Journal de l'année Édition 1990 1990Éd. 1990

Un mois après, l'impossible pari était tenu et, à l'issue d'une course passionnante et à rebondissements, les représentants de la région Saône-et-Loire l'emportaient sur ceux de la Côte d'Azur. À Menton, ville d'arrivée, les applaudissements des spectateurs rassemblés sur les pontons s'adressaient aussi aux organisateurs, qui les méritaient tout autant que les vainqueurs. Une fois encore, la voile française venait de prouver sa capacité à vaincre les coups de roulis.

Classement général : 1. Saône-et-Loire-Ronic (Sautieux) ; 2. Mensoft-Côte d'Azur (Brenac/Delage) ; 3. Ville-de-Genève (Wahl).

Open UAP

Vainqueur de 5 étapes sur 6 à bord de son catamaran Jet-Services V, Serge Madec s'est adjugé comme prévu la 3e édition de la Course de l'Europe, rebaptisée, par la grâce du parrainage, Open UAP. Cette course a marqué la fin des grands multicoques, dont la taille, pour les Grands Prix et les Transats, sera limitée à partir de 1990 à 60 pieds (18,28 m). Un juste retour à la raison, car ces géants de la mer, de surcroît très onéreux à la construction et en maintenance, étaient devenus trop fragiles et dangereux par la vitesse qu'ils pouvaient atteindre. Désormais, ils serviront en priorité aux tentatives de record. La traversée de l'Atlantique nord en moins d'une semaine est peut-être pour bientôt. C'est en tout cas le prochain objectif de Jet-Services V et de son capitaine Serge Madec.

Classement général : Serge Madec (Jet-Services V), en 12 j. 8 h 46′ 35″ ; 2. Jean Maurel (Elf-Aquitaine III), vainqueur de la formule 2, à 4 h 33′ 54″ ; 3. Florence Arthaud (Groupe Pierre-Ier), à 6 h 45′ 13″.

Record du tour du monde

À la barre de son trimaran rose de 23 m de long, Un certain regard, Olivier de Kersauson, parti le 28 décembre 1988 de Brest, a effectué le tour du monde en solitaire en 125 jours, 19 h, 32′ et 33″. Il a parcouru une distance de 29 150 milles nautiques à la moyenne de 9,690 nœuds, et, malgré deux escales à Mar del Plata et au Cap qui l'ont retardé, il a amélioré de 4 jours le record établi en 1987 par Philippe Monnet sur Kriter Brut de Brut. Un succès mérité pour ce navigateur breton fort en gueule et haut en couleur, très souvent malheureux lors des transatlantiques. Il lui reste maintenant à rembourser ses créanciers qui, comme la mer, ne lui feront pas de cadeaux.

Solitaire du Figaro

Après 9 tentatives infructueuses, malgré son jeune âge (27 ans), Alain Gautier a enfin remporté le Figaro. Battu de seulement 16′ en 1988 par Laurent Bourgnon, alors qu'il avait gagné trois étapes sur quatre, le Breton de Lorient a pris une belle revanche sur le sort. Il a pu ainsi entamer avec confiance sa préparation à la course autour du monde en solitaire et sans escale, qu'il disputera à partir du 26 novembre 1989, en compagnie de 12 autres aventuriers de la voile. Troisième à 1 h 5′ 19″ du premier, Laurent Cordelle avait été pénalisé d'une heure à la suite d'un refus de priorité sur Jean-Michel Carpentier au départ de Dublin. Sans cette faute, il aurait certainement présenté un plus grand danger pour son vainqueur.

Classement général : 1. Alain Gautier (Concorde), en 263 h 44′ 38″ ; 2. Halvard Mabire (Fach-Industrie-Graphique), à 27′ 36″ ; 3. Laurent Cordelle (Malengé +), à 1 h 5′ 59″.

Transat en double

Avec le concours efficace de son équipier Jack Vincent, Bruno Peyron a profité pour l'emporter des naufrages des trimarans de Jean Maurel et d'Éric Tabarly, survenus sur la route du retour vers Lorient alors qu'ils menaient la course. Cette victoire à quatre bras a récompensé un grand professionnel du large sur la brèche depuis près de 10 ans. Elle a également prouvé que l'on pouvait gagner une épreuve sans l'aide d'un routeur, celui qui, à terre, téléguide les navigateurs en fonction de la météo, au risque de fausser le jeu.

Dans la catégorie des maxi-monocoques IOR, le Suisse Pierre Fehlmann sur Merit a confirmé qu'il était bien le meilleur marin actuel sur ce genre de bateau, tandis que le Canadien Mike Birch sur Fujicolor s'imposait en classe 2, dont il était le dernier rescapé. Dur tribut livré à la mer et à l'ardeur de la compétition qui pousse les hommes à aller jusqu'aux limites de leurs puissantes machines.