L'officielle Association des bouddhistes de Chine a révélé en 1987 les résultats des fouilles du temple de Famen, à Fufeng (Shaanxi). Ouvert en 1981, un souterrain, muré depuis longtemps, abritait des trésors de l'époque T'ang (618-807) et des ossements de Bouddha conservés dans des coffrets de matières précieuses. À côté étaient déposées des pièces d'orfèvrerie et des soieries, témoins d'un haut niveau artistique.

L'accession tardive de la Chine à l'archéologie lui vaut ces multiples et spectaculaires découvertes. En même temps, les paysans se sont activement convertis aux fouilles clandestines... C'est une activité mondiale, dont on dénonce sans cesse les méfaits, de l'Amérique au Liban, où une nécropole phénicienne de Tyr a été pillée. En Amérique centrale, la découverte de cités précolombiennes disparues demeure un fait presque banal et occupe à la fois pillards et chercheurs autorisés. Loin de là, protégé à Majorque, dans la vénérable bibliothèque d'un palais de Palma, un manuscrit du conquistador Juan de Betanzos, qui, à la fin du xvie siècle, avait décrit l'histoire et les institutions des Incas, a été découvert par une érudite.

Sur un terrain depuis longtemps défriché, les découvertes se poursuivent en Europe. Une exposition, les Trésors des princes celtes, présente les œuvres, souvent célèbres, des grandes tombes européennes de Hallstatt et de la Tène. Une nouvelle tombe, découverte trop tard pour participer à la manifestation, a été fouillée à Hières-sur-Amby, dans l'Isère, à proximité de l'ancien oppidum fortifié de Larina. Le corps du défunt était transpercé d'une flèche d'os. L'ensemble est daté du viiie siècle av. J.-C., ce qui le situe bien avant les autres tombes princières.

En Macédoine grecque, le site d'Aiani, connu seulement par les textes, a été identifié et a livré des vases mycéniens attestant les échanges entre Péloponnèse et Macédoine, révélé des tombes, parfois monumentales, du xie au iiie siècle av. J.-C.

Dans le domaine de la reconstitution, le plus bel exemple est celui de la trière (ou trirème) baptisée Olympias, construite et utilisée par une équipe britannique pour vérifier les performances affirmées par les historiens anciens. L'opération a réussi.

Inépuisable, l'Orient ancien révèle toujours de nouvelles richesses. Harvey Weiss, de l'université Yale, a rendu compte de la découverte de 1 100 tablettes cunéiformes à Tell Leilan (Syrie), qui constituent les archives diplomatiques de souverains de haute Mésopotamie inconnus auparavant. En Égypte, les sondages qui avaient permis de repérer des cavités dans la pyramide de Kheops (éd. 1987) ont été poursuivis. À l'aide d'une caméra-sonde, une équipe américaine a découvert, en octobre 1987, une grande barque funéraire, semblable à celle qui avait été exhumée en 1954.

Finissons par un épisode qui a diverti beaucoup de monde : l'affaire du Colosse de Rhodes. La gigantesque statue d'Apollon, en bronze, érigée au fond du port de Rhodes, fut renversée par un tremblement de terre dès l'Antiquité et le métal en fut récupéré. En juillet 1987, certains crurent avoir trouvé dans les eaux du port une main du Colosse. Ce n'était qu'une grosse pierre banale, dont les rainures faisaient penser à des doigts.

René Harot

Histoire

Outre le millénaire capétien, les historiens célèbrent le neuvième centenaire de la mort de Guillaume le Conquérant, les bicentenaires du décès de Vergennes et de la publication par Louis XVI de l'édit de Tolérance, le cinquantenaire de l'Exposition universelle de 1937 ; ils préparent déjà la commémoration du bicentenaire de la Révolution de 1789. Jean Tulard, Jean-François Fayard et André Fierro publient Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799 (Laffont), que prolonge le Dictionnaire Napoléon présenté également par J. Tulard (Fayard).

L'intérêt porté aux biographies ne se dément pas. Grâce aux lettres de Gerbert d'Aurillac, le pape de l'an mil (Fayard), P. Riche renouvelle celle du conseiller de l'empereur Otton III. J. Jacquart fait percevoir en Bayard (Fayard) « le signe d'un monde qui se meurt ». Entrecroisant les destins de quatre hommes d'Église, B. Guenée se situe... Entre l'Église et l'État (Gallimard), tandis que J. Bergin montre comment le pouvoir alimente la fortune et comment celle-ci fonctionne à son service (Pouvoir et Fortune de Richelieu, Laffont). L'histoire des mentalités élargit son champ de recherches avec G. Minois (Histoire de la vieillesse en Occident de l'Antiquité à la Renaissance, Fayard), avec J. Delumeau, Y. Lequin, etc. (les Malheurs des temps, Larousse), avec B. Geremek (la Potence ou la Pitié, l'Europe et les pauvres du Moyen Âge à nos jours, Gallimard), avec A. Daumard (Histoire des bourgeois et de la bourgeoisie en France depuis 1815, Aubier), avec M. Perrot, G. Vincent, etc., auteurs des deux derniers tomes de l'Histoire de la vie privée (xixe et xxe siècle) [Le Seuil]. Enfin, avec le Pain et l'Huile dans la Grèce antique (Les Belles Lettres) et le Pain au Moyen Âge (Orban), M.-Cl. Amouretti et F. Desportes ouvrent de nouveaux chantiers d'études aux confins de l'histoire des techniques et des comportements alimentaires.