1,7 % de la superficie de l'île est cultivé (mais 11 % sont cultivables). Les agriculteurs mélanésiens, vingt fois plus nombreux que les Européens, disposent de deux fois moins de terre : 175 000 ha contre 430 000.

Le quart méridional de l'île accueille 60 % de la population totale, mais 80 % des Blancs et 27 % des Mélanésiens. 80 % des médecins et pharmaciens y ont élu domicile. En remontant vers le nord, les densités de population s'abaissent, le pourcentage d'Européens diminue et la situation socio-économique s'aggrave : faible scolarisation et fort chômage touchent principalement les Canaques.

Le contentieux franco-canadien a connu de nouveaux développements au printemps 1988 avec la grève de la faim de deux élus de Saint-Pierre-et-Miquelon puis l'arrestation des quatre personnalités et des sept marins qui se trouvaient à bord du chalutier Croix-de-Lorraine arraisonné dans les eaux territoriales canadiennes.

La querelle porte sur deux points ; ce sont d'abord des quotas de morues que le Canada doit accorder dans sa zone économique exclusive de 200 milles aux chalutiers français venus de Saint-Pierre-et-Miquelon ou de la métropole. Paris réclame 15 000 à 20 000 t de morue, Ottawa n'a accordé aucun quota aux Français en 1988. Il s'agit ensuite d'un contentieux concernant la délimitation de zones économiques réciproques, situées au sud-est de Terre-Neuve et de Saint-Pierre-et-Miquelon ; Paris estime avoir droit à une zone économique exclusive. Une procédure de médiation a été enclenchée fin septembre mais elle sera longue...

La disparition du secrétariat d'État chargé du Pacifique-Sud ne signifie pas désintérêt de la part du gouvernement Rocard. De passage aux îles Marquises en septembre 1988, M. Louis Le Pensec, ministre des DOM-TOM, a pu juger sur place le particularisme ombrageux de ces six îlots distants de 1 500 km de Papeete et leur loyalisme indéfectible à l'égard de la métropole, une façon pour le « peuple marquisien » de se démarquer des mouvements indépendantistes qui remuent occasionnellement la capitale de Tahiti. Certains vont jusqu'à parler d'une future « Mayotte du Pacifique ».

Représentant la France à l'ouverture de la vingt-huitième conférence du Pacifique-Sud (CPS), le 8 octobre 1988, aux îles Cook, M. Thierry de Beaucé, secrétaire d'État chargé des Relations culturelles internationales, a précisé l'aide que la France accordait aux micro-États du Pacifique. Il a surtout souhaité associer les territoires français du Pacifique à cette coopération régionale et il a affirmé le rôle moteur qui reviendra à la toute récente université du Pacifique, implantée à Nouméa et à Papeete.

Au moment où le Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) franchit le cap de la 100e explosion nucléaire, le commandant Cousteau, qui ne désarme pas dans sa lutte contre la pollution des océans et qui ne manque jamais une occasion pour alerter l'opinion sur les dangers de la multiplication des expériences nucléaires, tient une conférence de presse à Paris : « Les essais nucléaires de la France en Polynésie, tant qu'ils resteront souterrains et bien contrôlés, ne présentent aucun danger pour les populations alentour, à court et à moyen terme ».

Après examen d'échantillons liquides et solides, le commandant, devenu depuis académicien français, a acquis la certitude de l'innocuité des charges qui explosent dans le basalte de l'archipel de Mururoa, à 1 200 mètres de profondeur et à 1 200 kilomètres de Tahiti. Haroun Tazieff et Brice Lalonde avaient déjà fait la même profession de foi.

La Nouvelle-Calédonie

Le statut dit « statut Pons », objet du référendum du 13 septembre 1987, limité aux populations vivant sur le territoire, avait exacerbé la combativité des tenants de l'indépendance, qui avaient prôné le boycott de cette consultation. L'idée de jumeler le premier tour de l'élection présidentielle d'avril 1988 et le scrutin visant à élire les conseillers territoriaux prévus par ce nouveau statut fut donc considérée comme une provocation ; elle suscita, en réponse, une série d'incidents dont le plus grave est connu désormais par le nom de l'île de l'archipel des Loyauté où il se déclencha : Ouvéa.