Dans le même temps, 64 membres du parti dont la moyenne d'âge ne dépasse pas 50 ans ont été nommés au Comité central et 6 nouveaux membres au bureau politique. Parmi ces derniers, on trouve les « étoiles montantes » Hu Qili, Li Peng, Tian Jiyun et Qiao Shi. Ils constituent ce que les Chinois appellent le « troisième échelon du pouvoir », chargés de préparer la relève.

Cependant, si, dans son allocution prononcée à la conférence nationale des représentants du parti, Deng Xiaoping a encore insisté sur la nécessité de rajeunir les cadres et de maintenir la continuité de la politique de réforme et d'ouverture, il a aussi rappelé l'importance de la poursuite de l'étude du marxisme-léninisme. La première phase de la campagne de rectification lancée en 1983 s'est officiellement achevée au mois de novembre 1984 avec l'expulsion du parti des linpiaoïstes, des membres coupables de crimes pendant la Révolution culturelle et des anti-réformistes. Toutefois, de nombreuses résistances à la politique de réforme et d'ouverture prônée par Deng Xiaoping sont apparues en 1985. Tout au long de l'année, les discours rassurants sur la poursuite et l'irréversibilité de la politique d'ouverture indispensable au développement du pays ont alterné avec les mises en garde de plus en plus fréquentes contre « les effets néfastes des idéologies décadentes ». Au sein du parti, les oppositions se sont multipliées entre les partisans inconditionnels de la politique de réforme entreprise par Deng Xiaoping et ceux qui voudraient la freiner. Ces derniers ont trouvé leur porte-parole en Chen Yun, le premier secrétaire de la Commission de la discipline du parti communiste. Au mois de septembre 1985, ce dernier a déclaré devant la conférence nationale des représentants du parti que l'économie socialiste devait se développer d'une manière équilibrée, que le rôle régulateur du marché ne devait être que secondaire et qu'il fallait maintenir la prépondérance de l'économie planifiée. Devant le VIe plénum de la Commission de contrôle de la discipline, Chen Yun a également mis en garde les membres du parti contre les idées et le style de vie capitalistes corrompus. Au mois de juin, il avait déclaré que les cadres devaient être conscients du fait que le but ultime des réformes restait la réalisation du communisme. Un autre vétéran, Hu Qiaomu, responsable des questions idéologiques au Bureau politique du Comité central du parti communiste, avait accusé Deng Xiaoping d'avoir établi « le système honteux des concessions étrangères » dans les zones économiques spéciales.

Même si l'influence des réformistes modérés sur l'élaboration de la politique économique est restée faible, les partisans les plus fervents de l'ouverture se sont sentis obligés cette année de multiplier les déclarations d'allégeance à l'orthodoxie idéologique. Au mois d'octobre 1984, Deng Xiaoping avait déjà cherché à rassurer « certains camarades qui craignent que le pays ne s'oriente vers le capitalisme », en affirmant que l'économie relevant de la propriété publique resterait le secteur dominant. Il fut relayé au mois d'avril 1985 par le secrétaire général du parti communiste chinois, Hu Yaobang, qui rappelait la nécessité de poursuivre la lutte contre la pollution idéologique, puis par le premier ministre Zhao Ziyang qui déclarait au mois de septembre, qu'il fallait poursuivre le développement harmonieux de la civilisation matérielle et de la civilisation spirituelle socialistes et renforcer le travail idéologique et politique tout en se gardant cependant de « retomber dans les erreurs de gauche du passé ». Il semble en effet que certains opposants à la politique de réforme économique aient été tentés d'utiliser un mécontentement latent dans certaines couches de la population laissées pour compte de la croissance économique. C'est ainsi que plusieurs manifestations étudiantes plus ou moins spontanées ont eu lieu récemment à Pékin au cours desquelles des mots d'ordre anti-japonais mais aussi anti-gouvernementaux ont été lancés.