D'autres problèmes sont également examinés en détail à l'Institut Pasteur, comme la structure et la fonction des membranes, les mécanismes de sécrétion de protéines. Les résultats de ces travaux éclairent bien souvent le fonctionnement des organismes supérieurs et celui des mécanismes de différenciation ou de cancérisation.

Mais, la biologie moléculaire des microbes, c'est aussi tout un arsenal de techniques nouvelles, en particulier le génie génétique, qui permet d'isoler un gène de n'importe quel organisme, de l'insérer dans une bactérie comme le colibacille. Il est alors possible d'obtenir de grandes quantités de ce gène, d'en analyser la structure presque dans le détail, de le faire s'exprimer dans les bactéries. Ces biotechnologies nouvelles sont maintenant très développées à l'Institut Pasteur. On en attend des effets spectaculaires aussi bien en médecine qu'en agriculture et même dans de nombreuses industries. Elles vont en effet permettre de fabriquer de nouveaux types de vaccins, d'utiliser de nouvelles méthodes de diagnostic. Elles transformeront la lutte contre les insectes nuisibles, amélioreront les récoltes. Il faudrait un livre entier pour décrire les travaux qui sont menés en ce domaine à l'Institut Pasteur.

L'Institut Pasteur et le Sida

« Pour la lutte contre le Sida, le plus difficile, c'est qu'aucun animal ne développe la même maladie que l'homme. En cas d'infection, seul le chimpanzé peut présenter des symptômes similaires à ceux du Sida », explique le professeur Luc Montagnier, qui, avec les docteurs Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi, a isolé le virus responsable de la maladie en janvier 1983.

Au moment où l'Institut Pasteur fêté son centième anniversaire. Luc Montagnier n'est pas pessimiste pour autant : « Il n'y a pas de raison pour que nous ne découvrions pas un jour un vaccin ! Si tout se passe bien, nous y parviendrons d'ici quatre à cinq ans. » Le professeur Montagnier reconnaît que « nous vivons une période très difficile... pour l'instant, le dépistage du virus ne permet qu'un suivi médical, sans traitement véritable. » C'est pourquoi il est hostile au dépistage et au contrôle systématique aux frontières. « En revanche, le jour où nous aurons mis au point un traitement pour les séropositifs, il faudra tester tout le monde, et pas seulement les étrangers. Les nationaux revenant de voyage devront aussi se soumettre à un examen », précise-t-il avec sérénité.

À l'Institut Pasteur même, 700 malades du Sida sont suivis par les médecins. Parmi eux, 100 sont hospitalisés. Mais les locaux sont trop étroits, et, d'ici 1990, un bâtiment spécial sera construit et consacré aux recherches sur le rétrovirus et le Sida. La vente des bijoux légués par la duchesse de Windsor a permis d'affecter 264 millions de francs à la construction de ce nouvel édifice.

Pour l'instant, les cinquante personnes travaillant sur le Sida ne disposent pas des moyens financiers adéquats. Le budget global de l'Institut Pasteur, qui s'élève à 500 millions de francs en 1987, ne suffit pas à assurer une place convenable aux nouvelles recherches. Récemment, le gouvernement français a bien débloqué 100 millions de francs, soit 16 millions de dollars, mais c'est là bien peu de chose en comparaison des 400 millions de dollars attribués aux spécialistes américains.

L'immunologie

L'immunologie vise à comprendre et à manipuler les défenses immunitaires afin de mieux lutter contre nombre de maladies. Plus on avance dans la connaissance et plus complexe apparaît ce système de défense, qu'il s'agisse de la reconnaissance de ce qui est étranger, c'est-à-dire la discrimination entre le « soi » et le « non-soi », de la « spécialisation », des types cellulaires en jeu et de leurs interactions. Le modèle choisi à l'Institut Pasteur est la souris, à cause des similitudes avec l'homme et de la possibilité de produire des lignées génétiquement homogènes.

Le département d'immunologie est installé dans l'un des bâtiments les plus grands et les plus modernes du campus. Il comprend plus de cent chercheurs permanents qui se consacrent à l'étude du système immunitaire sous ses aspects les plus variés, tant structuraux que fonctionnels et pathologiques. L'immunologie a maintenant intégré les méthodes issues de la biologie moléculaire. D'où une série d'outils et de techniques nouveaux, aussi bien pour l'étude des mécanismes fondamentaux que pour des applications médicales, comme les vaccins préparés avec des antigènes de synthèse ou les interventions directes pour moduler les réponses immunitaires.

La biologie du développement

Pour de nombreux problèmes de physiologie ou de pathologie, il importe de comprendre comment se construit un organisme aussi compliqué qu'un mammifère ; comment une cellule unique, l'œuf fécondé par un spermatozoïde, forme un organisme complet avec ses formes, ses organes, ses fonctions ; comment, à partir de cellules identiques, se différencient des lignées spécialisées : osseuses, musculaires, nerveuses, etc. Là encore, c'est la souris qui permet les études les plus poussées à cause de sa reproduction rapide et de la possibilité d'obtenir un grand nombre de mutations qui atteignent les fonctions les plus variées.