Les dons d'ovocytes (cellules sur le point de se transformer en ovules) sont une des conséquences de la Fivete. Il ne s'agit que de la réciproque de l'IAD, mais, ici, un geste chirurgical est nécessaire pour prélever les ovocytes chez la femme donneuse. Et la réimplantation après fécondation est autrement plus délicate que l'insémination.

– Autre méthode enfin, la plus controversée, la plus contestée : les mères porteuses. Il s'agit de pratiquer chez une femme fertile une IAD avec le sperme du mari d'une femme stérile, l'enfant devant être remis dès la naissance à cette dernière. La mère porteuse, dédommagée d'une façon ou d'une autre, n'est plus censée posséder (ni désirer) de droit sur l'enfant. Des journalistes amateurs de jeux de mots ont baptisées les mères porteuses les « intérim-mères ».

À la pointe du combat, le Dr Sacha Geller, du Centre d'exploration fonctionnelle et d'études de la reproduction (CEFER), de Marseille. Il a parrainé successivement plusieurs associations, dont la dernière, Alma Mater, se destine à la gestion des problèmes pratiques, comptables notamment, posés par les « prêts d'utérus ». Il s'agit de mettre en contact un couple demandeur, une mère porteuse et un centre médical qui sera le support technique de l'opération. Le Centre d'exploration de Marseille propose une indemnisation forfaitaire de la mère porteuse : 50 000 F pour la durée de la grossesse, plus les frais annexes (le remboursement des actes médicaux étant du ressort de la Sécurité sociale...).

Les opposants sont nombreux à ce procédé. Le Conseil de l'ordre des médecins trouve dangereux ce « découpage » de la fonction maternelle. Le Comité national d'éthique réfute totalement les prêts d'utérus au nom de la morale et de la loi. En effet, l'article 351-3 du Code pénal condamne l'incitation à l'abandon d'enfant dans un esprit de lucre : c'est à cette objection que veut répondre le « forfait » d'Alma Mater. Mais le Code condamne aussi la cession d'un enfant. Une adoption suppose une décision judiciaire, et non un contrat entre des personnes. Le Comité craint aussi pour la mère porteuse, exploitée peut-être, pour les candidats parents, qui n'ont aucune garantie sur la bonne fin de l'opération, et pour l'avenir psychologique de l'enfant...

Pourtant, le ministre de la Justice, Robert Badinter, appelant à son aide l'histoire et l'anthropologie, s'est fait plus avocat que juge. Il considère que le prêt d'utérus s'apparente à une « adoption par anticipation », réservant simplement à la mère porteuse un « droit de préemption » sur l'enfant pendant un bref délai après la naissance. Que sera donc l'avenir de la procréation ? En viendra-t-on demain à abandonner, comme certains juristes le recommandent, la notion de « filiation biologique » pour la remplacer par celle de « filiation sociologique » ? Selon celle-ci, le lien de filiation relève d'abord de la volonté d'avoir un enfant, quelle que soit la méthode employée et quelle que soit l'origine des gamètes.

« Vox populi, vox Dei » ? La sagesse populaire pourrait bien s'être exprimée lors d'un sondage SOFRES – le Monde-France Inter réalisé en juin 1985. Tout d'abord, 63 % des Français (contre 28) considèrent que les « nouvelles techniques pour avoir un enfant » sont plutôt positives. Femmes et hommes se rejoignent dans cette appréciation. Et, à la question « Qui devrait fixer les règles applicables à ces nouvelles méthodes de procréation ? », la réponse désigne d'abord le médecin, cas par cas (35 %), puis des comités d'éthique comprenant des médecins, des juristes, des autorités morales (28 %). Les femmes sont plus favorables au médecin que les hommes. Le Parlement ne recueille que 9 % des suffrages et 19 % des Français considèrent qu'il n'y a pas de règle à fixer.

Attention, savoir dangereux !

L'enfant à peine conçu, se pose la question du diagnostic prénatal. Possible avant la naissance, le dépistage de diverses maladies a résolu quelques questions... pour en poser bien d'autres. En effet : savoir diagnostiquer un handicap avant la naissance, c'est pouvoir empêcher la naissance d'un enfant handicapé... Et c'est devoir choisir, éventuellement, un avortement.