L'évolution démographique de la planète. Reste le fond. On a beaucoup cité à Mexico le ralentissement de la croissance de la population du Globe, qui serait passée de 2,06 % par an dans les années 1965-70 à 1,67 % dans les années 1980-85. Le temps de doublement a ainsi augmenté de 34 à 42 ans. Mais ce résultat est largement lié au freinage chinois, qui ne doit guère à la coopération internationale... La croissance démographique des pays en développement autres que la Chine est passée, elle, de 2,52 % à... 2,37 % par an. Il n'y aurait pas de quoi pavoiser si cette quasi-constance n'était en fait le résultat d'une baisse parallèle de la natalité et de la mortalité, conforme au schéma de la transition démographique, plus sensible à des facteurs culturels qu'à des incitations publiques. Autrement dit, si vraiment on tient à réunir une Conférence mondiale sur la population, il faudrait, autant que les gouvernements, y convoquer les autres autorités spirituelles de ce temps...

Michel Louis Levy

L'année de la jeunesse

Demain, les jeunes

1985 sera l'Année internationale de la jeunesse. Ainsi en a décidé l'Organisation des Nations unies. Après l'année de la femme et celle de l'enfant, c'est donc au tour des jeunes. Sans doute parce que ceux-ci, de plus en plus nombreux (17 % de la population totale en 1985, ils seront 1,18 milliard en l'an 2000), ne cessent de nous interpeller dans une société en déclin économique et en mutation technologique. Sans doute aussi parce qu'ils ont de plus en plus de mal à trouver leur place.

Qui sont les jeunes d'aujourd'hui ?

Nés entre 1960 et 1970, les jeunes de 15 à 24 ans — selon la définition retenue par l'ONU — n'ont plus grand-chose à voir avec les contestataires de 1968. Ou, du moins, leurs motifs de revendications se sont-ils déplacés, passant de la contestation idéologique et culturelle aux préoccupations économiques et sociales. Les jeunes sont avant tout obnubilés par les difficultés d'insertion sociale et professionnelle. Ils craignent pour leur avenir.

Les études dont on dispose tracent de la jeunesse le portrait suivant. Beaucoup vivent au sein de leur famille (la proportion va de 60 % en France et au Royaume-Uni, à 80 % au Japon), à laquelle ils sont très attachés : 80 % à 95 % seraient prêts à subvenir plus tard aux besoins de leurs parents âgés, selon une étude de l'OCDE publiée en 1983. Si le dialogue approfondi entre générations n'a pas toujours lieu (15 % des adolescents en Allemagne et 32 % en France ne font part de leurs difficultés ni à leur père, ni à leur mère), les sujets de discorde ne sont pas bien sérieux. Des querelles éclatent davantage pour des questions de vie courante (habillement, coiffure, dépenses et sorties le soir) que pour des problèmes cruciaux comme l'école, le travail, la politique ou la religion. Les jeunes d'aujourd'hui sont peu engagés sur le plan politique, et, même, ils répugnent à le faire. Selon l'enquête de l'OCDE réalisée en Italie en 1977, seulement 16 % militaient activement. La moitié se contentaient de se tenir au courant de l'actualité. Un tiers déclaraient se désintéresser totalement de la politique. Les filles (42 %) et les jeunes de la classe ouvrière s'y intéressaient encore moins que les autres. Ces données sont confirmées par un sondage réalisé en France auprès d'un échantillon représentatif de 600 personnes, et paru le 24 octobre 1984 dans l'hebdomadaire la Vie : 42 % des jeunes interrogés rejettent l'engagement politique. Par contre, ils s'intéressent davantage au syndicalisme (51 %) et à la vie associative (73 %). La plupart se disent patriotes, mais peu enclins à l'esprit de sacrifice : seulement 54 % des jeunes Américains, 35 % des Australiens, 30 % des Suédois, 13 % des Suisses, 10 % des Français et 9 % des Japonais seraient prêts à sacrifier leurs intérêts personnels à ceux de leur pays. Enfin, si l'on aborde le chapitre des loisirs, les jeunes ont plutôt une attitude de consommateurs. Ils consacrent leur temps libre à se reposer, se détendre, lire, écouter de la musique, aller au cinéma, assister à des rencontres sportives, faire du jardinage, des travaux manuels ou... se promener dans les centres commerciaux.

L'avenir

Quant à leurs objectifs, ils aspirent essentiellement à une vie familiale harmonieuse et à une réussite financière et sociale. Ils attendent beaucoup de l'école, mais la jugent sévèrement. Elle devrait, estiment-ils, leur apprendre à travailler d'une manière indépendante, leur donner de l'assurance, leur enseigner la persévérance, la coopération et les renseigner sur les métiers. Très peu pensent qu'elle y parvient. Beaucoup ont l'impression « de vivre dans un monde à part, coupé de la vie active ». Car, contrairement à ce que l'on pourrait croire, les jeunes ne rejettent pas le travail, loin de là. Ils aspirent à « un travail intéressant et bien payé, qui leur permette d'augmenter leurs connaissances et de développer leurs capacités ». Mais ils ont tendance à modérer leurs ambitions en raison du chômage.