Pourtant les milieux d'affaires reconnaissent de leur côté certaines incidences positives de l'extension du secteur public industriel.

La nationalisation a sauvé Pechiney ou Thomson du dépôt de bilan. Elle a officialisé l'étatisation déguisée de Sacilor et d'Usinor. Elle a permis à des hommes nouveaux d'accéder à des postes trop longtemps verrouillés par les banques d'affaires privées. Elle a enfin rendu possibles des rectifications de frontières dictées par le bon sens : accord CGE-Thomson dans les télécommunications, partage des tâches dans la chimie entre Elf-Aquitaine, Rhône-Poulenc et CDF-Chimie, etc.

Mais des améliorations de fonctionnement suffisent-elles pour justifier quelque 50 milliards d'indemnisations et un doublement de l'aide publique en trois ans ? L'extension du domaine de l'État-patron a pu avoir de bons effets comptables. Elle n'a cependant en rien modifié les positions de marché de la plupart des firmes concernées.

Cela explique sans doute le silence des plus ardents promoteurs de la nationalisation. Année des désillusions, 1984 est aussi l'année des prises de conscience sur les vraies forces et faiblesses de l'industrie française.

Jacques Barraux