premier ministre Yao Yilin. Parmi les autres membres du « parti des vieillards », on peut citer l'ancien président Li Xiannian, son successeur Yang Shangkun – devenu l'homme fort de l'armée, où il a placé plusieurs membres de sa famille – et le vice-président Wang Zhen, tous favorables à l'emploi de la manière forte.

Enfin, l'armée est divisée entre ses vieux chefs, qui l'ont lancée contre la population, et une nouvelle génération d'officiers, sortis des universités, attirés par la modernisation économique. Mais, même si elle l'a fait parfois sous la contrainte – des officiers auraient été fusillés pour avoir refusé de faire tirer sur la foule –, la troupe n'en a pas moins obéi aux ordres.

Patrice De Beer
Patrice De Beer est journaliste au Monde. Il vient de publier : La Chine, le réveil du dragon (Centurion, 1989).