Sur le plan européen, les frontières ont été ouvertes le 1er octobre à la libre commercialisation des prêts immobiliers et de l'épargne collective (SICAV, fonds communs), ce qui a obligé l'État à autoriser les SICAV de capitalisation (hors impôt).

La cour d'appel de Paris a remis en question une décision du Conseil français de la concurrence sur la rémunération par les commerçants de la carte bancaire française, la seule qui soit interbancaire et pourtant la moins chère. D'autre part, l'image des banques, affectée par l'échec du projet de facturation de l'usage de tous les moyens de paiement et la non-rémunération apparente des dépôts à vue (l'encours des SICAV de trésorerie est énorme) a nécessité une campagne de communication d'un genre inhabituel, onéreuse pour la collectivité, mais efficace...

Mais l'événement le plus important de l'année aura été la mise en place des possibilités de « titrisation », c'est-à-dire de cession, sous forme de titres négociables, d'encours de créances bancaires, comme cela existe aux États-Unis. On assiste donc cette fois réellement à l'irruption du marché au sein même de l'activité bancaire.

François de Juvigny

Bourse

Les grandes places financières terminent l'année à des niveaux proches de leurs records historiques (quelque 25 % de hausse). Et ce, malgré le 13 octobre que certains, hâtivement, ont amalgamé au krach de 1987. Or les cours actuels sont d'un tiers inférieurs et ne sont pas considérés comme excessifs.

Pour l'essentiel, 1989 a été caractérisé :
– par la confirmation d'une croissance élevée de 3,6 % dans les pays de l'OCDE. Sans elle, pas de progression des bénéfices des sociétés (ce que le marché achète par anticipation). En France, cette dernière approchera les 20 % ;
– par la persistance des pressions inflationnistes (4,4 % pour l'OCDE) avec des distorsions fortes (4,5 % aux États-Unis ; 1,7 % au Japon). Il en a résulté, depuis la fin du premier semestre, une élévation des taux dans une structure inversée où le court terme est mieux rémunéré que le long (10 % contre 9,10 % en France). Les changes en ont été perturbés.

En fin d'année, les marchés hésitent entre la satisfaction passée et l'inquiétude future. Ils doivent anticiper, c'est-à-dire choisir d'abord et vérifier ensuite, selon trois hypothèses majeures. La première est le niveau de l'activité économique en 1990. Les experts, qui se trompent moins que leurs détracteurs, tablent sur un affaiblissement de 2,9 %, sans récession. La deuxième est l'accélération ou non de l'inflation mondiale et donc la possibilité d'un retour, pas trop éloigné, à la normale, par des baisses conjointes du loyer de l'argent. Les prévisions font espérer un tassement dans la Communauté européenne (4,3 %) et, phénomène rarissime, une hausse des prix presque égale en France et en RFA. La troisième est la conséquence économique des événements de l'Europe de l'Est. Le problème, vu cyniquement par la Bourse, se résume ainsi : la liberté acquise deviendra-t-elle solvable ?

Édouard Mattei

Agriculture

En 1989, l'amélioration de la santé des grands marchés mondiaux s'est poursuivie pour les principaux produits. Les causes en ont été diverses : sécheresse en Amérique du Nord pour les céréales et les oléagineux, quotas dans la CEE pour les produits laitiers.

En ce qui concerne les céréales, la chute de la production, presque générale en 1988, avait entraîné une baisse des stocks mais, en 1989, ceux qui avaient été constitués lors des campagnes précédentes ont été suffisants pour garantir la sécurité alimentaire et pour amortir les fluctuations des cours. Les prix céréaliers ont tiré profit du déficit de l'offre, dû en grande partie à la vigueur de la demande de l'URSS et de la Chine. Par ailleurs, les résultats américains ont été décevants, à cause de la sécheresse. Pour les oléagineux, la diminution des surfaces ensemencées en Amérique du Nord et en Europe a provoqué la fermeté des cours. En dépit de bonnes productions brésilienne et argentine, les cours du soja accusent une forte hausse en raison de la sécheresse persistante qui a affecté le Middle West et les régions céréalières canadiennes.