De gros problèmes existent encore au niveau de l'enseignement et de la formation des cadres nécessaires au développement d'une économie moderne. En dépit de l'accroissement de ses ressources budgétaires, l'État manque de fonds pour l'enseignement et la recherche. Selon le recensement de 1982, il y a encore 230 millions d'illettrés en Chine et seulement 6 millions de diplômés de l'université. La volonté d'étendre à 9 ans la durée de la scolarité obligatoire est freinée par la pénurie d'écoles et de professeurs. Après la coupure dramatique de la Révolution culturelle, tout est fait pour améliorer le statut, le salaire et les conditions de logement des professeurs afin d'encourager les jeunes diplômés à choisir cette carrière. Par ailleurs, une décision récente du Conseil des affaires de l'État autorise tout citoyen chinois à se rendre à l'étranger, à ses propres frais, pour y étudier ou faire des recherches. Pour résoudre les problèmes de fond et adapter la recherche aux besoins de l'économie, 505 centres de recherche ont été « privatisés » ; ils travaillent désormais sur contrats ponctuels avec les entreprises qui les rémunèrent directement.

Le neuvième point de la décision prise au troisième plénum du XIIe Comité central (octobre 1984), prévoyant d'étendre la réforme économique aux zones urbaines, soulignait la nécessité de « respecter le savoir » et de « rechercher les hommes de talent ». Le manque de qualification des cadres se fait cruellement sentir au niveau de la gestion des entreprises. Là aussi, les stages d'études à l'étranger sont encouragés. Des cadres étrangers sont également recrutés, comme l'Allemand Werner Gerich, récemment nommé directeur d'une usine de moteurs Diesel à Wuhan.

L'armée : les laissés-pour-compte du développement

La volonté chinoise de passer d'une armée pléthorique et peu qualifiée à une armée de spécialistes à haute technicité est freinée par le manque de moyens financiers. Le budget de l'armée pour 1985 ne représentait que 11,9 % du budget total de la Chine, chiffre très bas pour un pays socialiste Deng Xiaoping a repoussé à la fin du siècle l'espoir de voir l'Armée chinoise disposer de suffisamment de moyens pour se moderniser totalement. L'apparition de nouveaux uniformes le 1er mai 1985 compense mal la décision prise par Deng Xiaoping de réduire les effectifs d'un million d'hommes. Le rétablissement des cadres promis en 1984 a encore été repoussé L'objectif actuel reste le renouvellement du corps des officiers, qui devront être plus révolutionnaires, plus jeunes, plus qualifiés et plus spécialisés. L'âge de la retraite a été fixé à 50 ans pour les commandants de corps d'armée, 40 ans pour les cadres de division et 30 ans pour les officiers de régiment. Cette année, pour la première fois depuis 1949, le service militaire a été établi en Chine, afin de faciliter la sélection de jeunes qualifiés, peu attirés désormais par la carrière militaire.

Les problèmes sociaux

La politique d'ouverture sur l'étranger et les consignes d'enrichissement personnel ont entraîné le développement à une plus large échelle de phénomènes sociaux jugés négatifs, que le gouvernement chinois a bien du mal à maîtriser. La spéculation sur les produits étrangers, le marché noir de devises, la corruption des fonctionnaires, l'importation illégale de livres et cassettes vidéo pornographiques semblent être désormais pratiques courantes. Pour lutter contre cet état d'esprit, le gouvernement entend d'abord accroître l'arsenal législatif et populariser les 300 lois adoptées depuis 1979 afin de « renforcer l'idée de la contrainte du droit chez les Chinois ». Tout au long de l'année 1985, les déclarations des dirigeants chinois se sont succédé sur la nécessité de lutter contre les idées capitalistes et féodales décadentes et les tendances au libéralisme bourgeois. Dans un discours du mois d'avril 1985, Deng Xiaoping insistait sur l'importance de l'idéal et de la discipline en rappelant le mot d'ordre sur les « cinq recommandations » (civilité, politesse, hygiène publique, discipline, morale), les « quatre beautés » (de l'âme, du langage, du comportement, de l'environnement) et les « trois attachements » (à la patrie, au parti, au socialisme).

Les réticences au sein du parti

L'entreprise de rajeunissement des cadres du parti a et poursuivie en 1985, le but étant de remplacer progressivement les vétérans par des jeunes de 30 à 40 ans. Au mois de février, à l'occasion du nouvel an chinois, le président de la République, Li Xiannian, a rappelé que les tâches pour 1985 étaient de continuer la politique de réforme, l'édification des corps dirigeants et la consolidation du parti communiste. Le Comité central du parti communiste chinois a pris la décision de réorganiser toutes les équipes dirigeantes du parti et de l'administration avant le XIIIe Congrès de 1987. Les nouveaux cadres devront être choisis en fonction de leur haute conscience révolutionnaire, de leur jeunesse et « d'un certain niveau culturel et professionnel ». L'âge de la retraite désormais obligatoire a été fixé à 62 ans, et à 70 ans pour les conseillers. Au mois de juin 1985, neuf nouveaux ministres ont été nommés, âgés de 48 à 58 ans seulement et possédant tous un niveau d'instruction supérieure. Au mois de septembre, avant la réunion de la conférence nationale des représentants du parti, 131 membres vétérans du parti communiste, dont le maréchal Ye Jianying et la veuve de Zhou Enlai, Deng Yingchao, ont quitté le Comité central.